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chap. v. — inondation

Un ours gris, un jaguar femelle suivi de ses petits bondissaient au milieu de cette troupe, oubliant leur férocité et ne songeant qu’à se dérober au péril que leur instinct leur révélait.

Hommes, animaux de toute espèce n’avaient plus qu’un sentiment, celui du danger.

Nous étions à peine arrivés sur un immense rocher qui surplombait la plaine et établis sous un énorme araucaria[1], que l’ouragan se déchaîna dans toute sa fureur.

Un sourd grondement se fit entendre au loin, la terre semblait agitée d’un mouvement intérieur, les arbres tremblaient sur leur tronc, et cependant pas le moindre souffle de vent ne se faisait sentir.

Aussitôt, comme une calotte colossale qui se serait précipitée du ciel, la tourmente s’abattit, et le désordre le plus épouvantable succéda à la morne tranquillité qui précédait.

Les arbres gigantesques pliaient comme des roseaux et, s’entre-choquant avec fracas, se brisaient emportés par la violence de la tempête. En un instant ces géants de la forêt disparurent

  1. Espèce d’arbre résineux qui s’élève à la hauteur de 70 à 75 mètres.