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PAT
1996

Cotisation annuelle. — Elle est fixée à 10 francs. Beaucoup d’écoliers se sont déjà acquittés, au début de l’année, de ce modeste tribut. Avis aux retardataires !

Tableau d’honneur. — Ont amené des nouveaux au patronage dans le courant d’octobre : Jean Bardon, Paul Chevrot, Maurice Dizin, Daniel Rigal, Maurice Michaut, Henri Carbonero, André Lavaud, Guy Maulian, Robert Dupré, René Saignelonge.

Petit catéchisme : de 6 ans 1/2 à 8 ans : chaque jeudi, de 9 h 45 à 10 h. 30 au patronage.

Chaque jeudi, de 9 h 45 à 10 h 30 au patronage.

Messe obligatoire au patronage le jeudi et le dimanche à 8 heures moins 10. — 1re année : Répétitions au patronage, 7, rue Blomet, le mercredi à 16 h. 30 et le jeudi à 10 heures. Récitation à la paroisse, 68, rue Falguière, le jeudi à 8 h. 20.

Messe obligatoire au patronage, 7, rue Blomet, le dimanche à 8 h. moins 10. — 2e année : Répétitions au patronage, 7, rue Blomet, le lundi à 16 h. 30 et le jeudi à 8 h. 30. Récitation à la paroisse, 68, rue Falguière, le mardi à 16 h. 20 et le jeudi à 9 h. 45. Messe obligatoire au patronage, 7, rue Blomet, le jeudi et le dimanche à 8 h. moins 10.

Catéchisme de persévérance. — Réunion au patronage le jeudi, à 14 h. 45. Messe obligatoire au patronage le jeudi et le dimanche à 8 h. moins 10.

M. l’abbé Massiot, chargé des catéchismes, recevra les parents les lundi et mercredi de 16 heures à 18 heures…

Après cela, on se rend compte des résultats à espérer d’une telle semence. — G. Yvetot.


PATRONAT n. m. Pour connaître l’origine et l’évolution du patronat dans le monde occidental, il faut remonter à la famille patriarcale. En principe : « Une famille était un groupe de personnes auxquelles la religion permettait d’invoquer le même foyer et d’offrir le repas funèbre aux mêmes ancêtres. » (Fustel de Coulanges). À Rome : « La famille a pour objet essentiel la perpétuité du culte héréditaire. Dans la pensée des Anciens, l’homme, seul apte à transmettre la vie, est aussi seul apte à transmettre le culte. La famille se compose donc exclusivement des personnes ayant reçu du même ancêtre, de mâle en mâle, le même sang et le même culte. Ce sont les agnats… La famille est gouvernée par le père, le pater familias, maître absolu des gens et des biens… » (G. Bloch)

La famille est une unité économique pourvoyant à ses propres besoins, elle est aussi une unité politique. Elle prend alors la forme de gens. « Nous sommes conduits à reconnaître dans la gens la famille, non pas la famille se démembrant incessamment à la mort de son chef, mais la famille maintenant son unité de génération en génération. » (G. Bloch). Communauté de sang réelle ou fictive ? « C’est un fait connu que, dans les plus vieilles civilisations, les liens sociaux sont toujours censés être des liens de parenté, de consanguinité. » (G. B.)

Cependant la famille s’annexe des éléments hétérogènes. La guerre de tribu (groupe de familles) à tribu, de cité à cité, procure des esclaves répartis entre les gentes. Il fallait, au cours d’une cérémonie devant le foyer, introduire le nouvel arrivant dans la famille. Celui-ci « étranger la veille, serait désormais un membre de la famille et en aurait la religion », cependant, sans pouvoir en accomplir les rites. « Mais, par cela même que le serviteur acquérait le culte et le droit de prier, il perdait sa liberté. La religion était une chaîne qui le retenait. Il était attaché à la famille pour toute sa vie et même pour le temps qui suivait la mort. »

Dans ces temps reculés, il était difficile à l’homme de vivre isolé au milieu de groupes organisés. Ceux que les vicissitudes de l’existence avaient réduits à l’isolement sans les faire tomber dans l’esclavage cherchaient

