5o L’affectivité est liée plus étroitement à tous les processus psychiques de l’enfant.
Le jeune enfant ne ment pas et ne dissimule pas. Quand découvre-t-il le mensonge et commence-t-il à dissimuler ? La plupart des psychologues admettent que ce n’est que vers sept ans. À vrai dire il nous semble que des enfants plus jeunes altèrent sciemment la vérité, mais ils le font plutôt par jeu que dans l’intention de tromper.
Comment l’enfant devient-il capable de mentir ?
Peut-être, parce qu’il s’aperçoit qu’il avait commis une erreur et en avait tiré profit. Peut-être parce qu’il a surpris quelques mensonges de ses parents ou d’autres adultes. Peut-être parce que le mensonge lui apparaît comme un moyen de parvenir à ses fins.
Pourquoi l’enfant ment-il ? Des enquêtes ont été faites à ce sujet ; elles sont loin d’être parfaitement concordantes ; cependant, il semble bien que la crainte soit l’une des principales causes du mensonge enfantin. Mentir est pour l’enfant un moyen de défense.
Parfois aussi l’enfant ment par étourderie, par intérêt, par paresse, etc. Il est aussi des mensonges qui ne s’expliquent que par des causes d’ordre pathologique ; on a observé des enfants qui obéissent à une impulsion presque irrésistible, qui s’accusent de délits ou de crimes qu’ils n’ont pas commis.
De même que la fièvre est le plus souvent la conséquence et non la cause de la maladie, le mensonge nous apparaît comme un résultat. Si nous voulons corriger des enfants menteurs ou, mieux, éviter que nos enfants ne deviennent menteurs, il faut nous en prendre aux causes réelles du mensonge.
Tout d’abord lorsque de jeunes enfants disent le contraire de la vérité, il convient de ne pas considérer leurs erreurs comme des mensonges. Il ne faut alors ni leur attribuer l’épithète de menteur, ni les punir mais s’efforcer d’attirer leur attention sur l’erreur commise et éveiller peu à peu leur esprit critique.
Deuxième conseil : il ne faut pas donner aux enfants l’exemple du mensonge, ni surtout leur ordonner de commettre des mensonges. Combien de parents, par exemple, ont dit à leur fils ou à leur fille : « Va dire que je ne suis pas là. » Puis se sont indignés ensuite d’un mensonge du bambin.
Troisième conseil : il faut avec les enfants pratiquer la politique de la confiance et paraître croire qu’ils sont incapables de dénaturer volontairement la vérité. Profitons de leur suggestibilité, feignons de croire qu’il y a erreur ou faiblesse passagère mais non mensonge.
Ce conseil est d’autant plus important qu’il y a bien souvent malentendu ; de là un quatrième conseil : efforçons-nous de comprendre les enfants et de nous faire comprendre d’eux. Une anecdote toute récente viendra illustrer ce conseil. Nous avions donné à de jeunes enfants le problème suivant : « Il y avait 184 morceaux de sucre dans un sucrier mais la maman a pris 86 de ces morceaux. Combien y a-t-il encore de morceaux dans le sucrier ? » Un bambin, après quelques autres, nous présenta bientôt son travail. La réponse était exacte, mais, chose singulière, l’enfant dans sa soustraction, avait placé le plus grand nombre au-dessous.
— « Tu as copié ? »
— « Non, monsieur. »
Avait-il copié et était-il un menteur ? Ceci paraissait probable et pourtant quelque doute subsistait dans notre esprit.
« Comment as-tu donc fait ? »
Question facile à poser pour nous, mais à laquelle il était difficile au bambin de répondre car les jeunes enfants n’expriment pas toujours facilement leurs idées, si bien qu’enfants et adultes se comprennent souvent fort mal.
Cependant, en y mettant du temps, nous finîmes par comprendre ceci : dès la lecture du problème l’enfant avait été frappe par le rapprochement des nombres 84 et 86 et voici, par suite, comment il avait raisonné intuitivement (car il ne s’agit pas là d’un véritable raisonnement logique) : en retirant 84 morceaux des 184 il en restera 100 mais il faut que nous en retirions encore 2 morceaux (86-84). On devine le reste l’enfant intuitivement et mentalement avait trouvé la réponse sans avoir fait nul calcul écrit, cette réponse était pour lui l’essentiel il avait ensuite placé au petit bonheur les trois nombres 184, 86 et 98. Si nous nous étions fiés aux apparences, nous aurions accusé cet enfant d’un mensonge qu’il n’avait pas commis, nous aurions alors paru à ses yeux comme une personne incapable de distinguer un mensonge d’une vérité et à laquelle on peut mentir sans danger.
Cinquième conseil : Évitons de poser aux enfants des questions qui peuvent les suggestionner par leur forme ou par leur ton. Ne les intimidons pas.
Sixième conseil : Le mensonge étant presque toujours le résultat d’une faute antérieure (paresse, vol, gourmandise,.etc.) corrigeons l’enfant des défauts qui peuvent le conduire au mensonge.
Dernier conseil : N’inspirons pas la crainte — cause principale du mensonge — et développons chez lui le sentiment du courage tout en lui faisant comprendre qu’il doit avouer ses fautes. — E. Delaunay.
MENTALITÉ n. f. (radical mental, latin mentalis, de mens, esprit). Au sens étymologique, le terme mentalité désigne d’une façon spéciale, l’intelligence, la connaissance ; il exclut alors de sa compréhension vie sentimentale et vie active. Mais, d’ordinaire, il est pris dans un sens plus large et s’applique à la totalité de la vie psychologique ; il devient donc synonyme d’état d’esprit. En art, en morale, en science, etc. il résume l’ensemble des tendances et des idées qui guident un individu, qui caractérisent une collectivité, une époque, un milieu.
Complexité, mobilité, continuité, voilà le triple aspect qu’offrent les phénomènes psychologiques, dont le déroulement ininterrompu constitue notre vie intérieure. Nous sommes en présence, non de faits isolés, séparables du tout, doués d’une vie indépendante, mais d’états qui se mêlent, se pénètrent, se colorent. Leur ensemble constitue une mosaïque compliquée, dont les éléments, impossibles à juxtaposer dans l’espace, subissent, à chaque instant, l’influence de tous les autres. À ma sensation actuelle s’incorporent des images, des souvenirs, des jugements, des idées, une nuance affective qui ne font qu’un avec les données primitives de ma perception ; une rage de dents, le bourdonnement d’une mouche suffiront à faire évanouir les plus sublimes idées ; et lorsqu’un gai soleil brille au dehors, la mélancolie s’attarde moins facilement dans les cœurs. Rien de stable, d’ailleurs ; les ondes fuyantes de la vie intérieure ne s’immobilisent jamais ; dans l’intimité secrète du moi, les phénomènes psychologiques jaillissent inlassablement. Avec raison l’on a comparé la conscience au cours d’un fleuve, dont les flots, sans cesse, changent et fuient ; un devenir perpétuel, telle est la loi de toute pensée. Mais ce devenir implique continuité, enrichissement ; aucun état n’apparaît radicalement nouveau, séparé par un infranchissable vide des états qui l’ont précédé. Une même coloration personnelle, la nuance toujours identique donnée par le moi profond, relient les eaux