Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 4.2.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOL
2622

tre ont été faits soldats. Ce n’est. même pas aussi simple ; le duel ainsi décrit, n’existe que par le hasard de la guerre. Les circonstances qui mettent en présence un homme contre un autre homme, sont très rares. En effet, ce serait dangereux, peut-être, si ces deux hommes n’étaient pas aussi complètement soldats que le veulent ceux qui, à l’abri, les ont envoyés l’un contre l’autre ; il se pourrait que ces deux soldats se reconnussent comme hommes, victimes tous deux d’une machination atroce et qu’ils fraternisassent, comme cela s’est vu plus souvent qu’on ne croit, malgré le soin pris pour étouffer de si mauvais exemples, susceptibles d’être contagieux. Aussi, la guerre, ce n’est pas la lutte corps à corps et c’est tout à fait rarement le duel d’homme à homme ; c’est, au contraire, la tuerie aveugle, en groupe ; c’est le massacre acharné, sauvage de brutes affolées, en furie comme des bêtes, ce sont des fous en bandes excitées, entraînées, ivres de haine et ivres d’alcool. Il faut cela, parait-il, pour être de parfaits assassins, stupides, féroces, lâches, cruels et surtout inconscients ; en un mot, pour être de bons soldats, des héros, tuant ou se faisant tuer glorieusement ainsi que le proclament les profiteurs de toutes sortes auxquelles les guerres entre nations et les guerres coloniales procurent avancement, décorations et bénéfices.

Il n’y a, pour nous, qu’une guerre admissible, c’est la guerre civile. Là, il ne faut pas des soldats, mais des hommes. C’est indispensable pour accoucher par le fer une société grosse de transformation sociale. Quant aux malheureux enfants du peuple qui, par hasard, sont soldats de force à un tel moment, ils ont l’occasion de redevenir subitement des hommes en aidant leurs frères civils à faire la Révolution.

C’est d’ailleurs ainsi que peut réussir une Révolution ; les événements sociaux nous le prouvent ; les faits historiques de toute nation et de toute époque qui se sont produits en vue d’une transformation politique et sociale ne l’ont pas été autrement, on le sait. La Bourgeoisie qui a tout à perdre veut tout conserver. Pour cela, elle est prête à tout.

Enfin, chacun selon la loi, doit, en France, servir la patrie, et, s’il est besoin, mourir pour elle. Autrefois, le soldat de métier, changeait facilement de patrie, suivant la solde qui lui était offerte. Les chefs se ménageaient de leur mieux, et en avaient pour l’argent qu’ils consacraient à former et à payer des soldats qu’ils remplaçaient par d’autres quand ils disparaissaient, changeaient de camp ou se faisaient tuer. Le chef ou seigneur en avait pour ce qu’il payait. Il en usait selon ses moyens, pour Dieu, pour la Patrie, pour le Roi !… et aussi pour lui-même.

Depuis la Révolution française, on a changé tout cela. Puis, est venu un vrai de vrai, parmi les soldats : Napoléon, le Corse aux cheveux plats. Il mit sous sa botte le peuple qui avait pris la Bastille et renversé la Monarchie. Il conduisit par le sabre des soldats en haillons auxquels il fit voir du pays et qu’il gorgea de gloire et de sang. Ce fut le soldat triomphant de l’épopée impériale auquel nous devons la funeste prospérité du Militarisme et la renommée du soldat.

Les guerres ont, depuis, pris leur large place dans le monde. C’est une vaste et bonne affaire internationale, dont les Peuples font tous les frais. Inutile d’en parler encore ici. Nous sortons d’en prendre. La guerre mondiale fut, de 1914 à 1918, une hécatombe horrible de soldats. La prochaine ne se contentera pas de soldats : elle voudra tout ce qui vit.

