Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 4.2.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOL
2624

avec les astronomes à tendance spiritualiste de nos jours, que la vie consciente dans l’Univers serait une exception est un anthropomorphisme aussi grossier qu’était, jadis, l’affirmation enfantine que notre Terre était le centre de l’Univers et l’homme le roi d’une création inexistante parce que la matière, avec l’énergie qui lui est inhérente, est exempte de finalité, demeure éternelle, cause et effet en même temps.

Les quatrillions d’étoiles des voies lactées formant notre archipel, où nos îles stellaires qui émergent de l’éther sont toutes, d’après les révélations spectroscopiques, d’égalité constitutive et les « terres du ciel », nous font voir dans la planète géante Jupiter ce que notre Terre était dans un passé éloigné de quelques centaines de millions d’années, à l’époque de sa formation.

Avec Mars, nous avons l’image de ce que nous serons dans une dizaine de millions d’années, lorsque les océans se dessécheront et que l’atmosphère se sera raréfiée.

Avec la Lune, enfin, sans atmosphère et sans bruits, c’est le règne du silence et de la mort.

Les torches du ciel que sont les étoiles ou les soleils, deux expressions pour dire la même chose, inscrivent en lettres de feu pour celui qui sait les lire et comprendre leur langage : La Vie, si elle n’est pas nécessairement simultanée sur les mondes d’un même système solaire, est, a été et sera la parure de toutes les planètes qui peuplent l’éternité de l’Univers stellaire. — Frédéric Stackelberg.


SOLIDARISME (biocosmique). — Il n’y a pas d’ « essence individuelle » ; tous les éléments dynamico-matériels de l’être humain sont puisés dans un fonds alimentant au même titre tous les êtres et toutes les choses, et auquel ils retournent après la dissociation des architectures éphémères, minérales, végétales, animales, où ils se sont trouvés engagés. Cette communauté de nature, d’origine et de destinée entraîne un corollaire important : chacune de ces associations d’éléments irréductibles dites à tort « individuelles », ne cesse pas un instant d’être en communication avec toutes les autres associations dynamico-matérielles, qui réagissent « ad infinitum » les unes sur les autres. La vie de chaque objet, de chaque être, est donc étroitement solidaire de la « Vie Universelle ». En outre, l’interdépendance des êtres de même espèce est absolument indiscutable, et c’est se boucher volontairement les yeux, que de se refuser à admettre les actions mutuelles des êtres humains.

Le plein développement de chacun n’est possible qu’au milieu du développement équivalent des autres. Le bonheur, l’intelligence, ne peuvent procéder de considérations égoïstes ; la sottise, l’injustice, la méchanceté, la souffrance ambiante ont leur retentissement inévitable sur chacun de nous. Et de même, solidaires aussi dans le bien, nous jouissons, directement ou indirectement, du rayonnement de beauté ou de bonté répandu dans la collectivité, même par nous-mêmes. L’homme est un foyer vers lequel comme autant de miroirs, les autres hommes réfléchissent le bien ou le mal qui en est irradié.

Impuissants donc à nous soustraire aux mille liens qui nous rattachent les uns aux autres et à la nature entière, il nous appartient de déterminer et de pratiquer consciemment les actes les plus propres à faire bénéficier notre être et les autres d’une harmonisation des activités et des modes transitoires d’existence dans le tout. C’est la diffusion de ces notions, l’étude systématique de ces actes, leur introduction progressive dans la vie humaine individuelle et collective que poursuit l’ « Association internationale biocosmique », dont il a été question déjà dans cette encyclopédie.

Fondée par Félix Monier, l’auteur des Lettres sur

la vie, secourue par des savants et des penseurs tels que les Herrera, les Zucca, les Albert Mary, l’A.I.B. s’attache à mettre en évidence — dans le dessein d’en tirer des attitudes conséquentes — la Solidarité qui unit étroitement, des infimes aux plus vastes et aux plus compliquées, toutes les portions de l’univers. Dégagée de toute religiosité, préoccupée d’observation et d’expérience, elle n’entend pas édifier un nouveau dogme et soustraire à toute révision les bases de son activité. Ses principes demeurent soumis au contrôle de telles découvertes ultérieures qui pourraient infirmer les multiples constatations déjà recueillies, lesquelles attestent qu’il existe, dans une vie générale aux caractères encore obscurs et souvent diversifiés, une parenté essentielle et des liens indestructibles entre tous les éléments du cosmos.

Une telle théorie, en même temps qu’elle situe l’homme à sa place modeste dans l’immensité animée, est de nature à faciliter l’établissement d’une organisation sociale où compte serait enfin tenu de cette interdépendance vitale, pour une balance à la fois rationnelle, scientifique et fraternelle des rapports humains. — L.


SOLIDARITÉ n. f. (du lat. solidaris, solidaire). État de plusieurs personnes obligées les unes pour les autres. — Philos. Dépendance mutuelle entre plusieurs personnes ou entre les hommes, qui fait : que les uns ne peuvent être heureux, se développer que si les autres le peuvent aussi, d’où résulte l’obligation de s’entraider.

Dr. franç. : « Quand plusieurs personnes s’obligent simultanément envers une autre, les dettes sont en principe simplement conjointes, et le créancier ne peut réclamer à chacun qu’une partie de la dette totale. Il en est autrement quand il y a solidarité. La loi reconnaît l’existence de la solidarité soit entre créanciers, ce qui permet à chaque créancier de réclamer au débiteur toute la dette, sans que celui-ci puisse jamais payer plusieurs fois la totalité (cette solidarité n’est plus d’ailleurs, aujourd’hui, usitée en pratique), soit entre débiteurs, ce qui permet au créancier de demander le tout à chacun d’eux, sans d’ailleurs toucher plus d’une fois le montant de la dette. La solidarité doit avoir été stipulée expressément ou résulter d’un texte comme l’article 55 du Code pénal entre les auteurs d’un même crime ou délit. Le payement, la dation en payement, la novation faite par un débiteur libèrent tous les autres. Il en est de même pour la remise de dette, à moins que le créancier n’ait entendu faire une remise ne profitant qu’à un seul. L’obligation solidaire une fois payée, les débiteurs procèdent entre eux à une répartition pour que chacun supporte une part proportionnelle à son intérêt dans la dette. ”

« Solidarité républicaine, association politique fondée en octobre 1848, à Paris et dans les départements, à l’instigation de Ledru-Rollin, Delescluze, Gambon, Sarrut, etc. Elle avait pour objet de résister par tous les moyens légaux aux tentatives des légitimistes et des bonapartistes pour s’emparer du gouvernement ; Administrée par un conseil général de soixante-dix membres, la Solidarité républicaine avait un comité central à Paris, des comités de département, d’arrondissement et de canton. La Cour de cassation déclara illégale cette association comme société secrète, par arrêt Du 3 décembre 1849. »

« Solidariste (synonyme de solidaire) n. Partisan de la solidarité. »

Les syndicalistes qui savent vivre en pratiquant l’entraide pour rendre plus agréable et moins fatigant le travail sont des solidaristes en action. Quand ils se soutiennent également dans la lutte contre toutes les formes de l’exploitation, ils sont solidaires, et c’est