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Lorsque cette controverse, renouvelée de saint Augustin de saint Thomas, reparut dans l’Église, deux tentatives, fort diverses dans leur esprit et dans leurs moyens, avaient eu lieu pour relever les croyances catholiques affaiblies par les désordres même du clergé et les fautes de la papauté, par l’anarchie morale qui suit toujours les troubles civils, et enfin par la réforme protestante.

D’une part, un Espagnol, simple laïque, mais qui cachait sous la profession accidentelle des armes un cœur de moine et d’apôtre ou se réveillèrent tout à coup les passions du prosélytisme le plus ardent, Ignace de Loyola, réunissant le double génie de la contemplation et de l’action, avait fondé la société de Jésus. Dans la pensée de leur héroïque fondateur, les jésuites, liés au saint-siège par une soumission absolue et destinés à rétablir l’unité catholique, formaient une milice multiple chargée de suffire à la fois à l’enseignement, à la controverse, à la direction des âmes, à la prédication et à la propagation de la foi dans le monde entier. Cette corporation, qui réunissait des hommes dont les caractères et les talents divers étaient appropriés, sous une direction unique, à tous les besoins et à tous les devoirs de la religion et de la société, eut bientôt étendu son influence dans toute la chrétienté : elle compta des docteurs d’un grand savoir, des saints, des martyrs. Mais à mesure que sa puissance se développa, l’institution se corrompit. Séduits par ce qu’il y avait de véritablement grand dans leur but, les jésuites finirent par croire que tous les moyens étaient bons pour reconquérir le monde au catholicisme. L’esprit de domination altéra en eux celui de la charité et de l’humilité chrétiennes. S’inquiétant beaucoup moins d’améliorer les âmes que de les subjuguer ; tran-

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