pour 2 pour cent. En Suisse, de 1896 à 1904, on a constaté une augmentation du nombre des décès en parallèle avec la diminution de l’allaitement au sein. En France, alors que la mortalité moyenne est de 20 pour cent, elle n’est que de 7, 6 pour cent chez les riches. À Bruxelles, sur 306 décès par gastro-entérite, 295 se constatent dans la classe pauvre, 10 dans la classe aisée, 1 dans la classe riche. »
Nous empruntons cette étude des causes de décès à une conférence déjà ancienne du docteur Henrotin. Depuis, les pourcentages ont quelque peu diminué ; mais les causes restent les mêmes, et ce sont surtout les enfants des prolétaires qui meurent par ignorance des parents — qui reculent devant les frais médicaux —, misère et défaut d’hygiène générale.
c) Défaut d’hygiène générale. Résumons-les rapidement : maladies dues à l’hérédité (syphilis, alcoolisme, etc.) ; locaux mal éclairés, mal chauffés ; défaut de propreté ; mauvaise alimentation, etc.
« Avant tout, écrit le Dr Pinard, il faut remarquer une chose : le tout petit, le nouveau-né humain est, au moment de la naissance, le plus mal partagé des animaux. Au sortir de l’œuf, le petit poulet a du duvet, il a un vêtement, on n’a pas besoin de l’habiller. De plus, il peut, il sait marcher et courir de suite, il sait même prendre et choisir sa nourriture tout seul. Le petit canard qui doit vivre sur l’eau sait nager et même plonger.
Le petit être humain, le petit bébé, n’a aucun vêtement, il est tout nu ; il ne peut ni ne sait marcher. La seule chose qu’il sache faire, c’est téter, c’est-à-dire prendre sa nourriture ; mais il ne sait pas choisir entre ce qui est bon et ce qui est dangereux. Il faut donc tout connaître de ce qui lui est nécessaire, il faut tout savoir pour lui. »
Mais, comme l’écrit Mme Bélime-Laugier, l’inspiration ne suffit pas pour indiquer à la maman ce qu’elle doit faire. Pour n’en citer qu’un exemple, les cas de diarrhée ne deviennent si souvent mortels que parce que des mamans, ayant peur de faire mourir leur enfant de faim, ne se résolvent pas ou se résolvent trop tard à le mettre à la diète.
Après avoir prouvé par des chiffres et des arguments d’origine bourgeoise que le taux élevé de la mortalité infantile est dû à notre mauvaise organisation sociale, au capitalisme pour tout dire, et montré la nécessité, pour les mamans, d’apprendre leur métier de mère, il nous resterait à leur donner des leçons de puériculture ; mais ce serait trop long et nous devons nous borner à quelques conseils que nous engageons nos lecteurs à compléter par la lecture de quelque ouvrage spécial.
Il faut suivre et satisfaire les besoins de l’enfant.
1er Besoin : oxygène (air pur). Il faut que la chambre du bébé soit bien aérée : fenêtres grandes ouvertes, le plus possible, ou tout au moins vasistas ouverts ; au besoin, par temps froids, protéger le bébé avec un paravent en lui mettant des moufles et un bonnet et en fixant sa couverture de façon à ce qu’il ne puisse se découvrir. Il faut que l’air circule librement autour du berceau : pas de garniture en cretonne, ni de capote. S’il faut que l’air frais circule autour de la tête, il faut aussi éviter de le placer dans un courant d’air froid, assis par terre entre la porte et la cheminée, par exemple.
2e Besoin : propreté. Pendant les premiers mois, bains chauds, de 36 à 38 degrés (eau chaude à la main). Se placer dans un coin chaud, habiller et déshabiller rapidement ; laver sans savon ; éviter d’introduire de l’eau dans les oreilles ; sécher avec soin, en particulier dans les plis de la peau, avec des serviettes chaudes ; si ce séchage est bien fait, on peut se dispenser de poudrer l’enfant (talc, poudre de riz non parfumée, etc…).
