Page:Faure - Encyclopédie anarchiste, tome 1.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
ARM
127

l’arrière 550.000 hommes dont 350.000 travailleurs. Pour les lignes de communications, il y avait 267.000 hommes dont 151.000 employés aux transports. Au total : 2.076.000 hommes dont :

1.646.000 fournis par la Grande-Bretagne.
270.000 — — le reste de l’Empire.
152.000 — — les indigènes.

En août 1914, l’Angleterre disposait de 486 canons, à l’armistice de 6.437.

10 millions 1/2 d’hommes ont pris part à la guerre.

États-Unis. — Les dépenses en 1914 étaient de 257.354.067 dollars. En 1925, elles sont de 617.761.921 dollars.

Japon. — En 1914, le budget de la guerre est de 94.440.346 yens et autant pour la marine. En 1925, 206.991.410 yens et un peu plus pour la marine, soit une augmentation de 89 % en valeur-or.

Italie. — En 1914, 609.100.000 lire pour la guerre ; 309.086.000 lire pour la marine ; 9.799.000 lire pour l’armée coloniale. En 1925, dépense totale : 3.789.251.000 lire. Il y aurait lieu d’y ajouter les dépenses pour les carabiniers, 47 millions et les dépenses de la milice nationale.

L’Italie réorganise sérieusement sa puissance militaire qui est d’un quart plus forte qu’en 1914. La politique joue dans l’armée un rôle moins grand qu’autrefois. Le ministre responsable a, à côté de lui, un haut chef militaire qui est fixe.

Par rapport à 1914, les effectifs de l’infanterie ont été maintenus, la cavalerie très diminuée, l’artillerie augmentée, le génie très augmenté. Le recrutement touche tous les hommes valides instruits : on a adopté le service à très court terme pour des raisons budgétaires.

L’armée du pied de paix comprend 15 corps d’armée ou 30 divisions. En cas de guerre, il y aurait 24 corps d’armée, 63 divisions, armées de 2.400 pièces de campagne et 2.000 pièces lourdes.

Les officiers sont au nombre de 19.000 au lieu de 16.000 avant la guerre. Leur situation a été améliorée.

L’Italie est l’une des rares puissances qui n’envoient pas d’officiers à l’instruction en France.

Belgique. — En 1913, le budget était de 87.891.000 francs. En 1925, le budget est de 593.075.000 francs. Soit une augmentation de 43 %, la dévalorisation du franc étant de 74 %.

La Belgique marche sur la voie du désarmement en raison de l’impopularité du service militaire. Celui-ci est ramené à 10 mois.

Pays-Bas. — En 1914, le budget était de 50.335.000 florins. En 1925, le budget est de 101.996.000 florins.

Espagne. — En 1914, pour la Guerre, le budget était de 211.900.000 pesetas ; pour la Marine, 69.920.000 pesetas ; pour le Maroc, 108.620.000 pesetas.

En 1925, pour la Guerre, le budget est de 357.734.000 pesetas ; pour la Marine, 163.237.000 pesetas ; pour le Maroc, 254.189.000 pesetas.

Suisse. — En 1914, le budget de la Guerre était de 53.474.000 francs. En 1925, le budget de la Guerre est de 81.100.000 francs. Soit une diminution de 18 % y compris les dépenses des cantons et municipalités.

La durée du service militaire est de six mois, mais il y a les périodes (!  !  !). Aussi, les citoyens suisses sont-ils astreints, chaque année, de goûter, six semaines durant, aux délices de la vie de caserne !

Pologne. — L’armée a été organisée par des officiers français sur le type français. Sa composition est mauvaise. Son instruction laisse à désirer, sauf dans les territoires enlevés à l’Allemagne. Elle est travaillée par les dissensions politiques. Les Juifs sont exemptés du service militaire.

Heureux Juifs !

La victoire de 1920 sur la Russie n’est qu’un bluff grotesque.

Tchéco-Slovaquie. — Armée organisée par le général Mittelhauser qui empêcha l’invasion des troupes de Bela-Kun. L’organisation progresse ; mais les habitants d’origine allemande acceptent mal l’obligation de service. Nombreuses désertions et suicides.

Au pays des Soviets. — Le service à long terme ne concerne qu’une partie de la population. Le service militaire est populaire en raison de la situation matérielle du soldat. Dans la belle saison, l’armée met son matériel au service de la culture. L’armée est une école d’instruction générale et politique.

L’État-Major travaille activement, mais les résultats sont encore loin d’être au point où les chefs les veulent pousser. C’est surtout le matériel qui fait défaut. Beaucoup d’officiers de l’ancien régime servent dans l’armée actuelle. Ils ne se trouvent probablement pas dépaysés. Les cadres bolcheviks sont peu instruits. L’aviation a fait de grands progrès.

Allemagne. — 352.088.406 marks-or pour l’armée ; 104.263.060 marks-or pour la marine ; 197.162.416 marksor pour la police ; 11.362.300 marks-or pour l’aéronautique. Soit les 3/4 de la France.

L’Allemagne entretient 100.000 soldats de carrière, faisant 12 ans de service et une police militarisée d’un effectif double. Les dépenses portent surtout sur le matériel (produits chimiques et aviation). Imitant la Prusse, après 1806, l’Allemagne organise ses forces militaires de manière à pouvoir mobiliser la nation tout entière en cas de guerre. Bien que le service de l’armée allemande ne soit pas pénible, on y relève un nombre considérable de suicides, qui ont ému le Parlement.

On n’est pas d’accord sur les causes véritables de cette épidémie, on fait toutefois remarquer qu’elles se rattachent au dégoût de l’existence qui se manifeste dans les classes laborieuses, excédées de privations.



Les chiffres et renseignements ci-dessus sur l’état des armées des principaux pays du monde sont d’une éloquence singulière. Ces chiffres parlent, on ne peut les contester. Les militants qui voudront s’en inspirer pour mener leur propagande ne devront cependant pas faire grand cas de la durée du service dans les divers pays. Celle-ci n’a qu’une importance relative, parce que les différentes armées ne sont pas bâties sur le même type.

L’Armée Française actuelle. — Nous nous en voudrions de terminer cette étude, sans consacrer une page importante au militarisme du pays où le hasard nous a fait naître. Si nous commettions une telle faute, nous manquerions à un devoir essentiel. Ne devons-nous pas combattre l’institution militaire là où nous en subissons les rigueurs, là où nous sommes astreints, sous peine de condamnations sévères, de lui consacrer une partie de notre existence, quand ce n’est pas notre vie même qu’elle nous réclame, au nom de la « patrie en danger ? ».

Le budget de la Guerre se montait en 1914 à 1.720 millions, il est de 4.544 millions en 1925. En valeur nominale, l’augmentation est de 164 %.

L’armée du service de dix-huit mois supposait les effectifs suivants :

Contingent : 370.000 hommes ; militaires de carrière : 100.000 ; employés civils : 30.000 ; militaires indigènes : 200.000. — Au total : 700.000 hommes.

Les effectifs actuels sont : contingent : 330.000 hommes ; militaires de carrière : 75.000 ; employés civils : 17.000 ; militaires indigènes : 180.000.

Soit 602.000 hommes.

Les 32 divisions existantes doivent être regroupées en 24, 20 ou même 16.

Sur un effectif de 1.776, un régiment de Paris compte 698 disponibles.