lopper renferme en quantités suffisantes les quatre éléments indispensables à la nutrition des végétaux ; si l’un d’eux manque ou s’y trouve en quantité insuffisante, l’échec est inévitable.
Tels sont les divers engrais dont l’emploi rationnel permet à notre agriculture d’obtenir les plus beaux rendements. Mais les agriculteurs ne doivent pas acheter isolément ces divers engrais chimiques dont ils ont besoin pour leurs cultures, s’ils ne veulent pas être volés comme sur un grand chemin ; ils doivent donner leurs commandes à leur syndicat communal ; les syndicats communaux fédérés les transmettent à un grand syndicat central, comme par exemple le grand syndicat de la Société des Agriculteurs de France, qui achète pour tous, sur un marché bien établi et sur garantie d’analyse. Ces frais d’analyse, et au besoin de procès pour faire rembourser les manquants se répartissant sur une très grande quantité de marchandises sont insignifiants, car il ne faut pas oublier que les industriels qui fabriquent les engrais ne sont pas plus scrupuleux que leurs congénères des autres industries et qu’ils volent, lorsqu’ils le peuvent, tant sur les dosages que sur la qualité des matières livrées.
Et maintenant il nous reste à expliquer, si possible, comment ces divers engrais parviennent à nourrir les végétaux et à en assurer le plus grand développement possible, c’est-à-dire à expliquer le mécanisme de la nutrition des plantes.
Nul n’ignore que l’accroissement de tous les êtres vivants, depuis leur naissance, soit végétaux, soit animaux, sans en excepter l’homme, provient de la nourriture qu’ils absorbent au cours de leur existence. Pour que ce phénomène puisse se produire, la nature a doté les uns et les autres des organes nécessaires pour pouvoir absorber tout d’abord cette nourriture et ensuite pour pouvoir la digérer et la rendre assimilable à leur organisme, ce qui en constitue le développement ; ainsi, tous les animaux, depuis le plus petit moucheron jusqu’au plus grand des quadrupèdes, ont une bouche qui leur permet d’absorber leur nourriture, solide ou liquide, et un ou plusieurs estomacs, et puis les intestins qui la digèrent, c’est-à-dire qui la rendent propre à passer dans leur sang qui, vivifié constamment par l’oxygène de l’air, au moyen de la respiration, va la déposer dans toutes les parties de leur corps et produit le phénomène de l’accroissement. Pour les végétaux, le phénomène de l’accroissement se produit d’une manière à peu près analogue ; les organes sont différents, mais la fonction est identique. L’être végétal comprend trois parties, à savoir : la tige proprement dite, ligneuse ou herbacée, se terminant supérieurement tantôt par de simples feuilles, tantôt par des branches plus ou moins ramifiées, sur lesquelles naissent les brindilles qui, à leur tour, portent les feuilles. Cette tige se termine inférieurement par les racines qui fixent la plante au sol et sur ces racines plus ou moins subdivisées naissent une infinité de petites radicelles terminées, chacune, par une petite ouverture qui remplit le rôle d’une bouche, par lesquelles la sève pénètre dans la plante, la nourrit, s’y assimile et en provoque le développement, l’accroissement.
Mais, pour que cette sève puisse nourrir la plante, et s’assimiler à son organisme pour en provoquer l’accroissement, il est indispensable qu’elle soit digérée par ce qu’on peut appeler les organes digestifs de la plante, et parvenue à un état comparable au Chyle du règne animal. Ces organes digestifs de la plante, c’est le sol lui-même dans lequel elle est fixée ; oui, le sol, c’est l’estomac qui digère les engrais, et les rend propres à nourrir les plantes de toutes sortes qui le recouvrent. Aussitôt que les divers engrais sont enfouis
L’action que l’air atmosphérique exerce sur l’assimilation de la sève des racines par les plantes est aussi indispensable. Les feuilles sont les organes respiratoires des végétaux, et leur rôle, par l’action de l’air, assure la vigueur et le développement normal des plantes ; tout végétal privé de ses feuilles cesse de s’accroître, dépérit et meurt. Voici un exemple de l’importance de cette action de l’air sur les feuilles des plantes : on a constaté, dans la culture, que certaines plantes, pour acquérir leur développement normal n’avaient pas besoin d’engrais azotés, telles les légumineuses. Ces plantes ont la faculté d’absorber par le moyen de leurs feuilles l’azote de l’air qu’elles introduisent dans leur organisme pour en assurer le développement, et en absorbent même en excès et l’accumulent dans une infinité de petites nodosités (petits tubercules) qui recouvrent leurs racines et constituent une forte réserve de matière azotée ; ce qui a poussé les agriculteurs, pour améliorer leurs terres, à semer des légumineuses, trèfle violet, trèfle incarnat, fenugrec, vesces, etc., etc., et une fois ces plantes arrivées en pleine floraison et leur développement normal acquis, on enfouit ces légumineuses dans le sol. C’est ce qu’on appelle les engrais verts.
ENNEMI, E n. m. (du latin inimicus). « Qui hait quelqu’un et cherche à lui faire du mal, à lui nuire ». Telle est la définition que donnent, en général, tous les dictionnaires bourgeois du mot ennemi. Définition bien incomplète à notre point de vue, puisque, bien souvent, se considèrent comme ennemis des individus qui n’ont aucune raison de se haïr, et par conséquent de se nuire.
Quelles causes profondes ont donc bien pu faire du travailleur français un « ennemi » du travailleur allemand, et réciproquement ? C’est en vain que, posant la question à un ouvrier de France, d’Allemagne ou de tout autre pays, on attendrait une réponse saine et logique. Pourquoi se haïssent-ils ; pourquoi sont-ils ennemis ? Ils l’ignorent, puisqu’ils s’ignorent eux-mêmes. C’est une fausse éducation, savamment entretenue par un chauvinisme intéressé, qui perpétue un état d’esprit aussi insensé et permet aux maîtres de spéculer sur les sentiments ridicules des populations et déchaîner à l’occasion, lorsqu’ils y trouvent un quelconque intérêt, les plus terribles catastrophes.
« Notre ennemi, c’est notre maître », a dit La Fontaine. Voilà la vérité. Et peut-être est-il notre unique ennemi, puisqu’il est la cause initiale de tous les maux dont nous souffrons.
Et notre ennemi, c’est notre maître, non pas parce que le maître a de la haine pour le serviteur. Comment pourrait-il en être ainsi, alors que le serviteur, l’esclave se laisse exploiter, opprimer, déposséder pour permettre à son maître de jouir de toutes les beautés et de tous les bienfaits de l’existence ? « Notre ennemi, c’est notre maître » car c’est lui qui nous empêche de nous élever, de nous grandir, de vivre enfin, une vie normalement humaine.
La haine est mauvaise conseillère, car elle est trop souvent aveugle. C’est la raison qui nous porte à considérer notre maître comme un ennemi et à le com-