Page:Faugere - Eloge de Pascal - A 10644.pdf/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 12 )

peint les hésitations de son frère devant le respect humain ; nous dit comment, cédant à ses exhortations réitérées, il vint première retraite à Port-Royal-des-Champs, sans que le monde en sût rien, et comment enfin il se livra tout entier à sa vocation nouvelle. « Les uns disent, écrivait-elle, qu’il s’est fait moine ; d’autres, ermite ; d’autres, qu’il est à Port-Royal. Il le sait et ne s’en soucie guère. »

Cependant, en proie à ses agitations intérieures, Pascal essayait de dompter son esprit inquiet en s’humiliant dans les pratiques les plus minutieuses, et, suivant son humeur excessive en toutes choses, il se courbait sous le joug visible des austérités corporelles. Attiré de loin vers la sphère supérieure où se trouvent ensemble les ardeurs de l’intelligence et la paix du cœur, il en cherchait le chemin ; et dans l’angoisse de son désir il suivait les traces extérieures de ceux qui avant lui étaient parvenus dans ce monde invisible de la lumière et de la consolation.

En même temps, il concentrait sa réflexion puissante sur les livres saints : il y trouvait l’histoire du cœur de l’homme racontée avec une simplicité et une splendeur de langage, et surtout avec une profondeur qu’il n’avait rencontrée nulle part ; et, pénétrant de plus en plus dans les mystères de la divine Sagesse et dans les secrets de la destinée humaine, il concevait le dessein d’une apologie de la religion chrétienne.

Il préparait les matériaux de cette œuvre suprême de sa vie et de son génie, quand il se trouva tout à coup appelé dans le champ de la polémique par ses amis de Port-Royal.

Les Provinciales, ce livre si plaisant et si terrible, n’était