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Mais, au commencement du XVIIe siècle, quelques hommes, laïques et prêtres, vinrent successivement se grouper autour de ces saintes femmes dont quelques-unes leur étaient unies par les liens du sang. Ils formèrent ainsi une réunion dont les membres n’avaient mission que de leur zèle, et n’étaient retenus que par l’engagement d’une vocation toute volontaire. Ces pieux solitaires, qui ne voulaient, comme ils le disaient eux-mêmes, d’autres lettres patentes que celles de Dieu, scellées de son Saint-Esprit[1], se proposaient, comme les jésuites, de corriger les mœurs en instruisant la jeunesse ; mais aussi rigides pour les vices du monde que les jésuites étaient conciliants, ils semblaient s’être donné la mission d’expier, dans les austérités de la retraite, la corruption de leur siècle. Ils étaient les stoïciens du christianisme ; ou, pour mieux dire, ils reproduisaient aux portes de Paris même, au milieu des troubles civils et des mille agitations des grands et du peuple, les images vivantes de ces Pères du désert qui se cachaient autrefois dans la Thébaïde, n’ayant plus de commerce qu’avec Dieu. Là étaient venus se réfugier de grands esprits, des hommes célèbres dans le barreau, dans les armes, dans les hautes fonctions publiques ou dans les plaisirs de la société, et qu’une vocation mystérieuse entraînait tout à coup loin de la foule. Là parut un jour Pascal cherchant un abri contre son propre génie et sa mélancolie, et qui devait donner à Port-Royal, en retour de l’hospitalité, un de ses plus beaux titres de gloire.

Dans cet asile consacré à la prière, au chant des cantiques

  1. Recueil de pièces, etc. — Mémoire d’Antoine Lemaître.