désarmé, couvert de chaînes. Tuer un agresseur qui en veut à votre vie, chacun le peut, pris individuellement, s’il ne dispose d’un autre moyen de défense ; c’est la force repoussée par la force. Les tribunaux, eux, ne frappent que des ennemis désarmés ; ils ne s’opposent pas à l’accomplissement d’un mal imminent, comme l’individu en état de légitime défense ; ils punissent un mal irréparable. Preuve qu’ils veulent faire œuvre d’intimidation seulement, et qu’ils s’appuient, non sur le droit de légitime défense, mais sur la doctrine de l’intérêt que nous avons critiqué plus haut.
Dira-t-on que la société, disposant d’une existence réelle, distincte de celle des individus qui la composent, exerce le droit de conservation départi à toute personne morale ? D’abord la peine de mort resterait parfaitement injustifiée, la collectivité pouvant toujours maîtriser son agresseur sans l’assassiner et sans concevoir de crainte pour sa propre vie. Il s’agirait uniquement d’une question de force ; et c’est une mince victoire pour un être collectif de parvenir à écraser des individus isolés. Prêter une existence personnelle à la société, comme le font Izoulet et de nombreux disciples de Durkheim, c’est de plus oublier qu’elle n’existe que grâce aux individus ; c’est confondre le réel avec l’abstraction. Ajoutons qu’il est profondément injuste de réclamer à quelqu’un plus qu’on ne lui prêta ; la société impuissante à donner la vie n’a droit de la réclamer à quiconque, en aucun cas. Ainsi se trouve condamnée radicalement la peine de mort, sans que nous ayons même eu besoin de rappeler les innombrables erreurs judiciaires – argument si puissant déjà, à lui seul – dont se rendent coupables les tribunaux. – L. Barbedette.
MORTALITÉ. (Voir population, et aussi les mots longévité, malthusianisme, naissance, natalité, prophylaxie, etc.).
MORTIFICATION (Voir macération, jeûne, etc.).
MOSAÏSME (Voir israélite, judaïsme, judéo-christianisme, etc.).
MOT (Voir idée, intelligence, grammaire, pensée, etc.).
MOUVEMENT n. m. (rad. mouvoir, du latin movere). Dans l’étude scientifique des mouvements, il est aujourd’hui indispensable de distinguer, au moins pour la commodité des recherches, ceux qui répondent aux faits visibles et s’avèrent d’une lenteur relative et ceux dont les vitesses très grandes concernent des phénomènes placés en-deçà de l’expérience sensible ordinaire. Notre mécanique classique étudie les premiers, ceux qui rentrent ou à peu près dans l’échelle de nos observations quotidiennes, qui répondent à nos perceptions coutumières ou ne s’en éloignent pas trop. Mais elle n’est vraie que dans une certaine limite et, de l’univers, ne saisit que la surface, l’enveloppe, directement accessible à des sens d’une portée restreinte.
Du mouvement absolu il ne saurait être question ; une pareille idée s’avère contradictoire puisque tout mouvement est inséparable d’un système de comparaison et que sa notion implique celle de repère. Fonction de l’espace, que l’on se représente sous la forme d’une trajectoire indéfiniment prolongée et géométriquement analysable, le mouvement est aussi fonction du temps, car les points de cette trajectoire n’apparaissent pas coexistants mais successifs. Aussi, la vitesse dépend t-elle du rapport entre la portion d’espace parcouru et le temps que le mobile a mis pour le parcourir. Unité de longueur et unité de temps doivent être déterminées au préalable, pour que la cinématique opère la mesure du mouvement. Et, si le choix de l’unité de longueur, le mètre présentement, ne soulève
Les mouvements que la cinématique mesure, la dynamique s’efforce de les expliquer. Idées de masse et de force prennent alors une importance de premier ordre ; elles commandent toutes les déductions de la mécanique rationnelle. C’est à la différence résultant de leur masse que des corps de même volume, placés dans des conditions identiques, doivent de se mouvoir diversement. Nous admettons qu’à chaque point matériel l’on peut faire correspondre un nombre, caractéristique de sa résistance au mouvement ; et la masse d’un corps sera, en conséquence, la somme des masses de tous ses points. On voit qu’une telle notion présente un aspect étrangement conventionnel et qu’Henri Poincaré n’avait pas tort de définir la masse, « un coefficient qu’il est commode d’introduire dans les calculs ».
Par ailleurs les corps ne pouvant, d’eux-mêmes, passer du repos au mouvement ou du mouvement au repos, ni modifier soit leur direction soit leur vitesse, c’est par la force que ces effets sont expliqués. Conçue sur le modèle d’une volonté capricieuse et spontanée par les peuples primitifs et les enfants, elle n’est pour le savant actuel, éclairé par des siècles d’efforts, que le substitut, l’équivalent des effets qu’elle produit dans l’espace et le temps. Si, au principe de l’inertie de la matière, nous joignons celui de l’égalité de l’action et de la réaction, énoncé par Newton ainsi que celui de