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de type aux architectures qui suivirent : byzantine, romane, gothique.

Les chrétiens adoptèrent volontiers les basiliques romaines pour en faire leurs principales églises en raison de leurs vastes dimensions permettant de réunir de grandes assemblées de fidèles. De plus, l’usage qu’on avait fait avant eux de ces monuments ne leur était pas odieux, comme celui des temples qui avaient servi au paganisme et qu’ils s’employaient à détruire avec celui-ci. Les premières basiliques chrétiennes et les plus célèbres furent celles de Saint-Laurent, Sainte-Agnès, Saint-Paul, hors des murs de Rome. Elles furent imitées ensuite par celles plus somptueuses de Sainte-Marie Majeure et de Saint-Jean de Latran. La basilique chrétienne continua ainsi celle des Romains. À Rome, les églises dénommées basiliques restent toujours ouvertes, alors que les autres églises sont fermées à certaines heures.

Au moyen âge, on appela aussi basiliques des chapelles consacrées aux martyrs, des oratoires privés et des édicules élevés sur les tombeaux des grands.

On continue aujourd’hui à donner le nom de basiliques à de très grandes églises, et aussi, par une substitution pompeuse des termes, à des églises qui ne sont très grandes ni par leurs dimensions ni par leur beauté.

Palladio appela basiliques des constructions de la Renaissance ayant une destination semblable à celle des basiliques romaines. Le terme fut ensuite réservé de plus en plus à des édifices du culte et on donna les noms de palais de justice, hôtels de ville, bourses, etc…, aux monuments où se rendait la justice, où se traitaient les affaires publiques et celles de la banque et du commerce. ― Édouard Rothen.

Bibliographie : Dictionnaire National ou dictionnaire universel de la langue française, par Bescherelle aîné (Paris, 1856). ― Dictionnaire de l’Académie des Beaux-Arts (Paris, 1868). ― Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, par Daremberg et Saglio (Paris 1877).


BASOCHE. n. f. (du latin basilica, tribunal). On désignait jadis, sous le nom de basoche, le corps et la juridiction des clercs de procureur. Lorsque les rois de France habitaient le Palais de Justice, qu’on nommait souvent le Palais Royal, tous les clercs du parlement formaient une association, un corps connu sous le nom de basoche ; ceux qui en faisaient partie s’appelaient clercs de la basoche. Ils élisaient un roi, qui avait une cour, des armoiries et rendait la justice, deux fois par semaine, au Pré-aux-Clercs. La basoche présidait aux divertissements publics. Elle donnait des représentations théâtrales où l’on jouait des pièces appelées farces, soties, moralités. Tous les ans, le roi de la basoche passait la revue de ses sujets. Henri III supprima le titre de « roi de la basoche », Aujourd’hui, en langage familier, on désigne sous le nom de basoche l’ensemble des petits et gros parasites légaux : avoués, notaires, huissiers, etc…


BASSESSE. n. f. Au sens propre, le mot bassesse sert à désigner le manque d’élévation dans le rang, dans la position. C’est ainsi que les aristocrates reprochent aux individualités issues du peuple la bassesse de leur naissance. Mais le mot est beaucoup plus employé dans son sens figuré où il sert à désigner la petitesse d’esprit, le manque de dignité. Exemple : la bassesse de caractère des politiciens. Il faut mépriser les gens dont on devine la bassesse morale. Car ce sont ceux-là qui entravent toute action désintéressée, toute réalisation généreuse. Malheureusement, il existe beaucoup de ces individus méprisables qui ne savent que courber l’échine ou faire des platitudes, qui subordonnent tout à leur ambition, à leur soif d’argent ou

encore, à leur désir de tranquillité. La lâcheté de ces individus est responsable de presque toutes les calamités car elle renforce la puissance des oppresseurs. Il n’est pas de pires ennemis pour les classes laborieuses que ces esclaves qui se font les chiens de garde des exploiteurs ou qui ne savent qu’approuver la conduite du maître. Les anarchistes doivent combattre sans répit la bassesse morale qui fait de constants ravages dans les rangs des opprimés. Pour que soit prochaine la libération de l’humanité, il faut inoculer au peuple tout entier le sérum de la générosité et de la dignité humaine.


BASTILLE. n. f. Autrefois une bastille était un ouvrage détaché de fortification. Puis le mot a servi à désigner un château fort et est enfin devenu célèbre en tant que nom de l’ancienne prison d’État de Paris. La Bastille, construite à Paris, à la porte Saint-Antoine, fut commencée sous Charles V par le prévôt Hugues Aubriot en 1370, et terminée en 1382. Elle devint bientôt une prison d’État qui reçut, entre autres détenus illustres : Jacques d’Armagnac, Bassompière, Foucquet, L’Homme au Masque de Fer, la marquise de Brinvilliers, le duc d’Orléans, Voltaire, Laly-Tollendal, Latude, etc… Cette forteresse ne tarda pas à devenir le symbole de l’absolutisme royal et du régime du bon plaisir. Aussi fut-elle prise d’assaut et détruite, le 14 juillet 1789, par le peuple de Paris en révolution. Le 14 juillet 1789 est certainement une des plus belles journées révolutionnaires du monde entier. Plus tard, en 1880, le gouvernement français, pour mieux berner le peuple dit « souverain », choisit comme fête nationale le 14 juillet, jour anniversaire de la prise de la Bastille. Ainsi a-t-il fallu que le souvenir de cette journée glorieuse soit sali chaque année par une mascarade politicienne. Par extension, le mot bastille sert aujourd’hui à désigner une prison quelconque, un moyen d’asservissement.


BASTONNADE. n. f. (du vieux français baston pour bâton). Volée de coups de bâton. La bastonnade qui ne se pratique guère aujourd’hui était fort courante jadis. Un seigneur faisait bâtonner ses sujets jusqu’à ce que mort s’ensuive si tel était son bon plaisir. Les écrivains eux-mêmes n’étaient pas à l’abri des coups. On se souvient que Voltaire ayant raillé un Grand dans une satire, cet important personnage fit cruellement bâtonner le malheureux poète par ses gens. Il est encore beaucoup d’individus qui estiment, aujourd’hui encore, que « la raison du bâton est toujours la meilleure », mais le peuple, moins passif que jadis, ne saurait plus supporter ces infâmes procédés de brutes.


BÂTARD. adj. et n. (de bât, engendré sur le bât, dans une auberge). Se dit de celui qui est né de parents non mariés ensemble. Jusqu’à nos jours ― et même à l’heure actuelle ― le bâtard a dû subir d’innombrables vexations. Il fut toujours mis en état d’infériorité et dépouillé de ses droits en faveur de l’enfant légitime. La société, cette marâtre, qui hait les indépendants, se vengeait sur des innocents du « crime » commis par ceux qui avaient trouvé bon de s’aimer et d’enfanter sans le concours des chinoiseries religieuses ou légales. Ce sont les grands révolutionnaires de 1789 qui mirent les bâtards sur le même pied que les enfants légitimes. Mais, de nouveau, le Code civil favorise les enfants légitimes pour « sauvegarder les institutions familiales », La IIIe république a quelque peu amélioré la situation en réagissant contre les tendances du Code civil. Toutefois, il n’en reste pas moins que, de nos jours encore, le bâtard est victime d’une sorte de discrédit moral ― et parfois matériel. Il importe de réagir contre cet absurde discrédit, conséquence des préjugés ancestraux.