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pour choisir entre plusieurs systèmes, il faut un motif de choisir, c’est-à-dire qu’il faut savoir de certaine façon ce que l’on cherche. »

Il est en effet regrettable de constater qu’il existe un nombre incalculable d’individus qui ne savent pas ce qu’ils veulent, qui butinent à droite et à gauche, prennent à l’un et à l’autre, ne sont ni pour ni contre ceci, ne sont ni pour ni contre cela, et promènent leur indifférence en la qualifiant pompeusement d’éclectisme.

Les milieux anarchistes ne sont pas exempts de ces parasites de l’idée, qui passent leur temps à véhiculer leur faux savoir, et dont l’éclectisme consiste à n’être jamais d’accord avec personne. « Éclectiques » ils le sont certes ; d’opinions, ils n’en ont guère et c’est en vain que l’on insisterait auprès d’eux, afin de les intéresser à une action quelconque ; ils se dérobent toujours, laissent leurs camarades accomplir le travail, se contentant de critiquer lorsque celui-ci est terminé.

L’éclectisme redevient à la mode. C’est une maladie du siècle, maladie épidémique qui gagne tous les milieux, tous les cercles, tous les individus. Il est un signe de l’égoïsme et de l’indifférence qui se sont emparé des hommes. Méfions-nous de tomber à notre tour dans cette erreur ; elle peut être fatale au mouvement anarchiste car l’éclectisme, en tant que doctrine, est un facteur de division. Il est toujours possible de trouver des lacunes dans une méthode, quelle qu’elle soit ; mais l’homme sincère, qui sait ce qu’il veut, qui à des idées et qui entend lutter pour les soutenir, les défendre et les propager, a besoin de s’associer avec d’autres de ses semblables. L’éclectisme au sens absolu du mot, c’est l’individualisme, le plus étroit, et l’individu ne peut rien par lui-même. Si, philosophiquement, l’éclectisme peut se soutenir, au point de vue social il faut le combattre, car il est faux que l’homme seul soit l’homme fort. C’est l’union qui fait la force et, socialement parlant, l’éclectisme ne permet pas l’union.


ÉCLIPSE n. f. (grec ekleipsis ; de ekleipein, faire défaut, défaillance, abandon). Disparition momentanée, totale ou partielle d’un astre par l’interposition d’un autre astre. Les éclipses furent pendant longtemps l’objet de la frayeur des hommes ; les progrès des recherches et des découvertes de l’astronomie ont chassé la crainte qui a fait place à l’intérêt et à la curiosité.

Les éclipses se divisent en lunaires et en solaires ; il y a également des éclipses des planètes secondaires on satellites, et celles des étoiles que l’on nomme plus particulièrement occultations.

Il y a éclipse de lune, lorsque la terre se trouve interposée entre le soleil et la lune, et que cette dernière traverse l’ombre que la terre projette derrière elle. La lune étant un corps opaque qui ne nous apparaît que parce qu’elle est éclairée par les rayons du soleil, lorsque ceux-ci sont arrêtés par un autre corps, la lune disparaît aussi longtemps que ce corps s’interpose entre elle et le soleil. C’est le même phénomène qui se produit pour l’éclipse solaire, lorsque la lune, dans sa révolution, s’interpose entre le soleil et la terre et projette son ombre sur notre planète.

Connaissant le temps des révolutions périodiques de la lune et du soleil, il est assez facile de prévoir approximativement la date des éclipses. Le mouvement de ces astres, recommençant de la même manière, les éclipses se reproduiront dans le même ordre.

Les Chaldéens avaient déjà découvert qu’après 223 lunaisons, c’est-à-dire 18 ans et 11 jours les mêmes éclipses se reproduisaient, soit en général 70 éclipses, dont 29 de lune et 41 de soleil. Il ne peut en une année y avoir plus de sept éclipses ; cinq ou quatre de soleil, et deux ou trois de lune ; il y en a au moins deux et s’il n’y en a que deux ce sont des éclipses de soleil.

