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l’incendie. — trait d’héroïsme.

Des milliers d’animaux de toute espèce fuyaient en désordre de tous côtés, se mêlant, se heurtant et bondissant les uns sur les autres.

L’antilope côte à côte avec le jaguar, le bison et le loup ; les chiens des prairies, les rats, les écureuils rivalisaient de vitesse en oubliant leurs instincts de destruction ou leur timide faiblesse.

Devant le rideau de flammes et le précédant à peine de quelques mètres, une immense bande d’oiseaux de proie s’avançaient d’un vol rapide, fondant comme un trait sur les reptiles et les petits animaux que l’incendie poursuivait.

C’était un spectacle horrible et imposant tout à la fois. Nos chevaux dévoraient l’espace ; courbés sur leur encolure, nous respirions à peine au milieu de l’atmosphère brûlante et malgré les efforts de nos vaillants coursiers nous voyions la flamme se rapprocher de plus en plus et nous enfermer dans son cercle mortel.

Tout à coup le cheval du Renard se cabra, poussa un hennissement de douleur et s’abattit en renversant sous lui son cavalier :

Il avait marché sur un énorme serpent et le reptile furieux, oubliant le danger, avait enveloppé de ses replis les jambes de l’animal, et le mordait cruellement au poitrail.