à se joindre à une famille organisée. Ils étaient admis à la suite de formalités analogues à celles que nous avons mentionnées pour les esclaves ; comme ceux-ci, ils devaient travailler pour la communauté sans avoir rien en propre. Avec les descendants d’esclaves affranchis, ils forment au sein de chaque famille ce que « l’on appelle des clients, d’un vieux mot qui signifie obéir ». Pour tous ces éléments annexés à la famille, le chef n’est pas un père, c’est un patron. Le client doit à la gens qui l’a accueilli, c’est-à-dire au patron qui la représente, toute sa force de travail, tout le produit de son labeur. En revanche, il a sa subsistance assurée et la protection. Il est membre de la communauté par l’adoption. « De là un lien étroit et une réciprocité de devoirs entre le patron et le client. Ecoutez la vieille loi romaine : « Si le patron a fait tort à son client, qu’il soit maudit, sacer esto, qu’il meure. » Considérés au point de vue économique, à l’aurore de la civilisation occidentale, esclaves, affranchis, clients, avaient une situation sensiblement équivalente : absence complète de liberté, obligation du travail, garantie de l’existence.

Avec le progrès de la civilisation, l’extension de la cité, la formation des empires, la famille patriarcale, groupement relativement secondaire, ne tarde pas à se désagréger. Les membres de la famille consanguine, tout en conservant des liens de solidarité, vivent d’une vie indépendante. Les clients, volontaires ou agrégés sous la contrainte de la misère, se transforment en parasites vivant, dans l’oisiveté, des aumônes du riche, l’appuyant de leurs suffrages aux jours d’élection. Les descendants d’affranchis sont dégagés de tous liens avec le patron à la troisième génération. Avec la masse flottante des émigrés, introduits grâce à la multiplication des relations commerciales, ils fournissent le contingent des artisans et travailleurs libres. Que vaut cette liberté pour le plus grand nombre, pour ceux qui exercent un métier manuel n’exigeant pas de talent particulier ?

Les guerres de conquête font affluer entre les mains du vainqueur une multitude d’esclaves. « On cite telle campagne militaire à la suite de laquelle 150.000 êtres humains tombèrent en servitude. De plus, une véritable traite sévissait dans la Méditerranée orientale… Le grand marché des esclaves était l’île de Délos, où, certains jours, d’après Strabon, plus de 10.000 malheureux étaient mis à l’encan. » (Toutain.)

Ces esclaves achetés comme marchandise, en grand nombre chez les riches propriétaires, n’étaient plus comme jadis incorporés à la famille. Les moins spécialisés cultivaient le domaine du patron ; les autres étaient loués comme ouvriers à des entrepreneurs ; ils percevaient des vivres ou touchaient un salaire minime. Il y avait ainsi des ateliers et des chantiers d’esclaves en Grèce, au Ve siècle av. J.-C. « Le père de Sophocle possédait un atelier d’esclaves forgerons ; le père de Cléon, un atelier d’esclaves tanneurs, le père d’Isocrate, un atelier d’esclaves luthiers ; les fabriques d’armes de Lysias et du père de Démosthène occupaient une maind’œuvre servile. » À Rome : « Malgré les frais que pouvaient entraîner la nourriture et l’entretien des esclaves, la main-d’œuvre servile se recommandait par son bon marché. Elle ne fit pas disparaître complètement le travail libre ; il y eut encore, aux derniers siècles de la République, des journaliers agricoles et des fermiers à part des fruits ; mais sur la plupart des domaines de quelque étendue, l’exploitation du sol était confiée à des esclaves. » (Toutain).

Quel était le sort du travailleur libre concurrencé par la main-d’œuvre servile et souvent commandé par un contremaître ou régisseur esclave ? La vie des ouvriers libres est très dure. « Les salaires baissent ; les chômages sont fréquents. Les querelles entre ouvriers et patrons se multiplient. Les uns font grève ; les autres essaient, sous des prétextes plus ou moins spécieux, de