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chap. xviii. — combat.

une fureur dont je ne me croyais pas capable, et prenant à dos les Sioux qui entouraient le Grand Aigle, je fis si bien manœuvrer l’arme terrible qu’il m’avait donnée que j’abattis deux des plus acharnés de nos ennemis.

Notre chef était dégagé, mais j’étais tombé dans un péril plus grand : j’étais à peine maître de mon cheval et je cherchais à le maintenir tout en me défendant, quand un Sioux, blessé et étendu à terre, porta à la pauvre bête un si violent coup de couteau dans le ventre, qu’elle s’affaissa sur les quatre pieds, écrasa en tombant le féroce sauvage qui l’avait blessée et me jeta par terre.

J’étais perdu et dix haches et couteaux levés sur ma tête allaient me donner la mort, quand un cri terrible retentit à côté de moi et je vis un tomahawk décrire un cercle rapide et écarter les armes qui me menaçaient. C’était le Grand Aigle, qui m’avait vu tomber et qui venait, prompt comme l’éclair, payer la dette de la reconnaissance.

Suivi de ses fidèles guerriers, il terrassait tout ce qui osait lui résister ; aussi en peu d’instants j’étais dégagé et je pus me relever sans avoir reçu de blessures, mais j’étais souillé par le sang qui couvrait la terre.