Le mot éclipse s’emploie au figuré pour signaler la

dépréciation d’une chose qui avait une grande renommée, ou l’absence, la disparition subite, inattendue d’un individu quelconque. « Il n’y a pas de gloire éclatante qui ne soit sujette à souffrir de temps en temps de quelque éclipse. » (Laveaux.)

ÉCLIPSE. Le mot éclipse désigne, en astronomie, le phénomène qui consiste, pour un observateur terrestre, dans la constatation du passage d’un corps astral entre lui et un autre astre. Ce phénomène qui se produit fréquemment revêt surtout un grand intérêt lorsqu’il s’agit des éclipses de la lune, du soleil et des satellites de Jupiter.

Il y a éclipse de lune quand celle-ci entre en partie ou en totalité dans le cône d’ombre de la terre, qui se termine en pointe à une distance de 108 fois et demi la longueur du diamètre de la terre qui est de 12.742 kilomètres. L’ombre de la terre étant encore 2, 2 fois plus large que la lune à sa distance moyenne de nous, la plus longue durée d’une éclipse totale de la lune peut atteindre deux heures. C’est toujours au moment de la pleine lune qu’a lieu l’éclipse de lune et elle est visible au même instant physique dans tous les pays, où la lune se trouve au-dessus de l’horizon. Ceci veut dire qu’une éclipse totale de la lune qui commencerait, par exemple, à Paris, à minuit, se produirait à New-York non pas à la même heure, mais au même moment physique, c’est-à-dire lorsque les horloges de la capitale américaine marqueraient 6 heures 55 minutes du soir.

La lune, grâce à la réfraction des rayons solaires, demeure plus ou moins visible pendant les éclipses totales. Elle n’est devenue absolument invisible que pendant les éclipses de 1642, 1761, 1816 et celle du 12 avril 1903.

Contrairement à la lune qui ne peut s’éclipser qu’au jour de la pleine lune, l’éclipse de soleil ne peut se produire qu’au jour de la nouvelle lune et ne se fait voir qu’aux endroits touchés par le petit cône d’ombre de notre satellite et sur lesquels il dessine un cercle qui voyage sur les différents pays suivant le mouvement de la rotation de la terre.

Les contrées sur lesquelles passe cette ombre de la lune, large de 22 à 300 kilomètres, ont le soleil masqué pour un certain temps.

L’éclipse de soleil peut être partielle, si les centres de la lune et du soleil ne coïncident pas et si la lune ne marque le soleil que par côté ; annulaire, si la lune se trouve dans la région la plus éloignée de son orbite et est plus petit en apparence que le disque solaire ; totale enfin, si la lune se trouve assez rapprochée de nous pour que son diamètre surpasse celui du soleil.

Vus de la terre, les diamètres du soleil et de la lune sont, en moyenne, de 32′ 3″ et de 31′ 24″, d’où il ressort que le soleil doit être à son aphélie et la lune à son périhélie, pour qu’une éclipse totale du soleil puisse se présenter dans de bonnes conditions. La plus longue durée possible d’une éclipse totale du soleil ne peut pas dépasser 7 minutes 58 secondes à l’équateur et. 6 minutes 10 secondes à la latitude de Paris. Il y a, en moyenne, en 18 ans 70 éclipses, dont 29 de lune et 41 de soleil. Dans une année il n’y a jamais plus de 7, jamais moins de 2 éclipses. Lorsqu’il n’y a que deux éclipses, elles sont toutes deux de soleil.

L’éclipse totale de soleil sur un lieu donné est un phénomène très rare. Depuis 1140 il n’y a eu à Londres qu’une éclipse totale et cela en 1715. À Paris il y a eu éclipse totale du soleil le 22 mai 1724, le 17 avril 1912, mais elle n’a été totale que pendant 7 secondes et ce n’est que le 11 août 1999, à 10 h. 28 du matin que les environs de la capitale française seront visités par une grande et belle éclipse totale du soleil, dont la durée sera de 2 minutes 20 secondes.

Pour ce qui est des éclipses des satellites de la planète Jupiter auxquelles nous avons fait allusion au