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rompent jamais leur fonctionnement. Il en est très probablement de même du cerveau dont le jeu, pendant le sommeil, se manifeste par le rêve. Le docteur A. Marie écrit : « Il ne manque pas de psychologues qui considèrent que tout sommeil s’accompagne de rêves, mais que ceux qui n’en croient pas avoir sont simplement ceux qui n’en ont aucun souvenir. Et, en effet, il est remarquable que ceux qui prétendent dormir sans rêve sont parfois ceux qui parlent et agissent en dormant, comme certains somnambules qui ont une amnésie totale rappelant celles des comitiaux (épileptiques)… Le rêve serait continu pendant le sommeil, mais oublié à mesure, sans quoi il y aurait réveil (rêve retenu). »

Mais la multitude innombrable des rêves qui paraissent échapper à notre mémoire a cependant, comme tout fonctionnement physiologique, laissé des traces dans les voies d’association de notre système nerveux. Une perception réelle similaire, au réveil, ou même plus tard, en ramène le souvenir et cela d’autant mieux que l’empreinte a été plus forte, c’est-à-dire le sujet plus dramatique. D’autre part, nous ne situons un événement dans le temps qu’autant qu’il se trouve intercalé dans une série d’autres événements réels, ce qui n’est pas le cas du rêve, sauf proche du réveil. Que plus tard un incident tragique intéressant un parent ou un ami, objet constant de notre intérêt vienne à la connaissance de qui est superstitieux ou nerveux, ce dernier n’aura pas de peine à tirer de son stock de rêves non explicites, l’un d’eux qui concordera à la catastrophe et qui, libre de toute attache dans le temps, sera automatiquement rapporté à la date exigée.

Ajoutons que de nombreux physiologistes nous avertissent qu’il n’est pas de rêve qui ne soit remanié après coup. J’en ai fait moi-même l’expérience. Il s’agit d’un songe ayant l’apparence d’une prémonition. J’étais désappointé de trouver fermé un magasin auquel je devais m’approvisionner le matin − fait qui s’était produit plusieurs fois dans les semaines précédentes. Réveillé au moment même, j’écrivis en quelques mots le sujet du rêve qui, justement, se réalisa dans la matinée. J’en rédigeai alors le récit et j’eus la curiosité de comparer avec mes notes nocturnes. Rien n’était inexact, mais, du fait même de la rédaction, des nécessités de langage, tout prenait un caractère de précision, d’exactitude, qui n’était nullement dans la réalité et qui eût trompé certainement un lecteur.

Dans tous les cas, avant d’accepter la possibilité d’esprits baladeurs capables d’aller faire des reconnaissances en de lointains pays, voire dans l’avenir, il est prudent de lui opposer des hypothèses qui, reposant sur des données minutieusement contrôlées, soient encore en harmonie avec les notions que nous devons il la saine méthode expérimentale. Le miracle laïque doit nous être aussi suspect que le miracle religieux. C’est pour mieux humilier notre personnalité réelle que l’on exalte une personnalité imaginaire.

Nous pouvons conclure avec E. Meyerson : « Des thaumaturges ont prétendu et prétendent posséder une lucidité, une seconde vue, leur permettant de percevoir en dépit des obstacles du temps et de l’espace. Eh bien, il n’y a qu’à considérer l’attitude de l’historien à l’égard du miracle pour se convaincre de la différence entre son état d’esprit et celui du partisan de la recherche psychique. Car le miracle, l’historien le connaît fort bien, il est obligé de s’en occuper : les chroniques du Moyen Age, en particulier, même quand elles sont dues aux auteurs les plus sobres et les plus dignes de foi, en sont remplies. Mais l’historien, s’il ne met pas résolument de côté tout ce qui s’y rapporte, ne s’en sert tout au plus que pour caractériser l’état d’esprit du milieu, où le fait, ou du moins la croyance au fait, se sont produits ; le récit entier se transforme en document psychologique. »

C’est à titre de document sur la mentalité de notre époque que la télépathie méritait une mention. – G. Goujon.


TÉLÉPHONE n. m. du grec télé, loin et phoné, voix. C’est un appareil qui permet de transmettre la parole à distance. Le premier fut imaginé par Graham Bell, en 1876. Depuis cette époque, la téléphonie a fait d’immenses progrès, et un nombre considérable de brevets furent pris à son sujet. Cependant, de nos jours encore, c’est toujours le même principe qui est appliqué.

Ce principe est simple. Un téléphone est constitué par un aimant permanent sur lequel est bobiné un fil et dont l’armature est formée par une membrane de fer doux. Si l’on dispose de deux appareils identiques, et si l’on relie par deux fils conducteurs les enroulements réalisés autour des aimants, on obtiendra un circuit fermé électriquement. Tant que tout est au repos, le flux magnétique est constant dans chacun des électro-aimants. Mais supposons que l’on déforme le circuit magnétique d’un des appareils par exemple en déplaçant son armature, cela provoquera la naissance d’un courant induit dans le circuit ; ce courant induit passant dans l’appareil, fera varier la force d’attraction exercée par l’aimant sur la membrane qui lui sert d’armature. On conçoit que, si la membrane est constituée par un métal convenable, si elle est encastrée, si la valeur de l’entrefer est bien choisie, etc., la membrane prenne un mouvement correspondant à celui qui est imprimé à l’autre extrémité de la ligne. Si, en particulier, le mouvement imprimé à l’appareil émetteur est provoqué par des vibrations de la voix, on conçoit que la membrane de l’appareil récepteur puisse reproduire les mêmes mouvements et, par conséquent, le son qui a été produit devant la membrane de l’appareil émetteur.

Un ensemble téléphonique fonctionnant d’après ce système, serait plutôt une curiosité de laboratoire avec portée maxima de cent à deux cents mètres. Mais il résulte de ce que nous avons vu que le but à atteindre est simplement de provoquer dans le récepteur une variation de flux assez forte ; pour ce faire, on a trouvé un autre procédé. Il consiste à insérer le récepteur téléphonique dans un circuit où il est en série avec une source de courant continu et une résistance variable. Les variations de cette résistance provoqueront des variations de flux magnétique dans l’électro-aimant. En pratique, on utilise comme résistance variable un microphone : c’est un organe généralement constitué par deux électrodes entre lesquelles est enfermé du charbon en grenaille. L’une de ces électrodes peut vibrer quand on parle devant elle, ce qui entraîne des variations de pression des grains de charbon les uns sur les autres et sur 1es électrodes et, par suite, des variations de résistance. L’expérience prouve que le courant ainsi modulé par les variations de résistance du microphone, en passant dans l’électro du récepteur, imprime à la membrane des mouvements qui reproduisent les sons émis.

Si l’on analyse le courant téléphonique au moyen de l’oscillographe enregistreur, on note une courbe analogue à celle d’un enregistrement phonographique. Une étude de ces courbes montre l’existence de plusieurs harmoniques. La transmission exacte de ces harmoniques ou du moins des plus importants, permet de reproduire le timbre exact de la voix.

La portée des communications téléphoniques a été augmentée une première fois par l’emploi de transformateurs, Ensuite, la lampe à trois électrodes, étudiée sommairement au mot Télégraphie sans fil, employée comme relai, augmenta encore dans des proportions plus grande, cette portée. Et, par l’emploi de plusieurs relais, on arrive à téléphoner de Paris à Londres, de Paris à Alger.

Un perfectionnement intéressant de la téléphonie dû