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pressurait ses frères vaincus au profit du César vainqueur.

Dans l’Évangile de Matthieu, les chapitres V, VI et VII, sont un passage admirable devenu célèbre sous le titre de Sermon sur la Montagne.

Les commentateurs estiment que Matthieu écrivit son livre en Judée en l’an 38.

Marc, que ce soit le compagnon de Jésus ou un disciple de ses disciples, était un juif instruit et devint un actif propagandiste en pays étrangers. Il fut un des collaborateurs de Paul et dut écrire son Évangile à Rome en 65.

Luc (abréviation de Lucain et de Lucifer : Lumineux) est très différent des deux précédents auteurs. On le suppose de race grecque, né à Antioche en Syrie. Il est certain qu’il était médecin ; des pères de l’Église affirment qu’il était aussi artiste peintre. Peintre, il l’est sûrement par son style pur, élégant, savant et simple.

La tradition prétend qu’il fut un des premiers disciples, mais qu’il se détourna de Jésus le jour où il employa cette image brutale : « Celui qui ne mange pas ma chair et ne boit pas mon sang n’est pas digne de moi » et qu’il fut ramené à la foi par Paul. C’est d’autant plus admissible que l’image de Jésus devait blesser cet esprit délicat.

Luc écrivit son Évangile en Grèce en 63. Il écrivit aussi le livre des Actes des Apôtres l’année suivante et fut, comme Marc, un compagnon d’apostolat de Paul. On peut imaginer que l’artiste dut souvent souffrir des violences du tribun.

Jean, auteur du quatrième Évangile, était un illettré, pêcheur sur le lac de Génésareth. Tempérament impétueux, passionné, tour à tour violent et doux, en un mot : impulsif.

Il avait plus d’un point de ressemblance avec son compagnon Pierre. Sachons, pour apprécier ces hommes rudes, qu’en outre de la lutte contre la tempête, ils faisaient, par leur travail, directement face à tous leurs besoins : leurs filets et leurs bateaux étaient parmi leurs œuvres.

Jean fut le disciple préféré de Jésus et, si son Évangile n’est pas très littéraire, pas très savant et, peut être, pas tout à fait impartial, c’est, au moins, le témoignage d’un acteur qui fut constamment mêlé au drame.

Il nous déplairait de nous associer aux critiques qui reprochent aux quatre Évangiles leurs contradictions. Il est tout naturel que quatre hommes aussi différents de culture et de caractère aient modifié la nature ou l’aspect des faits qu’ils rapportent. Nous voyons dans ces différences même un indice de sincérité, tandis que, au contraire, l’accord parfait nous serait suspect.

Jean a vraisemblablement écrit son Évangile en Asie Mineure en 97.

Le livre des Actes des Apôtres, écrit par Luc en Grèce en 64, nous l’avons dit en parlant de son Évangile, est d’autant plus précieux qu’il nous montre, en une série de tableaux vivants, l’activité des chrétiens pendant les années qui suivirent la disparition de Jésus.

Après ce livre vient tout un dossier de correspondances : les Épitres, non moins intéressantes que les Actes, à qui veut étudier le christianisme du premier siècle.

Le dernier livre du Nouveau Testament est l’Apocalypse (révélation) écrit par Jean en 97 dans l’Ile de Pathmos. C’est une prophétie sur la fin du monde actuel.

Puisque nous parlons pour la dernière fois de prophétie, notons ce détail : le prophète, bien qu’il parle d’événements futurs, parle généralement au passé parce que, ce qu’il raconte, il l’a vu dans un rêve ou, dans une extase où les faits se sont déroulés comme en un film.

La Bible est, parmi tous les livres prétendus divins, un ouvrage spécialement remarquable parce que profondément humain. Les deux plus grands héros de la Bible, Moïse et Jésus, ont pour nous cet attrait : ils sont des hommes de notre humanité.

Cette œuvre monumentale n’a pas seulement inspiré des philosophes comme Lamennais et Renan, elle fut aussi la muse de grands poètes, comme Vigny et Hugo. Elle fut l’initiatrice de grands révoltés, comme Élisée et Élie Reclus. Enfin, beaucoup plus près de nous, deux de nos camarades ont puisé dans la Bible leurs premières idées libertaires. ― Raoul Odin.


BIBLIOGRAPHIE. n. f. (du grec : biblion livre et graphéin : écrire). Science du bibliographe, c’est-à-dire de celui qui est versé dans la science des livres, des éditions ou encore l’ensemble des livres écrits sur une question. Ex. : la bibliographie de l’anarchisme.


BIBLIOTHÈQUE. n. f. (du grec : biblion livre et théké armoire). Collection de livres manuscrits, etc… classés. Parmi les grandes bibliothèques citons : à Paris, les bibliothèques Nationale, de l’Arsenal, de la Chambre des Députés, Mazarine et Sainte-Geneviève ; en Allemagne, celles de Leipzig, de Dresde et de Munich ; en Angleterre, celles du British Museum et la Bodléienne d’Oxford ; en Espagne, celle de I’Escurial ; en Italie, celle du Vatican, l’Ambrosienne de Milan, la Laurentienne de Florence.


BIEN (Le). s. m. (latin : Bene, bien ; de Bonum, bon). Ce qui est bon, utile, avantageux, ce qui est juste, honnête. Se dit au sens physique et au sens moral. Il se prend aussi au sens absolu et est précédé de l’article Le Bien. Le Bien, est : la conformité des actions à la règle, tant individuelle que sociale. Le Bien, au sens propre, sous-entend : universalité et immuabilité de la Règle, de la Loi. Afin de savoir si Le Bien est autre chose qu’un mot et quelle valeur on doit lui accorder, il est nécessaire d’examiner si une Règle des actions, une Loi existe, qui soit la même partout et dans tous les temps.

Si Dieu : Être essentiellement immuable, existe, Sa Volonté, nécessairement immuable et éternelle, comme Dieu même, est la seule Loi. Le Bien, sera, en dernière analyse : Être. Car il est évident que Dieu, Tout-Puissant, a ce qu’Il veut ; que l’homme, fait ce qu’Il veut et ne peut pas ne pas le faire ; que Dieu existant, il n’y a en réalité ni Bien, ni Mal, mais Dieu.

Les Religions, qui ne s’embarrassent guère de logique, énoncent : Une règle des actions révélée par Dieu. ― Dans toute humanité dans l’enfance cette Révélation sert de Loi, et le Bien est l’obéissance à cette Loi. Or, il y a autant de Religions, donc, de Révélations, que de peuplades ; d’où il s’en suit que Le Bien n’est pas le même partout, qu’il n’est pas Universel, ni immuable, qu’il n’est pas Le Bien. Sous la poussée du libre examen et des progrès de la science, dans chaque Religion, la Règle est soumise à la critique, et l’Ordre qu’elle crée dans la société est mis en danger. Dès lors, ce sont les plus forts qui édictent une règle et qui l’imposent aux faibles, par des sophismes, une fausse éducation, une police et une armée. Le Bien est en cette époque : Être fort. Or, la force, est par essence, changement, mouvement ; le fort d’aujourd’hui est le faible de demain et Le Bien n’est pas constant, immuable, il n’est pas Le Bien.

Mais si Le Bien, au sens propre, n’existe pas, il est cependant des règles de conduite ― des lois ― qui ont un caractère de nécessité, pour l’homme. Il ne peut désobéir à ces lois, sans en être puni. Il ne peut pas échapper à ces conséquences qui sont parfois mortelles. Ce sont les lois immuables de la Matière. L’Homme doit : manger ou mourir, ne pas se jeter au feu, se tirer