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avait d’abord pris l’apparence de corpuscules gélatineux ou protoplasma. Dans cet immense laboratoire qu’était la nature, s’ébauchait un monde nouveau, dont elle n’avait pas conscience.

Au fond des mers tièdes, à des profondeurs insoupçonnées, les premiers êtres vivants, moitié plantes, moitié bêtes, en grande partie minéraux, soumis aux mêmes lois physico-chimiques, solidaires les uns des autres, inauguraient cette longue histoire qui devait aboutir à l’homme.

Tels furent les premiers habitants du globe. Ces êtres étaient muets et sans sexe. Ils se reproduisaient par fractionnement ou fissiparité. Autant de morceaux, autant d’individus différents.

L’ère primaire, d’une durée immense, comprend plusieurs terrains, auxquels on a donné les noms des localités où ils ont été étudiés, mais qui se rencontrent aussi en d’autres contrées. C’est ainsi que les géologues ont distingué le précambrien, dans lequel on trouve des traces de restes organiques, précédant, comme son nom l’indique, le cambrien ou silurien inférieur (silurien vient de Silures, anciens habitants du Pays de Galles). On trouve dans le silurien des crustacés aux formes bizarres, tels que les trilobites. Dans le dévonien (comté de Devon, Angleterre), on trouve comme fossiles des spirifers (sortes de brachiopodes) et des poissons cuirassés. Dans le terrain suivant (houiller ou carbonifère), apparaissent les insectes et les plantes cryptogames. Le Permien (de Perm, Russie), qui vient ensuite, contient des batraciens et les premiers reptiles.

Il y avait, à cette époque, des animaux intermédiaires entre les reptiles et les batraciens. C’étaient d’énormes crapauds appelés labyrinthodontes, recouverts de plaques osseuses, dont on a retrouvé les traces sur les rivages qu’ils ont parcourus.

Parmi le monde végétal dominaient les lycopodes, les prèles, les fougères, les uns et les autres de taille géante. Lépidodendrons, sigillaires, calamites, se développaient sous un climat chaud et humide, analogue à celui des tropiques. Il n’y avait à cette époque ni été ni hiver, mais une température uniforme.

L’ère primaire fut très mouvementée. Il y eut d’importantes éruptions volcaniques. Les plissements de l’écorce terrestre formèrent trois grandes chaînes de montagnes (huronienne, calédonienne et hercynienne, aujourd’hui disparues. Il y avait alors trois continents (le continent nord atlantique, le continent sino-sibérien et la terre de Gondwana (comprenant le Brésil, l’Afrique et l’Australie).

Pendant l’ère secondaire, la vie progresse et continue. L’atmosphère se nettoie, les espèces animales et végétales se multiplient La terre entre dans son adolescence…

Le monde animal, sorti des eaux, avait pris possession du globe. La vie avait fat un nouveau pas en avant, et allait s’enrichir, sans cesse.

L’ère secondaire comprend le triasique (trois formations distinctes), dans lequel on rencontre des encrines, des cérulites, et aussi des labyrinthodontes ; le jurassique, inférieur, moyen et supérieur, qui renferme des ammonites, des bélemnites, des reptiles nageurs et volants, et les premiers oiseaux ; le crétacé (craie), pendant lequel les ammonites se déroulent, les oiseaux à dents se multiplient, et les reptiles terrestres ou dinosauriens (du grec deinos, terrible, et sauros, lézard), sont les trois de la création.

Ces derniers étaient les bêtes les plus étranges que la nature ait enfantées. Ils tenaient de tous les animaux à la fois. C’étaient de véritables monstres, de dimensions colossales, de 15 à 60 mètres de long, herbivores ou carnivores, marchant les uns à quatre pattes, les autres sur leurs pattes de derrière comme des bipèdes. Ils se distinguaient par un corps énorme, surmonté d’une petite tète. Ils incarnaient la force et la stupidité.

