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locutions ou mots composés ‒ Maison se définit : un édifice construit en vue de l’habitation. Le bâtiment d’habitation peut ainsi comprendre plusieurs corps de logis, abriter plusieurs familles et maison se trouve avoir, sur ce point, un sens plus étendu que logement.

On a vu (architecture) que, pour l’Europe, les habitations les plus représentatives de l’art antique avaient été les demeures, de lignes tour à tour sobres ou luxueusement délicates, mais toujours d’une ampleur majestueuse, des grands de la Grèce et de Rome. Chaque civilisation eut ainsi ses types accusés dont le style général et la conformation extérieure d’une part, la distribution et l’aménagement d’autre part, accompagnaient à la fois le climat et les ressources naturelles, les mœurs et l’organisation publique et domestique. Comme les habitations de l’Inde ou de la Chine, de la Perse ou de l’Égypte, ou les constructions dispersées de la civilisation arabe, les maisons occidentales ou du proche Orient ont toujours reflété les préoccupations des maîtres opulents et non celles de la multitude dépouillée, celles de la classe riche ou aisée et non celles des parias. Question de prestige et de prédominance, de culture et de moyens, de loisir et d’exigences, d’importance et de degré d’élévation des fonctions ou des rapports publics et de la vie privée. Là, palais des rois, des princes et des chefs, demeures somptueuses à péristyle, à vestibules et à étages, avec plafonds ornés d’arabesques, lambris sculptés, mosaïques, et métaux ciselés. Ici, maisons patriciennes, avec atrium (pièce de réception), œcus, tablinum… et chambres d’esclaves. Mais partout ‒ creusées dans le roc, ou soutenues par des quartiers de bois, des entassements de brique crue, avec, pour pavé, la terre battue ‒ les rudimentaires abris de la plèbe, le nid grossier du prolétaire, bête à labeur…

Les siècles ont maintenu l’écart, sinon quant aux matériaux, du moins quant à la puissance architecturale et au fini décoratif, à la cohésion durable et au confort interne. À côté des lourds castels aux pierres séculaires, imposant et vaste, solide et élégant sera encore, avec ses pans de bois et ses encorbellements (bientôt sa maçonnerie) l’habitat des corporations marchandes, des bourgeois du xi au xvie siècle, si on le compare au frêle abri, plus refuge que maison, où le vilain se blottit aux heures du repos. Depuis un siècle, les maisons se sont davantage diversifiées. L’aisance, sinon la fortune, s’est étendue à des fractions sociales jusque-là déshéritées. Les progrès de la locomotion, de l’industrie et de l’art de bâtir ont élargi les possibilités. Non seulement les grandes villes, mais les modestes cités et jusqu’aux bourgades rurales connaissent les maisons aux structures raffinées, mêlant les styles et les époques, cherchant l’éclat ou la commodité. Mais, s’il faut pénétrer dans les campagnes (où les habitations fixent encore le particularisme des anciennes provinces), pour retrouver la maison basse et le chaume du paysan, grosses agglomérations citadines comme humbles villages offrent toujours le contraste d’un noyau minime de belles et accueillantes maisons, par rapport aux masures ou aux casernes de l’ouvrier, au taudis du malheureux. Le pauvre a pris place, çà et là (bon pour « jouir » des derniers vestiges, des formes périmées) dans les maisons déclassées qu’ont laissées les riches après usure. Les bâtisses que le temps n’a pu jeter bas, mais lézardées, délabrées, véritables conglomérats d’insalubrités, reçoivent aujourd’hui les prolifiques familles du peuple. À lui, après la hutte de branchage ou la niche du troglodyte, après la cabane ou la chaumine enfumée, les logements resserrés des maisons de rebut, plus perfidement meurtrières…



Maison désigne aussi le ménage lui-même, les meu-

bles : une maison bien tenue ; les gens y habitant (on dit aussi la maisonnée) ; la race, la descendance d’une famille : la maison des Guise, des Bourbon ; un séjour, une retraite : « L’homme est un mystère pour lui-même ; sa propre demeure est une maison où il n’entre jamais et dont il n’étudie que les dehors » (E. Souvestre). Dans maison de jeu, de santé, de retraite d’aliénés, de commerce, d’éducation, de tolérance (de prostitution) le deuxième nom indique la destination des maisons dont il est question. Maison d’arrêt : où l’on détient les prévenus ; de correction (voir ce mot) : où l’on enferme la jeunesse dite « coupable » sous prétexte de la « moraliser ». Maison commune : la mairie : Gens de maison : domestiques, etc.

Maisons meublées (ou garnies) : celles dont les logeurs offrent au public les pièces garnies de meubles et payables à la journée, à la semaine ou au mois. Fortement tarifées, dépourvues de commodités, privées de vie intime, les chambres meublées ‒ les meublés, comme on dit couramment ‒ sont souvent le logement de l’ouvrier trop pauvre pour « se mettre dans ses meubles » ou que le chômage ou la maladie, les revers ont contraint d’abandonner au Mont de Piété son mobilier et parfois ses hardes.

Maisons mortuaires. Ces établissements dont nous avons souligné l’utilité manifeste à propos des inhumations (voir ce mot) ont pour but de prévenir les enterrements prématurés. Inaugurés en Bavière, à la fin du xviiie siècle, ils sont aujourd’hui répandus dans les grandes villes d’Allemagne et de plusieurs autres États. Il est à peine besoin de dire que là encore, comme presque toujours lorsque l’on touche aux applications pratiques de la science, la France est très en retard sur l’étranger et que ces institutions sont chez nous à peu près inconnues. Elles provoquent sans doute le sourire de nos « connais-tout » superficiels qui portent ailleurs leur sollicitude. Rappelons que, dans ces chambres les corps des décédés sont déposés sur une sorte de lit incliné, visage et poitrine découverts, et « l’un des doigts passés dans l’extrémité d’un fil de soie correspondant à une sonnerie placée dans la chambre des veilleurs ». Le nombre de personnes arrachées par ces moyens à une mort atroce a déjà suffisamment justifié l’intelligence et l’humanité de ces précautions.

Maison du roi (hist.) Officiers de la couronne, personnalités nobiliaires attachées à la personne du souverain ou aux charges de la cour, souvent même aux affaires du royaume, comme sous les Capétiens. Les rois de France avaient leur maison civile (clergé, chambellans, maîtres d’hôtel, intendants, officiers d’écurie et de vénerie, maîtres des cérémonies, etc.). En 1789, malgré les compressions opérées par Necker, elle comprenait encore 4.000 personnes, évidemment privilégiées. La maison militaire groupait les régiments spéciaux, de garde ou d’apparat : mousquetaires, grenadiers, etc. plus particulièrement rattachés au service du roi… La maison du roi avait son ministre spécial, dit secrétaire d’État. Il avait pour attributions, outre l’organisation de la maison du roi, le clergé, les dons et brevets civils, diverses généralités etc. Plus tard lui succéda l’intendant de la liste civile… Reine, princes et princesses de sang royal avaient aussi leur « maison ». L’ensemble de ces services coûtait à la nation de 40 à 45 millions, la dixième partie du revenu public de l’époque. La démocratie a répudié la maison du roi mais, aux frais de la « princesse populaire », ministres et gros fonctionnaires, entretiennent souvent d’opulentes « maisons civiles » particulières. Quant au Président de la République, outre les personnes attachées aux diverses fonctions de représentation, aux services de liaison, de cérémonie, de cortège, de protection, etc., il conserve l’agrément honorifique