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de la philosophie humaine ; mais l’ardente activité de son âme s’était portée sur toutes sortes de livres, comme on l’apprend de son propre témoignage[1].

Non : si belle qu’elle soit, l’étude des sciences mathématiques ne suffit point aux âmes richement douées. Ces calculs patiemment élaborés dans les froides régions de l’abstraction ne répondent pas pleinement à leur ambition. Si loin qu’ils soient poursuivis, ils n’apaisent pas ce noble désir départi à l’homme de connaître, de croire et d’aimer. Descartes, Newton, Kepler, Leibnitz et d’autres grands hommes de la science, ne se sont pas contentés des découvertes qu’ils ont faites dans le domaine de l’astronomie et du calcul : ils ont cherché le repos dans de plus hautes contemplations, et quelques-uns même ont écrit des œuvres de théologie.

C’est par la même loi de sa nature supérieure que Pascal, âgé de trente et un ans à peine, fut conduit à quitter l’étude des mathématiques pour celle de l’homme. « La science des choses extérieures, a-t-il dit, ne nous consolera pas de l’ignorance de la morale au temps de l’affliction ; mais la science des mœurs nous consolera toujours de l’ignorance des choses extérieures[2]. »

C’est qu’en effet Pascal avait besoin de consolation. Il souffrait d’un mal profond que la géométrie ne guérit point : il doutait.

La contradiction des systèmes dont il avait suivi la trace dans Montaigne et ailleurs, l’aspect de la société, ce livre le plus redoutable de tous pour une âme vive et pure qui,

  1. Tom. II, pag. 154
  2. Id., pag. 74.