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BLOCUS. n. m. Faire le blocus d’un pays, d’une ville, d’un port, c’est couper toute communication entre le lieu bloqué et l’extérieur. Au cours des guerres qui ensanglantèrent le globe, maintes contrées ou villes eurent à subir le blocus et furent ainsi condamnées à mourir de faim ou à courber l’échine sous la loi du vainqueur. Un blocus resté célèbre est le fameux « blocus continental » qu’organisa Napoléon Ier pour fermer au commerce de l’Angleterre tous les ports du continent et ruiner sa marine. Les principales de ces mesures furent décrétées à Berlin le 21 novembre 1806. Elles portèrent le plus grand tort à l’Angleterre ; mais elles contribuèrent à liguer, par la suite, l’Europe contre Napoléon. Pendant la grande boucherie 1914-18, on alla jusqu’à fonder un « ministère du blocus » pour assurer le blocus commercial de l’Allemagne. Le blocus est une manœuvre criminelle qui fait des victimes de la rivalité de deux gouvernements, non seulement les hommes, mais encore les femmes et les enfants.


BOGOMILISME. — Un siècle après la conversion des Bulgares (864) le Christianisme dégénéra complètement. Dans le clergé débauché et les gouvernants dépravés, le peuple vit l’incarnation de Satan. Exploitée, opprimée, dépouillée, la population chercha quelque soulagement dans les doctrines du gnosticisme, du manichéisme, etc. C’est le curé bulgare Bogomil (950) qui fit un extrait de ces doctrines et les cristallisa dans un nouveau credo : le bogomilisme.

Les ennemis des bogomiles eux-mêmes reconnaissaient que les adeptes de cette secte religieuse étaient doux, qu’ils vivaient simplement, en communauté. Frugaux, ils se contentaient d’une nourriture végétarienne pour ne pas tuer les animaux, leurs frères inférieurs. Ils refusaient aussi de faire la guerre. Les bogomiles ne reconnaissaient ni la propriété privée, ni l’État, ni l’Église. Ils furent les premiers anarchistes bulgares.

L’État et les cléricaux les persécutèrent, mais pas très sévèrement, parce que, même parmi les gouvernants, il y eut des sympathisants (entre autres le frère du roi Pierre). Dans l’Empire Byzantin, au contraire, on ne les toléra pas. L’ardent Vasilii et ses sept élèves (tous bulgares) furent arrêtés à Byzance. Devant le bûcher on les invita à abjurer leur foi. En réponse, ils sautèrent dans les flammes en chantant qu’il est heureux de mourir pour la vérité.

Ces cruautés, au lieu d’étouffer la secte, attisèrent le feu du dévouement. La doctrine dépassa les limites de l’Empire byzantin et se répandit vers l’occident, en Pannonie, Moravie, Italie du Nord et Rhénanie. En même temps s’étendirent les persécutions. Après le martyre des adeptes en Rhénanie, le mouvement entra en France et en Angleterre. Les cléricaux français multiplièrent les persécutions contre ces sectaires, connus en France sous le nom de cathares, albigeois, etc., jusqu’à ce qu’ils furent cruellement exterminés au xiiie siècle. En Bulgarie ils sapèrent l’État jusqu’en 1393, date à laquelle la Bulgarie tomba sous la domination turque. C’est pourquoi, d’ailleurs, les historiens tiennent les bogomiles pour responsables de l’affaiblissement de l’État bulgare et par conséquent de l’occupation musulmane. ― Athanossoff.


BOIS. Préhistorique et dans l’ancienne Égypte. ― La chose commune végétale que l’on dénomme le bois est la structure qui compose surtout l’arbre, il en est la partie dure et fibreuse. Nous ne traiterons pas ici ce sujet dans ses nombreux détails scientifiques, végétation, flore, etc.

Ce qui nous intéresse, c’est le travail du bois dans l’évolution de notre espèce animale et comment les humains des premières époques l’employèrent.

