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lignes sous-marines, on noie des câbles constitués par une âme conductrice en cuivre pur entourée d’un isolant en gutta-percha, d’un ruban de laiton pour la protection contre les tarets, d’une matelassure en jute et de fils de fer assurant la protection mécanique.

Télégraphie sous-marine. — La capacité et la résistance d’un câble d’une certaine longueur son représentées par des nombres considérables, de sorte que la période d’établissement et d’extinction d’un courant au poste récepteur est trop longue. Entre la France et l’Amérique, on ne pourrait guère envoyer qu’un signal toutes les 10 secondes, si l’on utilisait les procédés terrestres.

Pour éviter cet inconvénient, on n’attend pas que le courant soit établi et on n’utilise que le début de la période pendant laquelle le courant a une très faible valeur, mais qu’un galvanomètre très sensible peut déceler. On utilisait, au début, le galvanomètre à cadre mobile, et on lisait sur une règle les déplacements du spot lumineux. Lord Relvin rendit ce télégraphe imprimeur en adjoignant sur le cadre du galvanomètre un très petit siphon en verre dont la petite branche plonge dans une cuve contenant de l’encre, et dont l’autre est en contact avec un papier qui se déroule. Les déviations sont ainsi inscrites : celles d’un sens indiquent les points du code Morse, celles de l’autre les traits. Cet appareil est un siphon recorder.

On est d’ailleurs arrivé à monter des appareils Baudot en multiple aux extrémités des câbles, à l’aide de dispositifs d’amplifications appropriés. — Alexandre Laurant.


TÉLÉGRAPHIE SANS FIL La télégraphie sans fil permet l’envoi de messages sans interposition de conducteur entre le poste émetteur et le récepteur. L’expérience fondamentale de l’induction en explique la possibilité.

Un courant électrique créait autour de lui un champ magnétique, partie de l’espace où une aiguille aimantée est déviée de sa position d’équilibre. Inversement, les variations d’intensité d’un champ magnétique donnent naissance dans un circuit fermé voisin, à un courant électrique, qui est appelé courant induit. Par conséquent, en disposant un premier circuit composé de plusieurs éléments de pile réunis par un fil de cuivre sur le parcours duquel nous plaçons un interrupteur, nous créons dans l’espace environnant un champ, magnétique. En manœuvrant l’interrupteur, nous faisons varier ce champ. Plaçons un deuxième circuit composé d’un simple fil de cuivre fermé sur un galvanomètre à une certaine distance du premier. L’aiguille du galvanomètre dévie à la cadence des mouvements de l’interrupteur. Par une combinaison de signaux longs ou courts, appelés traits ou points, nous envoyons des signaux Morse qui correspondent à des lettres, chiffres, ponctuations. Une communication sans fil a été établie.

Cette façon de procéder n’offrirait que peu d’applications, car les circuits dans cette expérience doivent être rapprochés. Mais elle donne une explication élémentaire de ce phénomène en apparence mystérieux.

Un premier perfectionnement fut l’emploi des condensateurs. La décharge oscillante de ces derniers, en fournissant des courants de fréquence élevée, de dix mille à trente millions de périodes à la seconde, augmenta la portée des stations émettrices. À la réception, un écouteur téléphonique monté avec un détecteur développa la sensibilité.

Expliquons ici ce que l’on entend par détection. Les courants reçus en T. S. F. sont alternatifs, la somme de leurs effets polarisés est nulle : par conséquent ils n’impressionnent pas directement la plaque vibrante des écouteurs. Le détecteur transforme le courant alternatif qu’il reçoit en un courant ondulé, toujours de même sens. Les variations d’intensité des alternances

sont alors audibles au téléphone. À condition, bien entendu, que ces variations soient à fréquence musicale. La galène ou sulfure de plomb est le plus connu des détecteurs. Dans les réceptions sur cristal, la portion d’énergie captée par l’antenne est la seule qui fasse fonctionner les écouteurs. Ce qui explique la portée réduite de ces postes.

Vers 1913, un ingénieur américain Lee de Forest, mit au point la lampe à trois électrodes ou triode, qui fut l’une des inventions de ce siècle la plus féconde en applications. C’est avec ces lampes que la Télégraphie sans fil à grande distance, intercontinentale même, est devenue pratique.

Pour expliquer le fonctionnement de la lampe, il est plus simple d’examiner d’abord celui de la diode (deux électrodes seulement). Dans une ampoule vide d’air, un filament de matière incandescente, oxyde de thorium par exemple, est chauffé au rouge. Il laisse échapper des grains immatériels extraordinairement ténus d’électricité négative. C’est l’effet Edison. Dans le voisinage de ce filament, toujours à l’intérieur de l’ampoule, nous disposons une plaque qui sera chargée positivement par rapport au filament. Cette plaque attire les électrons, et un courant filament-plaque est établi, malgré que le circuit soit ouvert. Si la plaque est chargée d’électricité négative, aucun courant ne passe. Dans le cas d’une différence de potentiel alternative entre le filament et la plaque, le courant filament-plaque sera découpé, toujours dans le même sens. Il ne comprendra que les alternances positives. Ainsi, la diode peut servir à redresser les courants alternatifs. Remarquons, qu’en polarisant la plaque à une valeur convenable, on arrive quand même à faire passer un courant alternatif, mais sous la forme d’un courant ondulé. Il ne reste plus ensuite, par un artifice, qu’à ramener sa valeur moyenne à 0. Cet artifice pouvant être le passage à travers des condensateurs.

La lampe à trois électrodes diffère de la précédente par l’interposition entre le filament et la plaque d’une troisième électrode appelée grille. Cette grille remplit le rôle d’un robinet pour le courant filament-plaque. Chargée négativement, elle repousse les électrons ; positivement, elle favorise d’abord leur passage, ensuite, quand son potentiel augmente, elle les capte tous et il n’en vient plus sur la plaque. On peut encore comparer son rôle à celui d’un relais.

La lampe est utilisée comme détectrice, comme amplificatrice, comme oscillatrice.

Fonctionnement en détectrice. — Autour d’une certaine valeur du potentiel de grille, appelé polarisation, les alternances positives sont seules reproduites ou presque dans le courant filament-plaque. Cette dissymétrie permet, comme nous l’avons vu, la détection. Dans la réception sur lampe, l’énergie reçue dans l’antenne n’est pas celle qui fait vibrer la plaque des écouteurs ; elle est empruntée à la batterie d’accumulateurs, ou bien, avec les lampes modernes, au réseau. D’où portée plus grande des récepteurs à lampe, par rapport aux récepteurs à cristaux.

Fonctionnement en amplificatrice. — La fonction amplificatrice de la lampe résulte directement de son étude élémentaire. De petites variations de la tension grille peuvent donner, sous une différence de potentiel convenable, d’importantes variations du courant filament-plaque.

Ces notions élémentaires sur la détection et l’amplification permettent de comprendre le fonctionnement d’un poste simple à lampes.

Les courants qui prennent naissance dans l’antenne sont d’abord amplifiés dans une première lampe, la haute fréquence. La détectrice redresse ce courant alternatif pour le rendre audible. Les modulations de ce courant sont à nouveau amplifiées dans la basse fréquence. Elles viennent ensuite exciter les écouteurs.