cept de la vérité intuitive, antérieure à toute expérience.
D’ailleurs, l’objection, irréfutable que l’on peut opposer à la conception Kantienne, c’est que, si nos idées correspondent à la réalité, il y a un rapport quelconque entre cette réalité et nous ; soit le parallélisme miraculeux de Leibniz (harmonie pré-établie ; soit que nos idées conditionnent la réalité (thèse de la folie et thèse folle ; soit enfin que la réalité détermine nos idées. Ce que l’expérience démontre aisément, détruisant ainsi le concept de la raison pure.
On rétorquera : « Mais comment concevoir une réalité objective, puisque tout est pensée et subjectif ? Comment distinguer le subjectif de l’objectif, le moi du non moi, puisque nous ne pensons qu’avec des représentations qui sont toutes en nous et que nous ne pouvons être dans les choses extérieures a nous, sortir de notre sensibilité, sans cesser d’être nous-même ? »
Remarquons que, intuitivement, chacun de nous sait ce qui est, lui et ce qui n’est pas lui. Spontanément tout être sensé différencie clairement le moi du non moi. Tout raisonnement, cherchant à établir démonstrativement cette distinction nous apparaît infiniment plus obscur que cette intuition précise.
C’est, donc qu’il y a une différence organique entre les représentations emmagasinées par la mémoire et celles fournies présentement par les sens. Les premières se présentent à notre conscience (sous forme de souvenirs), sans participation motrice de notre organisme, tandis que les deuxièmes nécessitent un accommodement musculaire de nos organes sensitifs. L’écart, si faible soit-il, entre ces deux états, suffit amplement a les différencier subjectivement l’un de l’autre.
La discrimination originelle du moi et du non moi naît avec la vie, avec le mouvement, créateur de l’espace et de la durée. Il est probable que, primitivement, l’être ne distingue point ses sensations cœnesthésiques des sensations venues du dehors ; mais avec les mouvements, les déplacements, les efforts musculaires et l’adaptation des gestes à la conservation vitale, la notion de distance et d’espace se crée, contribuant lentement a former cette intuition si précise et si sûre, pour l’homme adulte. Ainsi, c’est l’effort musculaire qui crée l’espace et différencie le moi du non moi par la formation des deux représentations liées à des états organiques différents. Cet effort lui fait connaître des choses nouvelles, différentes de celles qu’il possédait antérieurement, qu’il ne peut extraire de lui-même, et qui, par conséquent, ne viennent point de lui.
Le présent est un contact perpétuel du moi avec le non moi. C’est le point de séparation du subjectif et de l’objectif. C’est le heurt, la rencontre des deux états de l’être conscient qui différencie ainsi le souvenir de la réalité.
À cette acquisition, infaillible pour l’être vivant, s’ajoute le spectacle des choses qui ne se confondent point entre elles et se différencient perpétuellement sous ses yeux. C’est ainsi que, par déduction logique, il peut, du spectacle des êtres distincts les uns des autres, conclure a l’existence des choses également distinctes de soi.
Nous comprenons maintenant pourquoi la notion d’objet est si précise, intuitivement, à notre conscience et pourquoi elle se présente spontanément à nous avant tout essai de démonstration logique. C’est qu’un raisonnement est le résultat d’un effort cérébral utilisant des mécanismes compliqués qu’il faut lier ensemble plus ou moins péniblement, tandis que la séparation du moi et du non moi, effectuée depuis notre naissance, par notre effort conquérant, et adaptatif, se présente immédiatement à notre conscience par le seul effet du contact de notre sensibilité avec la réalité présente. En un mot, nous ne pouvons penser le présent qu’en séparant nettement, et organiquement, le moi du non moi.
Cette étude analytique de la formation, sensorielle de nos pensées, nous montre l’inutilité des subtilités psychologiques embrouillant la question des réalités objectives et subjectives : est réalité objective toute sensation présente ; est réalité subjective toute sensation passée. L’homme ne vit pas dans le passé, mais dans le présent et tous les souvenirs passés ne peuvent devenir conscients qu’en redevenant du présent, autrement dit l’homme ne pense qu’au présent. La raison qui fait qu’un souvenir passé ne peut, présentement, se confondre avec la réalité vient, nous l’avons vu, de ce que, lors de la formation du souvenir, l’état d’adaptation de l’organisme a la réalité objective, créatrice de ce souvenir, était différent de ce qu’il est dans notre état de reviviscence actuel. Nous n’avons jamais deux états adaptatifs organiques, créateurs de présent, identiques, car toujours les moments présents se différencient les uns des autres par une modification du milieu.
Si ces moments étaient identiques nous n’aurions aucune notion du temps et probablement aucune conscience de notre existence.
Cette explication nous fait comprendre la supériorité de la méthode objective sur la méthode subjective. Celle-ci dans ses efforts pour définir rationnellement l’objectif, en ignorant les sensations, source première de toutes pensées, s’enferme dans des formules verbales variant au gré de l’imagination des philosophes sans parvenir à expliquer pourquoi l’homme distingue si nettement l’objectif du subjectif, tandis que la méthode objective y parvient aisément.
Cette méthode appliquée dans tous les domaines de l’activité humaine est l’unique moyen de connaître la réalité, car elle se base sur l’expérience, donc sur les faits, c’est-à-dire dans le temps présent, seul aspect véritable de la réalité.
L’objectivisme est, donc une manière de penser et d’agir, se référant toujours à des observations et des faits expérimentaux et non à des concepts établis soit sur de prétendues révélations divines, soit sur des préceptes moraux transcendants, arbitraires et malfaisants ; soit encore sur la mystérieuse et incompréhensible intuition des philosophes, variable d’un homme à l’autre ; le tout créateur de discordes et d’une infinité de maux.
Les faits s’imposant indiscutablement à tous les humains, il est évident que la seule harmonie possible entre eux, et la seule morale leur convenant, ne sera réalisée que par le rejet des inventions subjectives et l’adoption des connaissances biologiques particulières à l’espèce humaine, favorisant son évolution et sa durée. — Ixigrec.
OBSCÉNITÉ n. f. Il paraît que, de l’autre côté de l’Atlantique, on défend aux femmes, dans certains États, de porter des jupes qui mesurent moins d’une certaine longueur, des corsages dont le décolleté dépasse une certaine échancrure ; il ne faut montrer des mollets qu’un certain nombre de pouces en longueur et de la gorge un certain nombre de pouces en surface, sous peine de contravention et de poursuites judiciaires. Il y a aussi des prescriptions, je crois, concernant les costumes de bains trop collants. Ce n’est pas que, chez les descendants des émigrants de la Mayflower, que la vague de pudeur fait rage ; elle a déferlé encore tout récemment sur le sol de l’ancienne Attique. Si, en France et en Belgique, il nous importe peu qu’on ait tonné du haut des chaires contre l’immoralité du costume féminin, certaines poursuites légales ou extra-légales contre des écrivains ou des artistes méritent de retenir notre attention. Au pays des Boccace, des Arétin, le gouvernement est parti en guerre contre les ouvrages prétendus immoraux. Il semble qu’après une période de « relâchement », on se trouve en présence d’un effort concerté contre ce que les feuilles bourgeoi-