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risson ; pendant le deuxième trimestre, à 1/7 ; pendant le troisième trimestre, à 1/8… »

Encore une fois, ces chiffres sont des moyennes donnant un plan général ; et, pour chaque nourrisson, il y a lieu d’adapter la ration à son poids, aux modalités de croissance et à l’état du tube digestif.

Nous ne parlons pas ici des premiers jours de la vie, où la mise au sein et l’établissement progressif des premières tétées sont parfois fort délicats, sujets à de nombreuses variations individuelles dont l’accoucheur doit prendre lui-même la direction et la responsabilité.

Cette quantité totale de lait quotidien doit être répartie en un certain nombre de tétées. Ici, un guide assez logique s’offre encore à nous : la capacité de l’estomac (qui est, à la naissance, de 30 à 50 cm3 ; à un mois, de 60 à 70 cm3 ; à trois mois, 100 cm3 ; à cinq mois, 150 à 200 cm3 ; à un an, 250 cm3 environ) et la durée de la digestion gastrique, qui varie de 1 h 30 à 2 heures.

D’où la règle suivante de répartition des tétées : De 0 à 3 mois : 8 tétées espacées de 2 h 30 (6 heures de repos la nuit) ; de 3 à 6 mois : 7 tétées espacées de 3 heures (6 heures de repos la nuit) ; de 6 à 9 mois : 6 tétées espacées de 3 heures (9 heures de repos la nuit) (Dr Jeudon).

« Dans aucun cas ne nourrir la nuit. L’enfant et la mère doivent dormir toute la nuit en paix. Mais, dans la journée, l’enfant doit téter à ses heures ; il faut le prendre, même s’il dort, et l’éveiller pour que toutes les fonctions se fassent régulièrement. » (Dr King.) Il faut tenir le bébé dans une position convenable pendant la tétée ; en général, on a le tort de le coucher contre le sein, ce qui est trop souvent la cause de déformation du menton et de troubles du nez et des oreilles ; il est préférable de le mettre presque debout.

Après chaque tétée, il faut mettre le bébé sur son pot pour régulariser ses fonctions et le faire devenir propre.

Il faut que l’enfant soit changé souvent pour éviter les irritations et les excoriations. Il faut se défier surtout de la gastro-entérite, qui, comme nous l’avons indiqué au début, est la cause la plus fréquente de la mort des jeunes enfants : si vous voyez une teinte verte apparaître sur les couches, si les déjections sont vert épinard, fréquentes et liquides, n’hésitez pas à recourir à la diète hydrique, supprimez-lui le lait pendant douze heures ou plus, en le remplaçant par des petits biberons d’eau bouillie ou d’eau de riz, et appelez le médecin.

Traitez la constipation comme une maladie : donnez d’abord des lavements de décoction de guimauve et modifiez l’alimentation (les mères nourrices devront prendre plus de légumes, manger moins de viande, éviter le chocolat, les mets épicés, les boissons excitantes : vin, café, etc.) ; pour les enfants élevés au biberon, on coupera les biberons d’eau de Vals ou de décoctions d’orge.

Dès le 6e mois, donnez un bâton de guimauve aux enfants pour exercer leurs mâchoires, et quelques aliments croquants dès qu’ils ont des dents. La mastication est un exercice indispensable. La nourriture molle cause la perte des dents et des végétations adénoïdes. Évitez les bonbons et les farines chocolatées.

4e Besoin : mouvement et repos. Le nouveau-né a surtout besoin de repos ; il doit dormir les 9/10 de son temps ; à 6 mois, les 2/3 du temps. Lorsque le bébé dort mal, cela provient, le plus souvent, d’une mauvaise alimentation, parfois aussi de vêtements trop lourds ou d’un air vicié. Si l’enfant crie et dort mal sans qu’on puisse en déterminer la cause, il est prudent d’appeler le médecin.

