Page:Faucon - Le petit trappeur, 1875.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
un prisonnier.

que son frère est toujours digne de son amitié et de celle des hommes de sa tribu. »

Le Grand Aigle m’accorda la promesse que je demandais, et je commençai.

Je rappelai d’abord mon arrivée dans la tribu, la part que j’avais prise à leurs exploits, les honneurs dont ils avaient voulu me combler en récompense de mes services, les soins que j’avais donnés à leurs femmes et à leurs enfants ; puis reportant la cause première à Lewis, je racontai comment il m’avait accueilli quand j’allais périr de faim et de misère, les jours que nous avions passés ensemble, les dangers que nous avions courus et notre lutte avec les Pieds-Noirs, ennemis aussi des Aricaras, lutte dans laquelle je croyais que Lewis avait perdu la vie et qui avait été cause de mon arrivée dans la tribu.

« Vous lui reprochez, ajoutai-je, d’avoir versé le sang de vos frères ; est-il venu chez vous porter la mort et l’incendie ? a-t-il enlevé vos femmes et vos enfants ? a-t-il volé vos chevaux ? Non. Il s’est défendu, et quand vous l’avez attaqué il se livrait paisiblement à ses occupations.

« Les prairies ne sont-elles pas assez vastes pour que nous y puissions vivre tous ? Dieu n’a-t-il pas créé assez de ressources pour que tous les