conduire par les mouvements du même et du semblable en lui, et domptant par la raison cette partie grossière de lui-même,… il se rende digne de recouvrer sa première et excellente condition. » Une métempsychose d’ordre plus élevé et de modalité différente fut admise par Virgile, comme en témoigne le sixième chant de l’Enéide. D’autres auteurs latins ont pensé de même. Les modernes partisans de la transmigration des âmes peuvent, à bon droit, constater que cette croyance se retrouve, plus ou moins atténuée, chez de nombreux penseurs anciens. Mais prétendre la découvrir dans les écrits canoniques des juifs et des chrétiens, c’est se tromper manifestement ; pas un mot qui l’étaye ni dans les Évangiles ni dans les Épîtres, et, si l’on excepte Origène et quelques auteurs alexandrins, de bonne heure condamnés comme hérétiques, on ne la rencontre dans les écrits d’aucun Père de l’Église.
Fait curieux, la métempsychose a trouvé de nombreux défenseurs dans les temps modernes. « Où est le vieillard, écrit Fourier, le fondateur de l’école phalanstérienne, qui ne voulut être sûr de renaître et de rapporter dans une autre vie l’expérience qu’il a acquise dans celle-ci ? Prétendre que ce désir doit rester sans réalisation, c’est admettre que Dieu puisse nous tromper. Il faut donc admettre que nous avons déjà vécu avant d’être ce que nous sommes et que plusieurs autres vies nous attendent, les unes renfermées dans le monde ou intra-mondaines, les autres dans une sphère supérieure ou extra-mondaines avec un corps plus subtil et des sens plus délicats. Toutes ces vies, au nombre de huit cent dix, sont distribuées entre cinq périodes d’inégale étendue et embrassent une durée de quatre-vingt-un mille ans. De ces quatre-vingt-un mille ans, nous en passerons vingt-sept mille sur notre planète et cinquante-quatre mille dans l’atmosphère. Au bout de ce temps toutes les âmes particulières, perdant le sentiment de leur existence propre, se confondront avec l’âme de notre planète car les astres sont animés comme les hommes. Le corps de notre planète sera détruit, et leur âme passera dans un globe entièrement neuf, dans une comète de nouvelle formation pour s’élever de là, par un nombre infini de transformations successives, aux degrés les plus sublimes de la hiérarchie des mondes. » Dans son livre Terre et Ciel, Jean Reynaud imagine, après cette vie, une suite d’autres vies sur une infinité de globes, sans que jamais la personnalité vienne à périr. Nous existions avant notre arrivée sur terre, nous continuerons d’exister, après notre départ, dans des mondes de plus en plus parfaits. Mais si la doctrine de la réincarnation des âmes jouit présentement d’une si grande vogue, en Europe et en Amérique, c’est au spiritisme et à la théosophie (voir ces mots) qu’elle le doit. Dans le Livre des Esprits, sorte de catéchisme où alternent demandes et réponses, Allan Kardec s’explique clairement sur ce sujet : « Comment l’âme, qui n’a point atteint la perfection pendant la vie corporelle, peut-elle achever de s’épurer ? En subissant l’épreuve d’une nouvelle existence. » – Comment l’âme accomplit-elle cette nouvelle existence ? Est-ce par sa transformation comme Esprit ? « L’âme, en s’épurant, subit sans doute une transformation, mais pour cela il lui faut l’épreuve de la vie corporelle. » – L’âme a donc plusieurs existences corporelles ? « Oui, tous nous avons plusieurs existences. Ceux qui disent le contraire veulent vous maintenir dans l’ignorance où ils sont eux-mêmes ; c’est leur désir. » – Il semble résulter de ce principe que l’âme, après avoir quitté un corps, en prend un autre ; autrement dit, qu’elle se réincarne dans un nouveau corps ; est-ce ainsi qu’il faut l’entendre ? « C’est évident. » – Quel est le but de la réincarnation ? « Expiation, amélioration progressive de l’humanité ; sans cela où serait la justice ? » – Le nombre des existences corporelles est-il limité, ou bien l’Esprit se réincarne-t-il à perpétuité ? « À chaque existence nouvelle