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procédant du même monos, n’existent pour nous que relativement à notre vie, qui ne dépasse guère un siècle, et à notre corps, dont le poids moyen, à l’âge adulte, varie de 50 à 80 kilos.

Tout concorde pour rendre plausible l’hypothèse qui voit dans la condensation de l’éther la genèse du monde stellaire.

Les grands corps célestes, les systèmes binaires et ternaires ainsi que notre Soleil, passent tous par cinq périodes caractéristiques d’évolution ascendante. La sixième période marque le commencement de leur déclin, précédant leur dissolution dans le substratum incréé de l’Univers, d’où, phénix éternels, ils ressuscitent de la poussière cosmique à des formes analogues mais rajeunies pour parcourir un nouveau cycle de vie stellaire depuis la nébuleuse gazeuse jusqu’à la comète, débris de mondes.

De ces six phases ou périodes d’évolution, les cinq premières, qui constituent la vie stellaire ascendante, peuvent être subdivisées en :

1o Période de l’état gazeux incandescent. Cet état est caractérisé par une nébulosité diffuse ne présentant aucun indice de condensation et brillant d’une lueur uniforme bleuâtre qui va en s’éclaircissant légèrement vers les bords. Ces nébuleuses, qui donnent un spectre formé de raies brillantes ne pouvant pas être résolues en étoiles furent désignées par Herschel du nom de brouillard planétaire et constituent le substratum de l’Univers, qui sert de matière première à la formation des mondes.

2o Période de la nébuleuse stellaire, c’est-à-dire période de la formation d’un noyau lumineux au milieu de la nébuleuse de plus en plus incandescente et de forme à peu près sphérique.

Après une évolution de millions de siècles et pendant laquelle la nébuleuse stellaire, devenue étoile, a brillé, tels Sirius, Rigel ou Vega, d’un vif éclat blanc-bleuâtre à une température de 12.000 degrés environ, cette jeunesse stellaire entre dans la période suivante.

3o Période qui est celle de la formation des « taches » , c’est-à-dire d’un premier commencement de refroidissement de la surface de l’astre.

C’est l’âge de la maturité des étoiles. À cette catégorie d’étoiles, généralement jaunâtres, appartiennent notre Soleil, Capella, Arcturus, Procion. Ces étoiles, comme notre Soleil, ont une température moins élevée — 6.000 degrés pour l’astre du jour — et se font remarquer par l’altération que subit l’intensité de leur lumière.

4o La quatrième période est celle des éruptions et correspond à l’état d’un astre couvert d’une écorce obscure et refroidie, mais encore trop ténue pour opposer un obstacle absolu aux éruptions que détermine la partie centrale du globe demeurée à l’état de fusion. Ces éruptions sont souvent d’une telle violence que le soleil, déjà prêt à s’éteindre, se transforme de temps en temps en brasier ardent.

Les représentants de cette quatrième période se rencontrent parmi les étoiles rouges foncées à température de 3 à 4.000 degrés et surtout parmi les étoiles dites nouvelles.

Depuis l’ère vulgaire, on a enregistré près d’une trentaine d’apparitions de ce genre. Nous citons parmi les plus remarquables : L’étoile nouvelle qui se fit voir dans la constellation de l’Aigle en 1380, et qui, après avoir brillé d’un éclat égal à Vénus, disparut à jamais après trois semaines de visibilité. En 1572, on aperçut une étoile nouvelle dans la constellation de Cassiopée que Tycho de Brahé a longuement décrite. Cette étoile, surnommée la Pelerine, était si brillante, qu’elle était visible en plein jour. En 1604, une étoile nouvelle se fit aussi voir dans le Cygne, elle s’éteignit en 1606. Le

31 janvier 1875 dans la constellation de l’Orion, en 1901 dans celle de Persée et le 8 juin 1918 à 22 h. 45 minutes de l’heure de Greenwich dans la constellation de l’Aigle pour ne signaler que celles-là.

5o La cinquième période marque enfin le refroidissement complet de l’écorce extérieure de l’astre, la transformation d’une étoile en planète.

Au début de cette cinquième période, au milieu de laquelle se trouve aujourd’hui notre Terre, la mer la recouvrait probablement tout entière, et ce n’est que peu à peu que l’Himalaya, les Andes et les Alpes ont dû émerger des flots de l’Océan primordial.

Notre Terre incontestablement et toutes les planètes habitées, ses sœurs, appartiennent à la cinquième phase de leur évolution, phase qui est à l’apogée d’une vie stellaire.

La lumière, dont la vitesse nous sert de mesure pour les distances intersidérales, est la cause de la visibilité et de la coloration des corps. Elle est composée de particules matérielles extrêmement petites, qui se meuvent à raison de 300.000 kilomètres par seconde et 9 trillions 467 milliards de kilomètres par an. C’est l’astronome danois, Olaf Roemer, qui découvrit, en 1675, le premier, la vitesse de la lumière en constatant que les éclipses des lunes de Jupiter retardaient ou avançaient d’environ 16 1/2 minutes selon que la grande planète se trouvait en conjonction ou en opposition avec le Soleil, c’est-à-dire que ces éclipses sont vues par nous plus tôt ou plus tard selon que la Terre est du même côté du Soleil que Jupiter ou du côté opposé, par conséquent plus près ou plus loin de cette planète.

Notre étoile, le Soleil, avec toutes ses planètes, se meut à raison de 20 kilomètres par seconde dans l’espace et est profondément plongée dans la Voie Lactée, qui n’est, elle-même, qu’un des x-nonillions d’archipels de soleils dont se compose l’Univers illimité.

On évalue le nombre de soleils qui brillent dans la Voie Lactée approximativement à celui des êtres humains qui peuplent notre monde sublunaire.

La lumière, qui va en une seconde un quart de la Lune à la Terre, en 8 minutes 13 secondes du Soleil à la Terre, en 4 ans de la Terre à l’étoile la plus proche, Alpha du Centaure, met environ 5.000 années pour traverser la profondeur, et au moins 25.000 années, pour franchir la longueur de la Voie Lactée.

Des amas très serrés d’étoiles, tels la Nuée de Magellan, celui d’Hercule et autres sont comme les faubourgs de la Voie Lactée et semblent s’étendre à 100.000 années de lumière au moins de nous.

C’est dans le Grand Nuage de Magellan que se trouve l’étoile variable supergéante, S. Dorade, dont le diamètre dépasse 300 millions de kilomètres (celui du Soleil n’est que de 1.391.000 kilomètres) et la luminosité de 600.000 fois celle de l’astre du jour. (La luminosité du Soleil dépasse de 600.000 fois celle de la Lune). S. Dorade est à 100.000 années de lumière de nous.

À ce sujet, Flammarion écrit : « Le rayon lumineux qui part aujourd’hui de S. Dorade n’atteindra la Terre que dans cent mille ans. D’ici là, les théories astronomiques et toutes les idées actuelles des habitants de la Terre se seront quelque peu modifiées. Les générations de ce lointain futur formeront un autre monde sur notre monde. »

Au delà, l’espace paraît privé d’étoiles sur des distances énormes par rapport aux dimensions de la Voie Lactée.

Plus loin, bien plus loin encore, et à la limite de nos calculs actuels, nous trouvons, à des millions et des millions d’années de lumière, les nébuleuses spirales dont on a repéré plusieurs centaines de mille. Posées