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2o D’autre part, un anarchiste et, à plus forte raison, un militant est dans l’obligation de connaître le mouvement social dans toutes ses manifestations et non pas uniquement dans ses rapports avec l’Anarchisme qui n’est, en réalité, qu’une des variétés de ce mouvement. S’il veut examiner un problème non seulement sur le plan idéal et idéologique, mais encore sur celui des réalités, il est nécessaire qu’il soit éclairé, renseigné, documenté sur tous les faits, chiffres et précisions qui touchent à ce problème.

Pour répondre à cette nécessité, l’Encyclopédie Anarchiste doit être une mine dans laquelle le lecteur puisera à pleines mains les indications de toute nature qui lui sont indispensables.

C’est pourquoi, je me suis adressé à des collaborateurs qui, en se spécialisant, ont acquis : en philosophie, en histoire, en science, en art, en sociologie, des connaissances sûres, substantielles et étendues.

J’ai demandé : au philosophe de nous dévoiler la profondeur, la subtilité et la justesse de ses cogitations ; au sociologue de nous concéder le fruit de ses études ; à l’homme de science de nous faire bénéficier de ses recherches et constatations ; à l’écrivain de nous renseigner sur les trésors d’imagination et de savoir que renferment les bibliothèques ; à l’artiste de nous faire connaître et aimer les merveilles où s’avère le sens pur de la beauté ; au médecin de nous enseigner l’art de lutter contre les maladies qui déciment l’espèce et, par l’hygiène, de doter les humains de la robustesse et de l’endurance désirables ; à l’éducateur de nous initier au problème délicat de la formation des intelligences qui s’éveillent, des jugements qui se forment et des cœurs qui s’épanouissent.

J’ai demandé au « Sans-Dieu » de nous indiquer les motifs profonds de son athéisme, au « Sans-Patrie » de nous exposer les causes de son antipatriotisme ; au « Sans-État » de nous faire connaître les raisons de son antiétatisme ; au « Sans-Propriété » de nous dire le pourquoi de son anticapitalisme, au « Sans-Maître » de nous ouvrir son cœur pour que nous y découvrions les ressorts puissants de ses farouches révoltes.

Oui : à tous ceux qui ont qualité pour énoncer quelque chose de véritablement intéressant et nouveau sur la multitude des questions qui tourmentent actuellement la conscience humaine, j’ai demandé de s’exprimer loyalement, franchement, librement dans cette Encyclopédie que je voudrais être une page nouvelle et lumineuse dans l’évolution sociale.

Et tout cet ouvrage témoignera que mon appel a été entendu et que ma requête a été exaucée.



Ceci est singulier, mais exact : l’Anarchisme envahit tous les domaines qu’embrasse l’activité humaine : politique, économie sociale, religion, morale, patrie, famille, arts, sciences, etc…

Il a son mot à dire, son point de vue à exprimer, ses conclusions à formuler sur toutes les questions que posent le cours des événements, la marche des idées, la vie sentimentale, le développement complexe de la Société.

C’est pourquoi le lecteur aura la très agréable surprise et la très vive satisfaction de trouver dans cet ouvrage — bien qu’il porte un titre en apparence limitatif — des études extrêmement variées concernant nombre de sujets, principes, théories et faits que les esprits étroits ont le tort de considérer comme étant en dehors de l’Anarchisme.

Les intelligences obtuses assignent à l’Anarchisme les limites d’une doctrine sociale, enfermée dans quelques formules lapidaires et ayant pour fin l’assouvissement des appétits les plus grossiers et des instincts les plus bas, par le « chambardement » des Institutions actuelles.

Il suffira à ces ignorants de consulter cette Encyclopédie, pour apprendre — enfin — que l’Anarchisme a son point de départ dans les poussées les plus nobles, que les convictions anarchistes ne se développent et ne s’affermissent que dans les cerveaux les plus clairs, les jugements les plus sûrs, les cœurs les plus affectueux, les volontés les plus fortes et les consciences les plus droites, et que le but de l’Anarchisme est d’élever tous les Individus, sans distinction de sexe ni de race, par le Bien-Être et la Liberté, jusqu’aux purs sommets de la sensibilité et de la raison.


Chers Compagnons,

Tous les partisans de l’Autorité et de sa fille : la Contrainte, tous les défenseurs de ce qu’on appelle bien à tort « l’Ordre Social », basé sur l’État et la Propriété, sur la Patrie et la Religion, sur le Code et la Morale officielle, sont les détracteurs systématiques de l’Anarchisme.

Ils dénaturent à plaisir les fondements de notre doctrine ; ils ridiculisent à l’envi nos principes et nos méthodes d’action ; ils nous prêtent, sans compter, les desseins les plus vils ou les intentions les plus folles ; ils entravent avec acharnement notre propagande, par l’étouffement et la répression.

Pour tous, l’Anarchisme est l’ennemi et nous sommes, en effet, les ennemis déterminés de