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chap. vi. — l’ours gris

horriblement mutilé le compagnon du Jaguar. C’était là que la lutte avait commencé, et que l’ours acharné à la poursuite des Indiens les avait atteints et, avant qu’ils eussent pu se défendre, avait déchiré de ses énormes griffes le jeune guerrier que nous voyions étendu à nos pieds.

Ainsi que l’avait deviné Lewis, c’était aux détours de la première roche que nous avions contournée que l’ours, caché par les hautes herbes, s’était élancé sur les Pieds-Noirs, qui immédiatement avaient changé leur marche en une course rapide pour échapper à leur féroce ennemi.

Nous creusâmes tous trois une fosse avec nos couteaux et nous ensevelîmes le guerrier indien avec ses armes à l’exception de sa hache que le Jaguar avait gardée.

Après avoir recouvert la tombe avec des pierres et des troncs d’arbres pour empêcher les bêtes fauves de troubler le sommeil éternel du mort, nous nous retirâmes un peu à l’écart, Lewis et moi.

Le Jaguar resta quelques instants accroupi sur la tombe ; puis se relevant, il prit une poignée de sable qu’il jeta vers le point du ciel où le soleil se lève et revint vers nous. S’adressant