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chap. vi. — l’ours gris

Lewis suivait toujours la piste, quand, à un autre croisement de sentes, il s’arrêta court et me montra une empreinte énorme de longueur et de largeur, qu’on aurait prise pour le pied d’un géant si la marque des griffes à l’extrémité antérieure n’eût fait tomber cette supposition.

« C’est le pied d’un ours gris, me dit Lewis, je comprends maintenant la fuite des Pieds-Noirs. Marchons vite et tenons-nous prêts à tout événement ; peut-être arriverons-nous assez à temps pour sauver la vie à ces malheureux, car les traces sont fraîches et se dirigent vers cet amas de rocs appuyés à ce bouquet de bois qui est devant nous. »

Je fis observer à Lewis qu’il était peut-être plus prudent de changer de route, que de nous exposer à rencontrer ce terrible animal dont la force et l’intrépidité égalent la férocité, et auquel on ne peut échapper qu’en le tuant, ce qui est fort difficile à cause de l’épaisseur de sa fourrure.

D’une taille monstrueuse, haut sur jambes, il court avec une grande rapidité ; excellent nageur, il franchit les torrents les plus rapides et les rivières les plus larges ; il grimpe aux arbres avec beaucoup d’agilité, et sa force est telle que d’un coup de patte il brise le crâne d’un bison.