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chap. ix. — combat. — perte d’un ami.

Enfin, épuisé, accablé par le nombre, je tombai au fond de la pirogue et je voyais les couteaux luire au-dessus de ma tête quand un guerrier s’élança d’un bond rapide, écarta les armes qui me menaçaient et s’écria :

« Arrêtez, le visage pâle est fort et courageux, il a fait couler le sang de nos frères, sa mort serait trop douce, il doit être attaché au poteau du supplice. »

Des hurlements de joie accueillirent ces paroles et en un instant je fus garrotté, enlevé sur les épaules des Indiens et déposé à terre.

J’étais en proie à une douleur poignante. Je ne songeais pas aux tortures qui m’attendaient, je ne pensais qu’à une seule chose, la perte de mon bon Lewis.

Je l’avais vu tomber en défendant ma vie, c’était pour moi en partie qu’il avait entrepris ce voyage, et je m’accusais d’être la cause de sa mort. Je venais de le voir périr sous les coups de féroces ennemis, et je comprenais plus que je ne l’avais fait jusqu’alors combien ce digne ami était cher à mon cœur.

Je sentais que l’homme n’est pas créé pour vivre seul et que l’instinct de sociabilité que