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et multiple génie qui, disant lui-même avec un modeste orgueil que la géométrie devait être l’essai et non l’emploi de notre force, indiquait assez que, pour analyser les puissances de sa pensée, il faudra surtout faire ressortir son caractère de profond moraliste et d’écrivain sublime. » (Rapport de M. le secrétaire perpétuel, dans la séance du n juin 1840.)

(c) La Méthode parut pour la première fois en 1637. Pascal avait alors quatorze ans, et deux ans plus tard il avait composé un Traité des coniques, ouvrage tellement fort, que Descartes ne voulut jamais croire qu’un géomètre de seize ans en fût l’auteur. (Voyez sur ce dernier point la Vie de Descartes, par Baillet.)

(d) Il faut lire dans les Mémoires de Fontaine (tom. II) le simple et attrayant récit de la première entrevue qui eut lieu à Port-Royal-des-Champs entre M. Lemaître de Sacy et M. Pascal, dont l’arrivée fit grande sensation parmi les solitaires, car sa conversation brillante charmait et enlevait tout le monde. « M. Pascal, ajoute Fontaine, dit à M. de Sacy que ses deux livres les plus ordinaires avaient été Epictète et Montaigne. » C’est à cette occasion que les deux interlocuteurs eurent ensemble cet entretien si grave et si beau, rapporté par Fontaine, d’où l’on a extrait en l’altérant le morceau qui se trouve parmi les Pensées sur Epictète et Montaigne. La philosophie des stoïciens était fort en vogue à la fin du XVIe siècle et au commencement du XVIIe. La traduction française du Manuel d’Épictète, par Du Vair, était alors très-répandue.

(e) M. de Chateaubriand termine ainsi le chapitre consacré à Pascal dans le Génie du christianisme : un triste retour sur nous-même. Pascal avait entrepris de donner au monde l’ouvrage dont nous publions aujourd’hui une si petite et si faible part.

Quel chef-d’œuvre ne serait-il point sorti des mains d’un tel maître !... » (3e partie, liv. 2, chap. 6. — Voyez aussi 4e partie, liv. 6, chap. 12.)