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un prisonnier.

Mon cheval s’arrêta au détour d’un wigwam qui était placé près de la Grande place au milieu de laquelle était le fatal poteau que les flammes entouraient déjà.

Je dirigeai mes regards vers la victime… Un nuage passa rapide sur mes yeux, le sang me reflua aux tempes : grand Dieu ! qu’avais-je vu ? Lewis. — Lewis, l’ami de mes regrets et de mes souvenirs, Lewis allait mourir d’une mort atroce.

Je saisis mon tomahawk, sautai à bas de mon cheval et m’élançai vers le poteau, heurtant et renversant tout ce qui s’opposait à mon passage. Jetant de côté les broussailles enflammées, d’un coup de couteau je tranchai les liens qui attachaient Lewis, et m’emparant d’une hache qui était à terre, je la lui donnai, puis jetant un regard de défi à la foule stupéfaite : « Misérables, m’écriai-je, celui-ci est mon frère ; si vous voulez sa vie, il faudra d’abord prendre la mienne. »

Mon action avait été si soudaine, si imprévue, que personne n’avait pu s’opposer à mon dessein, et nous étions prêts à nous défendre d’une manière désespérée avant qu’un seul guerrier eût pu s’approcher de nous.

Les Aricaras savaient que je ne reculais devant