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chap. v. — inondation

terre rendue plus fertile par le limon se couvrirait rapidement d’une épaisse verdure, et les troupes de vautours feraient disparaître les chairs sanglantes des animaux morts.

Je m’étonnais que Lewis, ordinairement si prudent, nous eût fait réfugier sous un arbre dont la hauteur et la forme élancée devait, selon moi, attirer le tonnerre et nous exposer au danger d’être foudroyés, et je lui en fis l’observation.

D’abord, me dit-il, je n’avais pas le choix, il fallait échapper au plus vite au péril qui nous menaçait ; si nous étions restés dans la vallée, nous eussions été infailliblement engloutis par les eaux, ou écrasés par les animaux sauvages qui fuyaient en tous sens, mais en nous réfugiant sous un arbre résineux, comme l’araucaria, nous courions moins de risques que sous un arbre d’une autre espèce. La foudre tombe rarement sur les pins, les sapins, les mélèzes etc., etc., parce que la résine dont ils sont imprégnés est un mauvais conducteur de l’électricité. Cependant il ne faut pas absolument s’y fier, quoique hier plusieurs arbres moins élevés que celui sous lequel nous étions abrités aient été frappés par le feu du ciel ; mais comme je vous le disais, de deux dangers auxquels on est exposé, il faut choisir le moindre.