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paléolithique supérieur débute avec l’aurignacien (industrie d’Aurignac, Haute-Garonne), se continue par le solutréen (industrie de Solutré, Saône-et-Loire}, et s’achève par le Magdalénien (industrie de la Madeleine, Dordogne).

Chacune de ces époques a été d’une durée plus ou moins longue et a eu une ère d’extension plus ou moins considérable. On peut faire remonter le chelléen à 125.000 ans environ avant notre ère, mais il est certain que l’apparition de l’homme date d’au moins 500.000 ans (certains préhistoriens disent même d’un million d’années). Ces dates sont approximatives : en préhistoire, 100.000 ans de plus ou de moins, c’est peu de chose.

Le glozélien, industrie de Glozel, près de Vichy, (Allier), de 5.000 à 10.000 ans environ avant notre ère, constitue le magdalénien terminal ou néolithique.

Les principales industries mésolithiques sont l’azilien (Mas d’Azil, Ariège), le tardenoisien (La Fère-enTardenois, Aisne), et le campignien (Campigny, Seine-Inférieure). Le néolithique prend le nom de Robenhausien (Robenhausen, Suisse). Entre le chelléen et l’acheuléen on a intercalé récemment le clactonien (industrie de Clacton-en-Sea, Angleterre), et, entre l’acheuléen et le moustérien, le levalloisien (industrie de Levallois, Seine), et le micoquien (La Micoque, Les Eyzies, Dordogne). Ajoutons que les hommes auxquels nous devons les industries du paléolithique étaient dolichocéphales (du grec dolikhos, long, et kephalé, tête), et les autres, brachycéphales (du grec brakhus, court, et kephalé, tête) et mésaticéphales (de mesos, milieu), mélange des deux races.

On a nié l’existence de l’homme à l’époque tertiaire pour la raison qu’on n’a point trouvé d’ossements humains à cette époque, et que les outils de silex découverts dans les terrains tertiaires pourraient bien n’avoir été que des « jeux de la nature ». Ce qui est absurde, car l’humanité n’a pu en un seul jour découvrir le feu, inventer le langage et tailler le silex (on admet tout de même que le silex d’Ipswich (Angleterre) décèle un travail intentionnel). Ils sont sans doute l’œuvre d’un pithécanthrope.

On doit à l’homme qui vécut pendant l’époque chelléenne, et dont l’existence est attestée par la mâchoire trouvée à Mauer, village de Rhénanie, par le crâne de Piltdown (Angleterre), les restes de la Denise et la calotte crânienne, plus trois molaires et le fémur gauche du pithécanthrope de Trinil (Java), l’instrument dénommé « coup de poing » par G. de Mortillet, instrument amygdaloïde (en forme d’amande), à bords peu tranchants, et à talon épais, permettant qu’on le tienne bien en mains. Cet instrument serait à plusieurs fins : percuteurs, racloirs, grattoirs, perçoirs suffisaient grandement aux besoins de l’homme chelléen. Avec l’acheuléen (mâchoire de Weimar), le coup de poing s’affine ; il est plus mince et plus allongé ; taillé plus soigneusement sur les deux faces. Avec l’industrie moustérienne (l’homme de Néanderthal et de Spy), le coup de poing se raréfie et devient de petite dimension. Pointes, couteaux, racloirs, scies, bolas, complètent l’outillage. Avec l’aurignacien (race de Grimaldi), le coup de poing a disparu. De nouveaux instruments apparaissent, pics, rabots, grattoirs, palette de schiste pour la peinture, burins pour la gravure. Le travail de l’os en est à ses débuts (aiguilles sans chas, épingles, hameçons, etc). Avec le Solutréen (race de Cro-Magnon), l’industrie lithique atteint son apogée : les solutréens furent d’admirables ciseleurs de pierre (pointes à feuille de laurier, pointes à cran, véritables bijoux). L’industrie de l’os s’enrichit des aiguilles à chas. Avec le magdalénien (race de Chancelade), c’est l’apogée de l’industrie de l’os : le harpon simple ou à barbelure domine. Propulseurs, sagaies, hameçons, bâtons de commandement, poignards, etc. sont les instruments les plus fréquents. L’industrie de la pierre est en régression, et cependant

il y a toute une industrie microlithique nécessitée par les arts plastiques, qui ont atteint à cette époque leur plus grand développement.

