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Et s’il a laissé, parmi des travaux si divers, quelque grand monument interrompu par la mort, l’imagination complète sa gloire en achevant son œuvre, en la rêvant plus belle peut-être que ne serait la réalité même ; et ce qui est resté d’inconnu dans sa destinée contribue à le grandir encore dans le souvenir des hommes.

Telle, plus d’une fois, l’image de Pascal nous est apparue dans sa tristesse et dans sa grandeur.

Un des premiers nés de la génération sublime qui accumula tant de chefs-d’œuvre dans le XVIIe siècle, Blaise Pascal vint au monde à Clermont, en 1623. Il appartenait, par son père et par son aïeul maternel, à cette magistrature qui avait conservé presque seule, au milieu de nos troubles civils, le sentiment du devoir et celui de la liberté publique.

Étienne Pascal, second président à la cour des aides de Clermont, homme d’une instruction solide et surtout fort versé dans la géométrie, fit lui-même l’éducation de ses deux filles et de son fils Blaise. Le jeune Pascal fut ainsi élevé, comme l’avait été Montaigne, dans la maison paternelle, genre d’éducation le plus propre à conserver la pureté du cœur et à développer l’originalité de l’esprit. Fils unique d’un père qui aimait la science et la cultivait avec passion, il fut, sortir du berceau, voué, pour ainsi dire, à l’exercice exclusif de la pensée.

A l’âge de trois ans il perdit sa mère et resta privé des tendres soins et des douces caresses qui eussent heureusement tempéré la sévérité de l’enseignement paternel. On doit croire qu’Étienne Pascal, entraîné, comme il arrive souvent, par son zèle et peut-être par son amour-propre de père, hâta outre mesure les fruits de ce précoce génie. Il était