De très fortes civilisations précédèrent celles de

l’Égypte, mais pour l’énumération technique des choses en bois nous sommes obligés, faute de documents, de ne point parler de l’Inde et de la Chine, où de puissantes civilisations existèrent. De ce qui se fit en bois dans ces pays rien ne nous reste, c’est le vague des siècles trop reculés ; tandis que des documents en pierre, que le temps n’a pas détruits, ornent les musées et attestent de grandes sociétés de travailleurs et d’importantes agglomérations d’individus.

Par le peu de vestiges qui nous restent, il est difficile de préciser les premiers objets en bois, dont nos ancêtres firent usage. Le primitif de l’Asie logeait dans les cavernes et dans le tronc des gros arbres il était en luttes continuelles contre les animaux et les intempéries de la nature. Il chercha d’abord à s’abriter et à se garantir. Nomade, il n’avait pas besoin de meubles ; fatigué, il s’asseyait à terre ; s’il voulait un lit moelleux, il le faisait avec des herbes séchées et des peaux d’animaux qui furent aussi ses premiers vêtements. Sa nourriture consistait surtout en végétaux, herbes, racines, fruits, plus tard en poissons et gibiers. Les premiers abris étaient des arbustes que ces primitifs réunissaient en faisceaux qu’ils recouvraient de branchages et de peaux de bêtes.

Si on possède des documents en granit, en pierre et en marbre sur les premiers âges de l’homme constructeur, il n’en est pas de même des choses faites en bois. Le bois pourrit à l’humidité, se ronge et tombe en poussière sous l’action de l’air, de la pluie et du soleil.

Avant de parler des premiers travaux en bois, il est nécessaire, d’examiner avec quels instruments ils furent exécutés. Procédons par quelques utiles descriptions : le premier âge de la pierre est l’époque que l’on nomme paléolithique, parce que les documents que nous possédons de ce temps ont été trouvés et découverts dans les alluvions des rivières.

L’homme vivait alors avec des animaux dont les espèces sont éteintes comme le mammouth, et peut-être aussi avec le tigre des cavernes également disparu. Il se nourrissait de végétaux, de pêche et de chasse, son instinct le poussa à se munir d’outils en pierre, en os et en corne. Les outils très bruts de cette époque étaient des éclats de silex cassés, dont on se servait à la pointe et au tranchant pour tailler des os ou du bois, pour faire des flèches, des harpons et pour couper les peaux d’animaux. Dans l’époque qui suit, qui est l’âge néolithique, c’est-à-dire la période récente de l’âge de la pierre, les outils sont, suivant les nécessités, des éclats ou des silex entiers, qui sont pointés, aplanis, ou percés d’un trou de part en part, pour y mettre un manche et pour servir de hache. Les silex sont façonnés en outils par l’usure, autrement dit par un ponçage ; c’est la pierre dite polie.

À la fin de cette période, l’homme devient constructeur ; certaines cités lacustres, entre autres celle de Robenthausen dans le canton de Zurich, datent de l’époque néolithique. C’est pour se préserver des animaux féroces que l’homme enfonça des pieux en bois dans un lac. Sur ces pilotis il mettait un plancher rudimentaire avec des petits arbres qu’il couchait et attachait avec des branches, se trouvant de cette manière préservé des animaux terrestres. Ce fut l’origine de la pirogue qui était un gros arbre creusé. Quand notre lointain aïeul prit en main une pierre pour creuser le roc et s’y abriter, dès ce moment il sortait de l’animalité instinctive et commença à penser. Avec ses seules ressources physiques, il satisfit d’abord aux nécessités matérielles et instinctives de son animalité ; avec l’outil, il prit le goût moral et intellectuel.

On constate que l’homme vraiment animal est très antérieur à la période paléolithique de l’âge de la pierre, car de ce temps, nous le répétons, nous avons des