Si l’on peut entendre par soldat, celui qui embrasse la défense de quelqu’un ou de quelque chose : les soldats de l’idée, on peut dire que les insoumis, les déserteurs, les réfractaires au métier de soldat sont de rudes et valeureux soldats quand on songe à ce qu’ils risquent en tout temps, de souffrances physiques et morales

pour échapper à l’exécrable obligation du service militaire.

Mais que dire de l’admirable énergie des objecteurs de conscience qui refusent de se plier à tout ce qui leur est commandé par l’usage, par la loi, par ce que les intéressés appellent le devoir. Ceux là qui, consciemment, énergiquement, stoïquement, refusent de toucher une arme, sont de véritable héros. Ceux-là sont des soldats de l’Idée. (Voir Conscience, Objection, Paix).

Ces soldats de résistance au Mal, ces convaincus, ces héros, ces martyrs sont des hommes !

Ils ne veulent tuer personne : ils veulent tuer la guerre ! — Georges Yvetot.


SOLEIL n. m. Le Soleil, Phébus, la divinité des Anciens, l’Astre du jour qui fait mûrir le blé, la vigne, les fruits, le dispensateur de la Vie et du Bonheur sur les mondes qu’il éclaire et réchauffe de ses rayons est, non pas la boule de feu qu’il semble être, mais un globe qui n’est ni solide, ni liquide ni gazeux dans le sens que nous attribuons généralement à ces mots, car les gaz qui le composent sont condensés dans une condition de physique absolument inconnue par nous, leurs poids n’étant, en moyenne, à volume égal, que 4 fois moins lourd que les substances terrestres et la pesanteur à sa surface solaire 27 fois 1/2 plus forte qu’à la surface de notre planète.

Le bolomètre nous a permis de mesurer la température qui règne à la surface de l’astre du jour. Elle est de 6.000 degrés et celle au centre du globe de 40 millions de degrés.

Il en est également ainsi des autres soleils de l’espace. On estime leur température centrale à 40 millions de degrés. A la surface, la température des étoiles blanches-bleuâtres comme Sirius et Véga, est de 12.000, des jaunes, type Capella, Arcturus, notre Soleil, 6.000 degrés et les rouges 3.000 degrés.

Le Soleil tourne de l’Ouest à l’Est, autour de son axe, en 25 jours 4 heures, en entraînant avec lui, à raison d’une vitesse de 20 kilomètres par seconde tout notre système planétaire, sept cents fois plus léger que lui, vers Véga dans la direction de l’amas stellaire, qui est situé dans la constellation d’Hercule. Selon toutes les probabilités, notre Soleil, ainsi que la plupart des étoiles de première grandeur, ses voisines, graviteraient dans des périodes de plusieurs millions d’années autour de cet amas stellaire.

Les proportions du Soleil sont colossales. Son diamètre est environ 109 fois aussi long que le diamètre équatorial de la Terre, qui mesure 12.742 kilomètres. La superficie de l’astre du jour est 12.000 fois plus grande, son volume près de 1.300.000 plus gros et son poids 324.439 fois plus lourd que ceux de notre planète. Le poids de notre Terre étant de 5 septillions 875 sextillions de kilogrammes, celui du Soleil est conséquemment de 1 nonillion 900 octillions de kilogrammes, ce qui s’écrit par trente-un chiffres.

Comme proportion, notre Terre est à la planète Jupiter ce que cette dernière est au Soleil.

Pour faciliter le calcul et l’orientation de nos lecteurs à travers les astres, nous nous permettrons de leur donner l’indication suivante :

Le rapport de la circonférence au diamètre est = 3.145.

La surface de la sphère est égale à son diamètre multiplié par la circonférence d’un grand cercle.

Le volume total de la sphère s’obtient en multipliant la surface par le tiers du rayon.

Les surfaces des sphères sont entre elles comme les carrés de leurs rayons.

Leurs volumes sont entre eux comme les cubes de ce même rayon.

Surface de la Terre : 510.082.700 kilomètres carré.

Volume de la Terre : 1.083.250.000.000 kilomètres cubes.