Si les enfants sont bien portants et forts, on peut employer des bains froids dès deux ans.
Veiller aussi à la propreté des seins, des biberons et de leurs tétines que l’on nettoie avec les doigts et une pincée de sel.
3e Besoin : alimentation et évacuation. Il est, dit le docteur Jeudon, indispensable, pour établir et contrôler l’alimentation du nourrisson, de suivre très régulièrement l’évolution de son poids à l’aide d’un pèse-bébé ou d’une simple balance. On peut dire qu’en moyenne, en France, un enfant à terme qui pèse moins de 2, 5 kg ou plus de 4, 3 kg est anormal et mérite une enquête médicale.
Pendant les trois ou quatre premiers jours de sa vie, l’enfant diminue de poids ; ensuite, il doit augmenter régulièrement, atteindre son poids primitif vers le 10e jour ; ensuite, jusqu’à 4 mois, il augmente en moyenne de 25 grammes par jour ; de 4 à 8 mois, de 16 à 17 grammes par jour ; de 8 à 24 mois, de 8 grammes environ par jour. Ces chiffres sont des moyennes qui varient suivant les individus, mais tout enfant dont l’accroissement de poids paraît insuffisant doit être surveillé, et il est bon de consulter le médecin.
« Chez le nourrisson, dépourvu de dents, dont la salive est peu abondante et peu active, dont l’estomac n’acquiert son développement complet que vers le 13e mois, alors que son intestin a, dès les premiers mois, une structure assez complète, dont la sécrétion pancréatique est insignifiante, alors que la sécrétion biliaire est riche, il est évident que l’alimentation doit être liquide et dépourvue de toute substance amylacée qu’il serait incapable de digérer. C’est pourquoi le choix des aliments est très limité ; un seul, en réalité, est physiologiquement indiqué : le lait… De toutes les formes sous lesquelles on peut présenter le lait, la meilleure est de beaucoup le lait maternel… » (Dr Jeudon.) Le lait de femme présente avec les autres laits — avec le lait de vache, par exemple — des différences notables, qui font précisément sa supériorité, et dont les principales sont sa richesse plus grande en sucre (lactose) et sa teneur relativement faible en matières albuminoïdes et extractives (reste azoté) et en sels. « C’est ce qui explique sa parfaite adaptation au pouvoir digestif si fragile et encore incomplet du petit de l’homme, au cours des premiers mois de sa vie. » (Dr Jeudon.)
Si nous tirons les conséquences de ce qui précède, nous voyons : 1o que le lait maternel — lorsque la lactation est riche et assez abondante — doit être préféré ; 2o qu’au cas où l’on emploie du lait de vache, « il faudra le couper d’eau et l’additionner de sucre avant de le livrer au nourrisson, au cours des premiers mois, pour le rapprocher, dans la mesure du possible, de la composition du lait de femme. Les coupages habituellement admis consistent dans le mélange de deux parties de lait et d’une partie d’eau sucrée à 10 %, et ceci jusqu’à l’âge de quatre mois. Ensuite, on augmentera progressivement la proportion de lait pour le donner pur et sucré, à partir de l’âge de six mois. » (Dr Jeudon).
Malheureusement, le lait de vache que l’on vend en France est souvent sale, très sale, et, pour cette raison, de nombreux médecins recommandent les laits condensés sucrés ou, mieux encore, le lait sec.
« Le lait sec, ou lait en poudre, est le résidu sec du lait privé de son eau… On l’emploie au cours des deux premiers mois dans la proportion d’une partie de poudre de lait pour huit parties d’eau, en augmentant le taux de la dilution avec l’âge. Il donne de bons résultats dans les diarrhées cholériformes. » (Dr Jeudon.) Ce lait est le plus employé dans le cas d’intolérance au lait de vache.
En tenant compte du besoin de calories de l’enfant et de la composition du lait maternel, « on a adopté, en général, la règle suivante qui consiste à donner une quantité quotidienne de lait correspondant, pendant le premier trimestre de la vie, au 1/6 du poids du nour-