Au début, les petits ne remuent que par réaction : si on les touche, s’ils sont malades. Au bout de quelques mois, les mouvements deviennent plus fréquents et volontaires. Il importe qu’ils soient vêtus convenablement, de façon à avoir la liberté de leurs mouvements. Il faut fournir à l’enfant la possibilité et les occasions

de se mouvoir, en écartant tous les dangers qui pourraient en résulter : ne rien laisser à sa portée qui puisse le blesser ; pas d’objets sales qu’il puisse sucer – il ne faut pas lui laisser prendre la mauvaise habitude de sucer son pouce– ; pas d’objets qu’il puisse avaler ; ne pas essayer de le faire marcher trop tôt : un enfant normal doit marcher entre un an et dix-huit mois.

5e Besoin : chaleur. Les vêtements. Le froid est l’ennemi du bébé. Il est bon que la température de l’air qu’il doit respirer ne soit pas au-dessous de 15° et ne soit guère au-dessus de 20°. L’air humide aussi est dangereux : n’étendez pas et ne faites pas sécher de linge dans la chambre où il dort. Abritez votre bébé du vent, de l’humidité, du soleil. Préférez la laine fine et chaude au coton peu chaud et lourd. Évitez les amas de vêtements qui gênent les mouvements et ne sont ni légers ni poreux. Supprimez la bande ombilicale, dès que la cicatrice est bien fermée. Employez des couches peu épaisses qui ne déforment pas les jambes. Ne gênez pas la respiration. Tenez chauds le ventre et les pieds de l’enfant ; au besoin, pour cela, employez des bouillottes d’eau chaude. Sous prétexte d’endurcir les enfants, évitez de leur laisser les bras et le cou nus en hiver. Si vous les transportez à bras, par mauvais temps, un grand châle est indispensable.

6e Besoin : des habitudes régulières. N’oubliez pas que l’enfant doit manger, dormir et évacuer à des heures absolument régulières.

Quelques conseils. Dans les pages qui précèdent, nous avons essayé de dire l’essentiel. Nous conseillons aux parents de s’éclairer plus encore par la lecture de quelque ouvrage spécial.

Il existe des œuvres sociales auxquelles les parents peuvent faire appel : maternités, consultations de nourrissons, etc… Malheureusement, ces œuvres, inexistantes à la campagne, sont insuffisantes dans les villes. Informez-vous, cependant, à ce sujet.

Des lois sociales, insuffisantes aussi, peuvent, cependant, apporter quelque aide aux parents pauvres ou ayant une nombreuse famille. Renseignez-vous sur les droits que vous accordent les lois bourgeoises. Et surtout, aimez bien les tout petits : ce n’est pas toujours suffisant – ne l’oubliez pas – pour écarter d’eux la maladie, la mort et la misère, mais c’est cependant l’essentiel.

Sachez enfin vouloir, pour l’avenir, une société meilleure qui aura davantage le souci de l’enfance. — E. Delaunay.


PUNIR (droit de). Sur l’origine historique du droit de punir, les idées communément admises au XIXe siècle sont rejetées par beaucoup à l’heure actuelle. Le droit pénal, disait-on, ne fut d’abord que le droit de vengeance, droit privé, héritage de toute une famille, qui valait non seulement contre la personne de l’offenseur, mais contre celle de ses enfants, de ses petits-enfants, de tous ses proches. A la vengeance privée aurait succédé, tantôt le wergeld ou rachat par l’argent, réglé d’après la coutume ou la loi, comme en Germanie, tantôt le principe de l’expiation religieuse, comme chez la plupart des orientaux. Suivant un grand nombre d’auteurs contemporains, la peine serait, au contraire, d’origine sociale ; elle caractériserait la contrainte de la collectivité par rapport à l’individu, et n’aurait rien à voir avec la vengeance privée. A l’origine, déclarent-ils, alors que la notion de responsabilité personnelle n’existe pas encore, c’est le dommage subi que l’on prend en considération. Les fautes ne sont pas appréciées comme des défaillances morales, elles ne provoquent aucune idée de répulsion contre le coupable ; on les estime seulement par rapport à la perte qu’éprouve le clan. Aussi le wergeld est-il proportionnel à l’importance sociale de la victime et à celle