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Pascal a laissé des œuvres bien diverses quant à leur objet et quant à leur forme, mais qui toutes portent l’empreinte de cet amour ardent de la vérité spéculative qui constitue son caractère éminent, fut le mobile constant de sa vie et la consuma.

Géomètre et physicien, il était, à trente ans, devenu célèbre dans toute l’Europe ; il avait produit des travaux que Leibnitz admirait (a) et qui suffiraient seuls à sa gloire. Cette partie de son œuvre ne peut pas être ici l’objet d’une appréciation complète (b) . Toutefois, il faut interroger les travaux du géomètre pour comprendre le véritable caractère du moraliste de l’écrivain.

Un génie moins ardent aurait perdu, sous l’aridité des études scientifiques, sa grâce et sa flamme ; c’est à leur discipline sévère que Pascal dut en partie les belles proportions de sa pensée et de son style. C’est dans la pratique des déductions mathématiques qu’il faut chercher le secret de la logique, de la clarté d’exposition, de la netteté et de l’ordre dans les idées, qualités qui, réunies à la vivacité naturelle de son esprit, font de Pascal un écrivain incomparable.

Quelle que soit l’influence qu’ait exercée sur lui la philosophie de Descartes, dont les clartés commençaient à se répandre, l’esprit de Pascal était formé, car il était déjà un géomètre lorsque Descartes fit paraître sa Méthode (c). C’est dans ses propres études, dans ses observations, dans son originalité intime et solitaire, que Pascal a trouvé la méthode toute géométrique qu’il emploie. Il en a lui-même donné les principes ; et il regrettait que cette application de l’esprit de géométrie à l’art de persuader, eût été négligée dans les ouvrages écrits, de son temps, sur l’art de la lo-