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les peaux-rouges

Une pluie diluvienne augmentait encore la sublime horreur de ce spectacle. L’eau tombait du ciel en nappes immenses et comprimait l’air de manière à m’ôter la liberté de la respiration. Chaque ravin, chaque dépression du sol s’était changée en torrent, et le rocher sur lequel nous étions formait une île au milieu de cette mer que quelques minutes avaient suffi à créer.

Cette pluie annonçait du reste la fin de la tempête ; elle commença à diminuer d’intensité, et une heure après je vis dans le ciel quelques éclaircies. Puis les nuages disparurent à l’horizon et les rayons du soleil éclairèrent de leur radieuse lumière cette scène de désolation.

Nous passâmes la nuit sur le rocher, et dès l’aube du jour nous reprîmes notre route dans la vallée dont les eaux s’étaient écoulées dans la rivière. Nous rencontrions de grandes flaques d’eau ; la prairie si verdoyante et si fleurie la veille était souillée par le limon venu des montagnes ; des cadavres d’animaux gisaient à terre ou pendaient accrochés dans les branches des arbres déracinés ; mais telle est la puissance de la végétation dans ces contrées que quelques jours devaient suffire à faire disparaître les traces de l’ouragan.

Le soleil pomperait les eaux stagnantes, la