Au magdalénien terminal correspond le glozélien (néolithique I). Le glozélien est comme un pont jeté entre l’âge de la pierre taillée et l’âge de la pierre polie. Il est situé à la fois sur le versant paléolithique et sur le versant néolithique. Les autochtones de Glozel, descendant des magdaléniens, nous ont prouvé, par leurs industries et leurs arts, qu’entre les deux âges de la pierre n’existait point d’hiatus, comme l’avaient prétendu jusque-là les préhistoriens officiels. D’après ces préhistoriens, la renne aurait fui vers le Nord à la fin de l’époque magdalénienne et l’art aurait complètement disparu. Erreur que les découvertes qui ont été faites dans le cimetière néolithique par le Docteur Morlet ont réduite à néant. Glozel peut être appelé l’âge de l’argile : cette matière, en effet, a été utilisée par les tribus glozéliennes pour graver sur des tablettes des signes alphabétiformes et fabriquer des figurines phalliques. À cette époque, la sculpture et la gravure produisent des chefs-d’œuvre, dignes de ceux des cavernes périgourdines.

L’azilien, qui inaugure les industries mésolithiques, dérive également du magdalénien. L’outillage lithique est minuscule. Cette époque a laissé des galets coloriés sur lesquels figuraient des signes (on ne croit pas qu’ils soient alphabétiformes). L’azilien a sans doute commencé après et fini avant le glozélien qui a inauguré le polissage de la pierre (les troglodytes de la Madeleine l’avaient seulement appliqué à l’os et à l’ivoire).

Autre industrie de transition : le tardenoisien, qui comprend des outils affectant des formes géométriques. Le campignien constitue la dernière des industries mésolithiques. Cette industrie comprend des pics, des tranchets en silex et des objets en os et en bois de cerf. Avec le néolithique, la pierre polie se substitue à la pierre taillée. On rencontre, à côté de l’ancien outillage lithique, de nombreuses haches polies.

Nous avons à peine effleuré les industries des deux âges de la pierre. Le néolithique inaugurait une ère nouvelle. On trouve alors toutes sortes d’instruments. L’art du blé, l’art du tissu, l’art de la navigation, et malheureusement aussi l’art de la guerre se développent d’une façon surprenante. L’habitation se transforme : à côté de l’architecture dolménique (constructions à demi-enfoncées dans le sol) s’édifient des cités lacustres (palafittes). L’âge des métaux qui, selon nous, appartient à l’histoire, comprend l’industrie du cuivre, suivie de celle du bronze, à laquelle succéda celle du fer (ces époques ont été elles-mêmes subdivisées). Notons qu’avec les néolithiques les races brachycéphales (têtes rondes) prennent de plus en plus le dessus.

Parallèlement aux industries avaient évolué l’art, la morale, et ce qu’on peut appeler la religion des hommes préhistoriques. En même temps que le climat (humide et chaud pendant l’époque chelléenne, froid pendant l’époque moustérienne, plus froid encore pendant l’époque magdalénienne, pour devenir tempéré pendant le néolithique, comme il l’est de nos jours), la faune s’était modifiée : le mastodonte, l’éléphant méridional, le rhinocéros, l’hippopotame préchelléens et chelléens avaient été remplacés à l’époque acheuléenne par le mammouth à narines cloisonnées, et les premiers rennes avaient pris possession du moustérien. On a pu grouper sous le nom d’âge du renne les civilisations du paléolithique supérieur, cet animal étant alors le plus répandu (il y avait aussi des cerfs, bouquetins, antilopes saïgas, etc.). Les animaux des époques suivantes sont les animaux actuels.

L’alimentation s’était modifiée. Frugivore pendant le chelléen l’homme était devenu carnivore avec le moustérien. Il avait abandonné sa demeure aérienne