rent une excessive cruauté, disent les chroniques ; ils massacrèrent des corps entiers qui avaient déposé les armes ; et s’ils firent quelques prisonniers, ce fut parce qu’ils étaient las d’égorger. Néanmoins, Pie V blâma fort le maréchal Tavannes de ce qu’il avait laissé la vie sauve à quelques hérétiques ; et, pour réparer cette faute, il écrivit immédiatement au roi de France : « Au nom du Christ, nous vous ordonnons de faire pendre ou décapiter les prisonniers que vous avez faits sans égard pour le savoir, pour le rang, pour le sexe ou pour l’âge, sans respect humain, ni sans pitié… » (Cité par Lachâtre : Rist. des Papes, t. II).
La Saint-Barthélémy 23 août 1572. ‒ Massacre des protestants sous Charles IX. Il eut lieu au lendemain des fêtes du mariage de Henri de Navarre avec Marguerite, sœur de Charles IX, fêtes qui avaient attiré à Paris un grand nombre de nobles protestants.
Ce drame continua pendant plusieurs jours. Soixante mille personnes (hommes, femmes, enfants), furent tuées. La France presque tout entière fut ensanglantée.
« Ce massacre général des Huguenots, suivit de si près l’élection de Grégoire XIII, qu’on eût dit qu’il était destiné à servir de fête à son couronnement ; toujours est-il que le pontife en recueillit la nouvelle avec une joie inexprimable ; il fit tirer le canon du Château Saint-Ange, commanda des réjouissances publiques pour célébrer le triomphe de la sainte cause, et publia ensuite un jubilé dans toute l’Europe, « afin disait-il, que les peuples catholiques se réjouissent avec leur chef de ce magnifique holocauste offert à la papauté par le roi de France. »
Incendie du Palatinat 1689. ‒ Les Hollandais l’ayant chassé de leur territoire, Louis XIV envoya Turenne en Allemagne, à la tête d’une forte armée. Les troupes passèrent le Rhin, firent une marche forcée de quarante lieues en quatre jours, surprirent les ennemis dans une plaine près de Sintzheim, ville du Palatinat, les culbutèrent et demeurèrent maîtresses du pays. Turenne écrivit alors à la Cour de France qu’on eut à lui envoyer de nouvelles troupes ‒ car il avait engagé des combats meurtriers, ‒ pour garder sa conquête, ou il se verrait forcé, afin d’éviter toute rébellion, « de manger le pays entre Heidelberg et Manheim ». Louvois répondit immédiatement au général : « Sa Majesté a besoin de son argent pour ses propres dépenses ; elle ne veut point faire de nouvelles levées de soldats, et préfère que le pays soit dévoré. » Turenne se conforma à ces ordres. En moins de dix jours, cent mille habitants, hommes ou femmes, vieillards ou enfants, jeunes filles et adolescents, avaient été violés, noyés, brûlés vifs ou égorgés ; et partout, les villes, les bourgs, les forêts, les récoltes avaient disparu sous le fer ou le feu.
Massacres du Champ de Mars 17 juillet 1791. ‒ Le 20 juin 1791, Louis XVI s’était enfui des Tuileries avec sa famille pour rejoindre l’armée de Coblentz. Reconnu et arrêté à Varennes, en Argonne (Meuse), il fut ramené à Paris.
La Constituante, essentiellement conservatrice, avait prononcé la suspension des fonctions exécutives du roi, puis il fut réinstallé dans ses appartements.
Le peuple, indigné de la conduite du roi qui, à la « fête de la Fédération » du 14 juillet 1790, avait solennellement promis fidélité à la constitution, et de la faiblesse de la Constituante, le 17 juillet 1791, se rendit au Champ de Mars pour signer une pétition demandant la déchéance de Louis XVI et la proclamation de la République.
Bailly et La Fayette, effrayés par cette manifestation du peuple désarmé se dirigèrent sur le Champ de Mars à la tête de nombreux bataillons, dans lesquels ils avaient répandu des agents de police déguisés en
Dans un rapport qu’il fit plus tard à la Convention, Saint-Just déclare que deux mille cadavres furent relevés pendant la nuit. Le marquis de Ferrières, dans ses mémoires, en note quatre cents.
Massacres des 25 et 26 juin 1848 ‒ Le gouvernement bourgeois dissout les ateliers nationaux. Rejeté dans la misère, le peuple de Paris se soulève, dresse des barricades, appelant à la lutte, tous les prolétaires, pour fonder la République socialiste. Des premiers combats ont eu lieu le 23 juin. Le général Eugène Cavaignac est promu commandant en chef des troupes de Paris. Le 24 juin, la Commission exécutive fait place à la dictature de Cavaignac. Le 25 juin, des combats très meurtriers ont lieu dans les rues de Paris. L’armée tue tout, massacre sans pitié femmes et enfants. Enfin, au 25 juin, la révolte est noyée définitivement dans le sang des ouvriers. Thiers s’exerce et Cavaignac, qui fut ensuite candidat républicain contre Napoléon III, agit. Il massacre dix mille ouvriers, ouvrières ou enfants, et en déporte quelques autres milliers. Mais l’histoire officielle présente un Cavaignac si peu conforme à l’original, que nous ne pouvons pas ne pas donner la page que voici, extraite de L’Armée contre la Nation, d’Urbain Gohier :
« Le second égorgeur du nom, le général Eugène (Cavaignac), appliqua les maximes que le sanglant inquisiteur d’Arcueil prêche maintenant à son fils. Il brandit le glaive, sévit, terrorisa. » Il tua délibérément dix mille ouvriers parisiens ; il en déporta plusieurs milliers. Tout le monde le sait ; mais on ne sait pas assez de quelle volonté supérieure Cavaignac II était l’instrument.
« Dans la Vie du R. P. de Ravignan, de la Cie. de Jésus, par le R. P. de Pontlevoy, de la même Compagnie, nous lisons : « Le père de Ravignan avait ramené jadis à la religion pratique Mme Cavaignac, épouse du Conventionnel, qui fut un des tribuns de l’ancienne République de 1793, et mère du général dictateur de la nouvelle République de 1848.
« Cette femme vraiment forte et comme taillée à l’antique, en restant une romaine par la tête, devint toute chrétienne par le cœur, sincère dans ses opinions politiques, mais avant tout dévouée à ses croyances religieuses. Le P. de Ravignan, à l’époque de son départ de Paris en 1846, l’avait adressée à un excellent prêtre de ses amis, M. Locatelli, vicaire de Notre-Dame-de-Lorette, et depuis curé de Passy. À son retour, il la retrouva presque mère d’un roi, puisque son fils était le chef du pouvoir exécutif…
« Le général avait un véritable culte pour sa mère. Il fut facile à Mme Cavaignac d’inspirer à un cœur si proche du sien les sentiments les plus intimes de son âme, et tout naturellement le général se sentit incliné vers le P. de Ravignan.
« Des ordonnances partaient souvent du grand hôtel de Monaco, ‒ (Cavaignac logeait à l’hôtel de Monaco) ‒ pour apporter à la petite cellule de la rue de Sèvres des messages sous le sceau du Pouvoir exécutif. C’était tantôt la mère et tantôt le fils qui consultaient le P. de Ravignan, sur des questions d’un haut intérêt pour l’Église, et ce seul fait, que je me plais à signaler, montre assez la droiture de leurs intentions.
« Cavaignac, plus fort en tactique militaire qu’en discipline ecclésiastique, savait, du moins, consulter avant de résoudre… »