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sacrifice ; en Égypte l’abeille était considérée d’ailleurs comme aussi sacrée que le miel.

Avant l’introduction du sucre, de nombreux peuples se servaient du miel pour édulcorer leurs boissons et il est inutile de rappeler de quelle importance est son emploi dans la confection de certains gâteaux.

Dans l’Inde, le miel est considéré comme un aliment propre à conserver en bonne santé ceux qui le consomment ; une goutte de miel épandue sur la langue d’un nouveau-né est un présage de bonne santé.

Tout le monde sait combien le miel sert à la fabrication des confitures.

On se souvient que la principale attraction de la Terre de Chanaan, fut le rapport des espions hébreux disant que c’était « un pays découlant de lait et de miel ». L’auteur des Psaumes nous dépeint les paroles de Jéhovah comme « plus douces que miel et rayon de miel » ; le souvenir du juste est plus doux que « miel en la bouche de tous ».

On peut faire d’excellente bière avec du miel. Une boisson ressemblant à de l’hydromel consistait en un mélange de vin, de miel et de poivre. De nombreuses tribus de l’Afrique méridionale et orientale consomment de la bière ou du vin de miel. Sur les bords du Niger, on boit un breuvage mélangé de millet et de miel. Les Égyptiens tiraient du miel une bière sucrée et les héros d’Homère consommaient une boisson dont le miel formait le principal ingrédient. Le « muslum » romain, le « lipetz » russe, le « clary » et le « bragget » de l’Angleterre médiévale sont des breuvages où entrait le miel.

Les Juifs considéraient, mêlé au lait caillé, le miel comme une friandise ; ils s’en servaient également pour confectionner des gâteaux qu’ils considéraient comme des desserts. La légende prétend que les Pythagoriciens se nourrissaient exclusivement de pain et de miel ; Jean Baptiste, autre personnage légendaire, se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

À une certaine époque, en Égypte et en Syrie, le miel a servi à l’embaumement des cadavres. On a découvert le corps d’un petit enfant embaumé dans une jarre de miel, au couvercle scellé. Le corps d’Alexandre fut conservé par cette méthode et l’historien juif Josèphe raconte que le corps du roi Aristobule fut préservé dans le miel jusqu’au moment où Antoine envoya le cadavre royal rejoindre les os de ses ancêtres en Judée.

Les anciens considéraient le miel comme doué d’un pouvoir thérapeutique spécial. Pline dresse une longue liste de maladies pouvant être guéries par le miel ; les Grecs croyaient qu’il prolongeait la vie. On considérait le miel ancien comme un remède à la toux (ce qui s’est perpétré jusqu’à nos jours) et à la bile ; on affirmait même qu’il accroissait la force et la virilité. Les Veddas regardaient la bonne santé dont ils avaient joui jadis comme la conséquence du fait qu’à un moment donné leur nourriture se composait principalement de miel.

Dans nombre de pays, on considère le miel comme doué d’une puissance magique bénéfique, capable de chasser les esprits malins ou de conjurer le sort. C’est surtout à la naissance, au moment de la puberté, à l’heure du mariage, qu’on lui attribue ce pouvoir.

Au cours des cérémonies auxquelles la naissance donne lieu, chez les Indiens du Pendjab, les gâteaux de miel jouent un rôle de premier plan ; à un certain moment on les promène autour de la tête du nouveau-né dans le but bien défini de chasser les mauvais esprits. En Croatie et en Turquie, on offre à la fiancée, sur le pas de sa porte, une coupe de miel. Les Polonais édulcorent avec du miel les lèvres de la fiancée. Dans les Balkans, le fiancé et la fiancée mangent ensemble, le soir de leurs fiançailles, un gâteau, cuit plusieurs jours auparavant, qu’ils trempent dans du miel. Dans les

mariages célébrés à Vlasca, en Valachie, on fait cadeau à la fiancée de beurre et de miel pour enduire la porte de sa maison.

Le miel est enfin considéré comme emblème de la pureté et figure à ce titre dans le rituel de nombreuses religions. Dans l’église chrétienne primitive, le lait et le miel symbolisaient la consécration et l’on plaçait du lait et du miel dans la bouche du nouveau baptisé comme allusion à la terre de Chanaan.

Les Hindous regardaient le miel comme un aliment des dieux. On représentait Vichnou sous la forme d’une abeille posée sur une feuille de lotus. Krishna portait sur le front une abeille bleue. Les statues de pierre des dieux de l’Inde sont lavées, à de certaines époques, avec un liquide miellé.

Nous avons parlé au début de cet article du rôle du miel comme offrande aux dieux. On a découvert un papyrus égyptien remontant au iie siècle qui confirme cet emploi du miel. Il s’agit d’une sorte de facture spécifiant la fourniture de « seize gâteaux, huile, miel, lait et toutes épices, sauf l’encens » au stratège du nome pour le sacrifice au Nil très sacré. – E. A.


MIGRATION n. f. (latin migratio, migrare). Exode en masse de certains peuples qui changent de pays. Déplacements – réguliers ou accidentels – d’animaux qui recherchent, avec les saisons, d’autres climats : les migrations des hirondelles. Déplacement d’être parasites, au cours de leurs transformations. Ce mot a formé émigration : abandon d’une contrée pour une autre et immigration : pénétration, installation sur une terre nouvelle.

Parmi les grandes migrations humaines l’histoire enregistre celles des peuples barbares se répandant, au ive siècle, dans l’empire romain. De l’entrée des Huns en Europe, en 375 à la conquête de l’Italie par les Lombards en 568 s’étend la grande période des migrations barbares au moyen-âge. Exubérance de population, cataclysmes, nomadisme natif, appât des richesses, etc., ont ainsi jeté sur les civilisations occidentales les hordes dévastatrices de l’Asie. L’Amérique a vu la migration des Aztèques…

« Parmi les migrations, régulières mais non périodiques, qu’accomplit l’individu isolé au cours de son développement, il faut mentionner celle des endoparasites comme les trichocéphales, les trichines, les ténias, les ankylostomes, etc…, qui conduisent l’œuf de l’hôte où il a été pondu à l’hôte où il achève de se développer en individu adulte en passant par un plus ou moins grand nombre d’intermédiaires. Ces migrations semblent avoir été d’abord un phénomène accidentel, qui s’est régularisé et est devenu normal en vertu de la sélection, parce qu’il était avantageux. Les migrations, au surplus, déterminent des changements de formes, liés aux changements des conditions d’existence ». (Larousse).

On attribue à des causes diverses les migrations des animaux adultes : défaut d’aliments (singes, locustes, etc…) ; variation de la température (antilopes, hirondelles, cailles, grues, etc…) ; nécessités de la reproduction (saumons, etc…). Parfois semblent seuls intervenir des facteurs mécaniques (courants, perturbations atmosphériques). D’une façon générale les migrations apparaissent comme un des procédés de défense de l’espèce…

Les migrations rencontrent, selon les catégories d’animaux, des circonstances plus ou moins favorables. Les oiseaux, doués d’appareils rapides de locomotion, les poissons plongés dans un milieu d’incessante translation sont au premier rang des animaux voyageurs. Peu de mammifères (à part quelques rongeurs et carnassiers) et moins encore de reptiles émigrent. On connaît, chez les insectes, les migrations redoutées des sauterelles…