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le pied-noir

qui était devant nous. Hâtant notre course, nous pûmes enfin voir ce qui se passait.

Un ours énorme, la gueule ensanglantée, poursuivait à peu de distance un des deux Pieds-Noirs qui venait de le blesser d’un coup de lance et qui, en voyant le secours inespéré qui lui arrivait, s’élança de notre côté.

Encore une seconde et le malheureux allait être déchiré par la griffe puissante du monstre.

J’étais de quelques pas en avant de Lewis et au moment où l’Indien se jeta un peu de côté pour me permettre de faire feu sans danger pour lui, je tirai à la distance de dix pas et j’atteignis l’ours à l’une des pattes de devant près de l’épaule. Il trébucha un instant, puis se releva immédiatement et abandonnant la poursuite de l’Indien, il s’élança de mon côté en courant sur trois pattes.

J’avais saisi mon couteau et je me préparais à vendre chèrement ma vie, quand Lewis, prompt comme l’éclair, se trouva près de moi, épaula son arme et presque à bout portant, envoya sa balle dans l’œil de l’animal. Il roula foudroyé, ses pattes se crispèrent, il poussa un dernier rugissement et puis resta immobile. Il était mort.

Le secours de Lewis m’avait sauvé d’une mort certaine et je lui serrai affectueusement la main.