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lorsqu’elle l’ouvre pour la première fois, le trouve si peu conforme au type ineffable du beau et du bien qu’elle porte en elle, avaient profondément tourmenté le cœur de Pascal. Il éprouvait le dégoût de ses premières études, et sa propre existence le fatiguait, lorsque, cédant aux secrètes révélations du monde intérieur, il détourna du monde physique, pour ne plus le diriger que sur Dieu et sur lui-même, le regard profond de sa pensée.

Une première fois déjà, à l’âge de vingt-trois ans, il avait ressenti les vives atteintes de la religion. Dans la compagnie de ses sœurs et de son père, alors intendant des finances à Rouen, il avait reçu une forte impression de la charité fervente de deux gentilshommes du voisinage qui se dévouaient au soin des malades et à tous les devoirs d’une vie exemplaire. Guidé par leurs pieux entretiens, il avait lu quelques ouvrages d’Arnauld, de Jansénius et de l’ardent et austère abbé de Saint-Cyran. Enfin, dans ses excursions à Paris, il était venu s’asseoir au pied de la chaire de l’abbé Singlin, prédicateur qui répandait l’onction d’une parole tout évangélique sur les sévères enseignements de Port-Royal.

Le cœur bouillant de Pascal n’avait pas alors gardé pour lui seul les sentiments nouveaux dont il était pénétré. Il les avait fait partager à son père, homme d’une conscience rigide, mais qui jusque-là s’était exclusivement consacré à l’étude des sciences et à ses devoirs de magistrat. Ses deux sœurs, esprits distingués, âmes élevées, dont le souvenir grave et charmant peut affronter sans crainte la solennité de cet éloge, Gilberte et Jacqueline Pascal, avaient aussi reçu le bienfait de cette prédication fraternelle.

Celle-ci, sœur plus jeune de Pascal, avait, dans sa pre-