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Les Fonds d’État en circulation à la date ci-dessus indiquée se répartissaient ainsi :

Rentes, 3, 4, 5 et 6% (perpétuelles) … 96.202.116.000 Fr.

Rentes 3 ; 3, 5 et 5 % (amortissables) … 14.458.715.000

Bons du Trésor 3 et 5 ans… 8.190.963.000

Bons du Trésor 3, 6 et 20 ans… 9.981.756.000

Obligations de la Défense Nationale… 1.910.877.000

Bons de la Défense Nationale… 53.229.285.000

Bons du Trésor… 2.364.732.000

TOTAL : 186.338.444.000 Fr.

Sur cette somme formidable de 187 milliards de francs, 96 milliards, transformés en rente perpétuelle n’auront pas à être remboursés par l’État, mais par contre l’État sera tenu de verser indéfiniment aux porteurs de titres l’intérêt fixé à l’émission ; et une somme de 90 milliards est amortissable, c’est-à-dire qu’en sus de l’intérêt l’État a pris l’engagement de rembourser dans un temps déterminé le capital qui lui fut avancé ; et, s’il n’a pas d’argent, il ne peut rendre ce qu’il doit qu’à la condition d’emprunter à nouveau et c’est ce qui explique que la dette publique augmente de jour en jour, de semaine en semaine, d’année en année.

D’autre part, si l’État peut gagner du temps et ne rembourser que dans un temps très lointain l’argent qui lui a été prêté, il est cependant obligé de payer périodiquement, et régulièrement s’il ne veut pas perdre son crédit, les coupons représentant l’intérêt des sommes dont il est débiteur.

Pour l’année 1924, l’État français a payé, aux détenteurs des fonds D’État, à titre d’intérêt, une somme de 10 milliards de francs, prélevée sur son budget et dont nous donnons ci-dessous le décompte :

Rente 3, 4, 5 et 6 % (perpétuelle) … 4.882.667.810 Fr.

Rente 3 ; 3, 5 et 5 % (amortissable) … 664.920.141

Bons du Trésor 3 et 5 ans… 493.927.780

Bons du Trésor, 3, 6 et 20 ans… 604.951.000

Obligations de la Défense Nationale… 96.045.056

Bons de la Défense Nationale… 2.507.099.323

Bons du Trésor… 106.412.940

TOTAL : 9.356.024.050 Fr.

En conséquence, si nous supposons — ce qui est peu probable — que cette partie de la dette intérieure, contractée vis-à-vis des créanciers habitant la France, n’augmente pas, il est cependant indispensable que l’État français sorte chaque année de ses caisses une somme de 10 milliards pour payer les intérêts des sommes investies dans les fonds d’État.

La France a une population de 40 millions d’habitants. Si nous tenons compte des enfants, des vieillards et des infirmes, on peut dire qu’il n’y a en réalité que 30 millions d’habitants qui soient susceptibles de venir en aide à l’État et de subvenir à ses besoins.

Il faut donc, uniquement pour payer l’intérêt des fonds D’État, que chacun de ces trente millions d’habitants, verse annuellement, sous forme d’impôts directs ou indirects, une somme de 300 francs. Le capital restera toujours dû, naturellement.

Et cela n’est qu’une partie de la dette intérieure, qui dans son ensemble se répartissait comme suit à la date du 30 avril 1925.

Dette à long terme (ministère des Finances) … 144.152.494.500 Fr.

Dette à long terme (autres ministères) … 11.099.774.500

Dette à court terme… 44.274.769.000

Dette flottante portant intérêt… 81.966.759.000

Dette à long terme sans intérêts… 4.679.897.000

TOTAL : 286.173.694.000 Fr.

La dette intérieure de la France s’élevait donc au 30 avril 1925 à DEUX CENT QUATRE-VINGT-SIX MIL-

LIARDS DE FRANCS, et ce n’est pas seulement 300 Fr., par conséquent, que chaque adulte devrait payer pour satisfaire aux exigences des créanciers, mais bel et bien 450 francs par an.

Mais, à la dette intérieure il convient d’ajouter maintenant la dette extérieure, ce qui nous donnera le chiffre total de la dette française ou dette dite publique.

Avant de nous livrer à cette opération il convient de signaler qu’au mois de décembre 1913, la dette totale de la France n’était, en chiffres ronds, que de 33 milliards de francs, et que si elle s’est élevée à des sommes aussi fabuleuses, en un laps de temps relativement restreint, c’est que la guerre est venue engloutir non seulement des millions d’hommes, mais aussi des fortunes. Pendant quatre ans et demi des millions ont été évaporés, et si le peuple a consenti à faire une guerre qui coûta si cher, il est appelé aujourd’hui à en payer les frais.

Étudions maintenant la dette extérieure de la France. Si nous calculons le dollar à trente francs et la livre sterling à 150 (ils étaient respectivement à 36 et 170 au mois de septembre 1926), nous obtenons les chiffres suivants.

La dette de la France envers les États-Unis se décompose ainsi :

Fonds avancés par le Trésor (capital seul) … 87.995.145.480 Fr.

Matériel de guerre… 12.220.234.410

Prêts directs au Gouvernement français :

— 1920 … 2.422.416.000

— 1921 … 2.107.617.000

— 1924 … 2.953.485.000

Reste dû sur :

— Emprunts anglo-français… 415.500

— Emprunts 5, 5 % … 63.300.000

TOTAL : 107.762.613.390 Fr.

Nous disons donc que la dette de la France à l’Amérique s’élève, intérêts arriérés et à venir non compris, à 108 milliards de francs.

Examinons maintenant la dette de la France à l’Angleterre, toujours à la date du 30 avril 1925 :

Bons du Trésor remis au Trésor britannique joints aux intérêts composés… 105.674.200.000 Fr.

Matériel de guerre… 1.008.910.350

Bons du Trésor émis en Grande-Bretagne… 660.000.000

Bons du Trésor émis à la Banque d’Angleterre… 7.050.000.000

TOTAL : 114.393.110.350 Fr.

La dette de la France à l’Angleterre est donc en chiffres ronds, de cent quinze milliards de francs.

Et ce n’est pas tout. En outre de cet argent emprunté de tous côtés pour couvrir les frais de la guerre, les divers gouvernements français qui se succédèrent de 1924 à 1926, prirent divers engagements envers une certaine partie de la population, et ces engagements viennent à leur tour grossir le montant de la dette publique.

« A la fin du 1er semestre 1923 on avait versé : 63.200 millions de francs comme indemnités aux régions libérées… Les réclamations s’élevaient à 123 milliards de francs. Sur les réclamations examinées, s’élevant à 106 milliards de francs, les Commissions ont accordé environ 72 milliards d’indemnité représentant seulement 68 % du montant réclamé. »

« Il reste encore à examiner des réclamations s’élevant à 17 milliards ; si nous appliquons à cette somme le pourcentage de 68 %, les indemnités accordées s’élèveraient à 11, 5 milliards. La somme totale des dommages alloués (ou restant à allouer) serait de 72 milliards, plus 11, 5 milliards, soit 83, 5 milliards de francs. Puisque les dommages payés s’élèvent à 63, 2 milliards, il reste en-