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velle-Zélande, les monts des îles Hawaï, les massifs de l’Australie. Malgré ces saillies énormes et ces creux profonds, notre globe est proportionnellement plus uni qu’une écorce d’orange ; à la vérité, il est aussi lisse qu’une boule de billard puisque ces hauteurs et ces profondeurs qui nous semblent énormes ne sont que la 1.500e partie du diamètre terrestre.

L’effet produit par l’inclinaison de l’axe terrestre a fait partager la terre en cinq zones :

1° La zone torride ou équatoriale, située de part et d’autre de l’Équateur jusqu’aux Tropiques, à 23° 27’ de latitude et qui comprend tous les points de la Terre où le Soleil passe au zénith à certains moments de l’année ;

2° Les deux zones tempérées situées entre la zone tropicale et les zones glaciales ;

3° Les deux zones glaciales tracées autour des pôles à la latitude de 66° 33’. La zone torride embrasse les 40/100e de la surface totale du globe ; les deux zones tempérées les 52/100e soit plus de la moitié de l’étendue de la planète et les deux zones glaciales les 8/100e. On conçoit que le climat, c’est-à-dire l’action combinée de la température, des vents, des pluies et du relief du sol diffère d’un point à l’autre de la terre. Dans la zone équatoriale où se trouvent les régions les moins influencées par le balancement de l’axe, la température est à peu près fixe et oscille autour de 25 degrés au-dessus de zéro pendant toute l’année. Dans les régions tempérées, zones les plus favorables à l’établissement et au développement de l’espèce humaine, la moyenne de la température est de 10 degrés pour les climats dits réguliers ou marins et de 15 degrés pour les climats appelés continentaux. Quant aux zones glaciales, régions inhospitalières où, pendant un court été de trois mois, le soleil réchauffe parcimonieusement un sol glacé, le thermomètre dépasse rarement 0 degré pour descendre, pendant les longs hivers, à 45 degrés sous 0 en moyenne !

Il convient de remarquer que les indications qui précèdent ne doivent pas être prises à la lettre : la température d’un même lieu pouvant présenter des variations excessives. Les écarts de température observés à la surface du globe peuvent être énormes. Ainsi on a noté, dans le Sahara, les températures de +51° à l’ombre et, dans le voisinage de la Mer Rouge, +56°. Le thermomètre à minima a, par contre, enregistré, à Verkhoïansk en Sibérie Orientale, en décembre 1893, une température de -71° ! Notons qu’il s’agit, ici, des températures extrêmes de l’atmosphère dans lesquelles l’homme est appelé à vivre et que les dernières ne sont jamais accompagnées de vent, car, alors, nulle créature humaine ne résisterait à ces froids intenses.

Notre Terre est vieille, bien vieille. Elle a derrière elle un passé d’une durée telle que les évaluations de la Bible, concernant l’âge de la terre, ne méritent même plus une réfutation, tant ils sont en contradiction avec les acquisitions les plus récentes de la science moderne. A l’origine, notre planète était incluse, ainsi que les autres terres du système solaire, dans la nébuleuse originelle s’étendant bien au-delà de l’espace occupé par le système solaire tout entier. Formée de matière obscure et très dispersée, mais qui se condensa progressivement, la nébuleuse s’échauffa lentement et devint peu à peu lumineuse. Des condensations diverses, des mouvements tourbillonnaires la transformèrent en une seule sphère lenticulaire et la masse entière se mit à tourner avec une vitesse prodigieuse autour d’un axe idéal unique. Conformément aux lois de la force centrifuge, cette masse prit une forme sphéroïdale telle que celle de la terre, puis la région correspondant à la zone équatoriale s’est, à des époques successives, détachée en formant une série d’anneaux comparables à ceux de la planète Saturne ; anneaux continuant leur mouvement de rotation en s’éloignant

de la masse dont ils sont issus. Chacun de ces anneaux finit par se briser et sa matière se concentra en un sphéroïde qui, tournant sur lui-même, accomplit un mouvement de translation autour de la masse centrale. Ainsi fut formée la Terre par la condensation lente d’un anneau gazeux détaché de la nébuleuse solaire. Ainsi condensée, échauffée par le choc incessant des matériaux qui la composent, la Terre brilla pendant des millénaires, soleil éblouissant dans la sombre nuit des espaces. De gazeuse, elle devint liquide, se couvrit de taches, puis une croute solide se forma qui subit des bouleversements et des cataclysmes formidables pour s’affermir enfin lentement et devenir apte à recevoir les eaux et se peupler d’êtres vivants. on divise l’histoire de la terre en quatre parties, à savoir :

1° L’âge primaire, qui se compte à partir de l’époque à laquelle la Terre est devenue habitable. A l’âge primaire, l’écorce à peine refroidie est bouleversée par la surrection d’énormes chaînes de montagnes ; de nombreux volcans s’allumèrent et une température élevée permit la croissance d’immenses forêts qui, fossilisées, sont devenues la houille que nous utilisons. A l’âge secondaire, qui lui succéda, des splendides conifères et des sauriens gigantesques firent leur apparition et atteignirent leurs pleins développements. La troisième époque, l’âge tertiaire, fut troublée par la surrection des chaînes de montagnes actuelles et un réveil intense du volcanisme. A l’âge quaternaire, la terre prit la forme qu’elle a encore actuellement et l’espèce humaine fit son apparition. Diverses estimations, toutes concordantes, fixent l’âge de notre globe à près de deux milliards d’années. L’âge primaire paraît avoir occupé, à lui seul, les 75% du temps qui s’est écoulé depuis l’instant où la Terre est devenue habitable ; l’époque secondaire les 19% suivants ; l’époque tertiaire 6% seulement et l’époque quaternaire occupe à peine 1% dans l’échelle des temps.

Notre Terre est née, elle mourra ! D’abord elle est soumise à des causes continuelles de destructions, d’usure. L’eau de pluie, l’eau solide, le vent, l’action des vents et des organismes vivants tendent constamment à détruire le relief du sol et à transformer la Terre en une immense plaine nivelée. Quoique d’autres forces : soulèvement des continents, apports alluvionnaires des fleuves, îles coralliennes, essaient de reconstruire ce que les premières font disparaître, les forces destructives l’emportent et finiront par faire disparaître le relief émergé de notre planète. Ensuite elle est condamnée à une mort inévitable, soit par l’absorption lente de ses éléments vitaux (air et eau), soit par l’extinction du Soleil. Il arrivera un jour où la Terre sera devenue un immense champ de glace qui tournera, tombe planétaire, autour d’un Soleil moribond, jusqu’au moment où le système solaire sera, tout entier, rayé du livre de la vie ! On évalue à six millions d’années le temps que doit encore durer notre globe avant de n’être plus qu’une immense tombe.

La vie de notre planète se manifeste par les plantes qui embellissent sa surface ; par les animaux qui la peuplent, par l’homme qui l’habite. La population de notre globe est évaluée à près de deux milliards d’individus, répartis sur toute la surface émergée. Parmi ceux-ci, il est des familles de peuples plus civilisées, plus cultivées que d’autres, mais toutes sont faites pour la liberté et cette liberté, hélas !, peu la comprennent et la désirent. Les barrières que les préjugés et les vues intéressées ont élevées entre les peuples et les hommes doivent disparaître et l’humanité tout entière doit, sans distinction de races, de nations et de religions, être considérée comme une immense famille de frères, comme un corps unique marchant vers le même but : le libre développement des forces morales. Elle doit coloniser la terre pour en faire un jardin d’Éden que les rêves de nos pères avaient placé au début de l’his-