Page:Faucon - Le petit trappeur, 1875.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
chap. ii — le loup.

montant bientôt ce mouvement d’indécision en pensant qu’il était le seul défenseur de sa nourrice chérie, il s’avança hardiment au-devant de son adversaire et se plaça entre sa chèvre et lui. Le loup, rendu furieux par la faim, montra ses dents aiguës et fit quelques pas pour s’élancer sur l’enfant. Wilhelm n’avait pour toute arme qu’un gros bâton ; malgré ce faible moyen de défense, il attendit l’animal de pied ferme et lui en déchargea un violent coup sur la tête. Le loup chancela, et Wilhelm profita de ce moment pour redoubler ; mais la neige qui couvrait la terre avait rendu le terrain glissant. L’effort qu’il fit pour ramener son bâton lui fit perdre l’équilibre et il alla rouler sur le sol.

Il vit alors le loup s’élancer sur lui, et, dans ce moment suprême, se rappelant les préceptes de son père adoptif, sa pensée s’éleva vers celui qui n’abandonne jamais les faibles. Dieu entendit sa prière, car reprenant son sang-froid au moment où la gueule béante du loup lui soufflait son haleine humide à la figure, il se rappela qu’il avait sur lui un couteau solide et bien effilé, il s’en saisit et le plongea dans la gorge du féroce animal. Le loup poussa un hurlement terrible, recula un instant, s’élança de nouveau