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la structure de la société capitaliste. Elle modifie seulement, dans le détail, les rapports de classe à classe. Elle concède généralement à la classe la plus défavorisée un peu plus de bien-être. Elle n’est que relative, plus apparente que réelle. C’est toujours un palliatif et souvent une tromperie. L’adversaire social qui concède une amélioration a soin de reprendre de la main gauche ce qu’il donne de la main droite. L’amélioration ne tarde jamais à être annihilée par une mesure correspondante prise par le patronat.

L’augmentation des salaires est l’amélioration-type. Plus qu’aucune autre, elle en montre l’inanité, l’inutilité même au point de vue social. Elle n’augmente que rarement le pouvoir d’achat de l’ouvrier et, dans tous les cas, la capacité d’achat n’est que fort peu, et pour un temps très court, supérieure à ce qu’elle était auparavant.

L’augmentation des salaires ne se produit que lorsque la loi d’airain est faussée, lorsque l’ouvrier qui a des charges moyennes ne reçoit plus dans un milieu donné, un salaire moyen correspondant à ces charges. La rupture de l’équilibre au détriment de l’ouvrier oblige celui-ci à réclamer une augmentation de salaire qu’il obtient le plus souvent. Cet équilibre ne sera toutefois rétabli que pour une courte durée. D’autres ouvriers, d’autres corporations se trouveront, à tour de rôle, dans le même cas. Les augmentations générales du coût de la vie répondront aux augmentations partielles des salaires et l’équilibre sera toujours rompu pour l’ensemble. C’est le cercle vicieux.

Donc, rien à attendre en fait de l’augmentation des salaires, de l’amélioration-type. Il en est de même pour toutes les autres.

Les autres améliorations concernant l’hygiène de l’atelier, du chantier, du bureau, de l’habitation, celles qui sont relatives au perfectionnement de l’outillage à une meilleure utilisation de la main-d’œuvre, à l’emploi plus intensif des forces mécaniques et électriques, à l’utilisation raisonnée de ces forces sont le fait de l’évolution des sociétés qui doivent suivre le rythme de la vie, la transformation des mœurs et tenir compte des progrès scientifiques et techniques appliqués dans les industries rivales ou les pays voisins.

L’amélioration sociale peut, dans les autres cas, être un palliatif qui permet au patronat de conserver ou d’asseoir ses privilèges. Elle est la plupart du temps une tromperie qui fait prendre le mirage pour la réalité et laisse, en vérité, les choses en état. Elle modifie à peine quelques aspects, quelques contours, elle ne vise à aucun renversement des valeurs. Elle peut, dans certaines circonstances graves, constituer urne lourde hypothèque sur l’avenir et faire reculer très loin des transformations possibles.

C’est aussi un leurre qui permet au patronat d’endormir la conscience ouvrière, d’émollier son énergie et, parfois, de circonvenir personnellement les défenseurs des ouvriers s’ils n’y prennent garde ou s’ils ne sont pas assez bien trempés pour résister aux tentations dorées des maîtres habiles à les présenter.

Ravaler l’action de classe à la conquête des améliorations sociales, c’est la conduire sur le chemin des abdications qui mène tout droit à la pratique du réformisme social, de la collaboration des classes. C’est tourner le dos aux buts poursuivis par le prolétariat pour son affranchissement.

Si la poursuite de l’amélioration de classe est, malheureusement, une nécessité inévitable, on ne peut en recommander la pratique érigée en système. Elle doit d’ailleurs, pour être durable, être fortement étayée par une action utile et continue de la classe ouvrière. Ceci suffit à en déterminer le caractère exact, la valeur restreinte et l’usage qu’il convient de faire de cette arme émoussée.

Elle n’a point sa place dans l’arsenal d’attaque du prolétariat. Bien qu’elle soit d’une pratique quotidienne, elle n’intervient qu’à titre secondaire, subsidiaire dans la véritable lutte sociale. (Voir Réformisme économique et social). Pierre Besnard.


AMITIÉ n. f. On appelle amitié l’affection pure, désintéressée, mêlée d’estime, qui unit deux personnes. L’amitié est un des plus nobles sentiments humains. Mais elle est rare. On se sert souvent du mot amitié pour cacher des intérêts de toutes sortes et des liaisons aussi peu sincères que solides. D’innombrables écrivains ont écrit sur l’amitié des pages trop connues pour que nous nous y attardions ici. De nombreux exemples historiques de sacrifices à l’amitié sont devenus célèbres et ont inspiré de touchantes œuvres aux poètes et aux romanciers. De même que la camaraderie — sentiment moins individuel — l’amitié servira à lier de plus en plus les hommes entre eux et aidera à l’avènement d’une fraternité universelle.


AMNISTIE n. f. (du grec : a privatif et mnestia mémoire). C’est l’acte du souverain ou du pouvoir législatif qui efface jusqu’à la trace et le souvenir même d’une condamnation prononcée et annule tout commencement de poursuite judiciaire motivée par un acte tombant sous le coup de la loi. L’amnistie a pour objet de rendre en quelque sorte inexistante l’infraction elle-même, et, par suite, d’éteindre l’action publique aussi bien que les condamnations prononcées et les conséquences de toute nature qu’entraînent celles-ci. L’individu amnistié est censé n’avoir pas été condamné. C’est pourquoi l’Amnistie, en France tout au moins, ne peut résulter que d’une loi, tandis que le Président de la République a le droit de faire grâce, parce que la grâce laisse subsister les incapacités légales attachées à la condamnation. La pratique de l’amnistie est déjà fort ancienne. Le premier exemple qu’en enregistre l’Histoire remonte à Thrasybule, général athénien qui, à la tête de l’armée de Samos et avec l’aide des Thébains, chassa, en 404, les trente Tyrans et restaura, à Athènes, le régime démocratique. Rentré dans Athènes, Thrasybule ne voulut souiller sa victoire par aucune vengeance et promulgua une loi dite, pour la première fois, d’amnistie. Cette loi portait qu’aucun citoyen ne pourrait être recherché ni puni à l’occasion de la conduite qu’il avait pu tenir dans les troubles causés par le despotisme gouvernemental des trente Tyrans.

L’histoire de l’ancienne Grèce nous montre presque toujours les partis vainqueurs amnistiant leurs adversaires vaincus. Il n’est pas injuste de dire que, presque toujours aussi, la victoire d’un parti sur les partis opposés comporte des actes d’une telle sauvagerie et, à l’origine, entraîne une répression si féroce, que, l’apaisement se faisant, au bout de quelque temps, par la force même des choses, les vainqueurs ont tout intérêt à passer l’éponge sur les atrocités commises, afin d’en hâter l’oubli ou, pour le moins, d’en atténuer l’amertume. Il convient donc de ne pas considérer l’amnistie comme un geste de magnanimité tout à l’honneur des gouvernants et des législateurs, mais comme une habile manœuvre qu’ils estiment devoir être profitable à leur politique. L’histoire moderne nous présente de nombreux exemples d’amnistie. Voici les principaux : amnistie accordée aux huguenots, en 1570, sous Charles IX. Celle-ci ne fut, en réalité, qu’un abominable guet-apens ; car, deux ans après, en 1572, eurent lieu les horribles massacres connus sous le nom de la Saint-Barthélémy, le roi ordonnant lui-même l’assassinat d’une partie de ses sujets qu’il avait tenté, par l’amnistie, de désarmer et de ramener à sa cause. À l’occasion de la restauration d’Angleterre, Charles II