Parmi les représentants de cette faune géante, bornons-nous à citer l’atlantosaure, le gigantosaure, le brontosaure, le mégalosaure, le stégosaure, le cératosaure, l’allosaure, l’apatosaure, le titanosaure, l’hadrosaure, le mosasaure et cent autres, sans oublier le diplodocus, le zanglodon, le triceratops, l’agathomas, l’iguanodon, le trachodon, le brontozoum, le dimétrodon, auquel il convient d’ajouter cœlurus, lœlaps, thespesius, cheirotheriums et compsognathes. Ces êtres paradoxaux étaient dignes de leurs émules, les reptiles nageurs (ichtyosaures, plésiosaures, téléosaures, mosasaures, hyléosaures, etc.) ou des reptiles volants, tels que le ptérodactyle qui partageaient le royaume des airs avec l’archéoptéryx, le premier oiseau (ce dernier était de petite taille).

L’ère secondaire vit apparaître, vers sa fin, des animaux de la taille d’un rat, le corps couvert de poils et allaitant leurs petits au moyen de mamelles : c’étaient les mammifères, qui allaient remplacer, pendant l’ère tertiaire, les grands sauriens de l’âge précédent.

La flore était représentée par des cycadées, des conifères et des palmiers auxquels étaient venus se joindre de rares hêtres et des chênes.

La température, qui avait été chaude dès le début, s’abaissa vers la fin. Les saisons firent alors leur apparition, comme en témoignent les cercles concentriques dans le bois, et la présence d’arbres à feuilles caduques. Cette ère fut relativement calme. Aucune montagne ne se forma et il n’y eut point d’éruptions volcaniques.

Comme les ères précédentes, l’ère tertiaire a été divisée par les géologues en plusieurs périodes, caractérisées par la nature des différents terrains contenant des fossiles. En commençant par les plus anciens, nous trouvons d’abord l’éocène (de eos, aurore, et kainos, récent), l’oligocène (de oligos, peu récent), le miocène (de méion, moins récent), et le pliocène (plelon, plus récent).

Avec l’ère tertiaire, nous nous rapprochons des temps actuels. Le développement pris par les mammifères parmi les vertébrés a transformé l’aspect de la planète.

L’ère tertiaire marque une nouvelle étape dans l’évolution de la vie. Les invertébrés sont représentés par les nummulites, semblables à des pièces de monnaie, et les cérithes, sortes de gastéropodes en forme de cônes. Parmi les vertébrés, ce sont les mammifères qui l’emportent : leur règne commence. Depuis la fin de l’ère secondaire, ils ont fait du chemin ; ils sont devenus les rois de la création. Depuis longtemps les grands reptiles secondaires sont ensevelis dans la boue des marécages, leur organisme ayant atteint un degré de perfectionnement qui ne pouvait être dépassé.

Au tertiaire moyen, apparut un pré-éléphant, le mastodonte, possédant quatre incisives, presque droites, et des molaires énormes, faisant l’office de broyeurs. Au tertiaire supérieur, les précurseurs de l’homme, et l’homme lui-même connurent l’éléphas méridionalis, de 4 mètres 22 de hauteur, de 5 mètres 36 de longueur, et le dinothérium, qui avait deux défenses inférieures recourbées vers le bas, et qui était le plus grand des mammifères terrestres : il avait 6 mètres 50 de long et 5 mètres de haut.

On a trouvé dans les terrains tertiaires les précurseurs du cheval, parmi lesquels le phénacodus, de la taille d’un loup, possesseur de cinq doigts.

Les ruminants comprenaient l’antilope, le bœuf, le mouton, le chevreuil, la girafe et le chameau.

Le xiphodon, aux dents en forme d’épée, se rapprochait de la gazelle. D’autres mammifères à sabots possédaient un nombre pair de doigts, l’anthracotherium, rappelant le sanglier, l’anaplotherium, de la grosseur d’un âne, dont a trouvé le squelette dans le gypse de Montmartre.

Les carnassiers et les singes apparurent vers la fin du