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CHAPITRE XVII

chasse aux bisons. — les antilopes. — panique.



Un soir le Grand Aigle me demanda si je voulais assister à une chasse au bison ; je répondis avec empressement que j’étais prêt à le suivre partout, et nous partîmes le lendemain à la pointe du jour.

Nous marchions déjà depuis longtemps et je m’aperçus que nous nous enfoncions de plus en plus dans une région sauvage. Là, l’œil ne rencontre que d’immenses prairies animées par d’innombrables troupeaux de buffles.

Nous voyions quelquefois de loin ces animaux qui les traversaient silencieusement ressemblant à une longue procession.

D’autres fois ils étaient réunis en groupes au milieu d’une vaste plaine émaillée de fleurs ou sur le penchant des collines verdoyantes. Quelques-uns paissaient dans ces riches pâturages, d’autres étaient mollement couchés et disparaissaient presque dans les hautes herbes.

Nous atteignîmes un des bords de la rivière qui semblait être entièrement couvert par ces animaux.

Les Indiens mirent les canots à l’eau, et tandis qu’un grand nombre de bisons essayaient de traverser le fleuve, ils en tuèrent plusieurs.

En continuant leur chasse, les Aricanas arrivèrent dans une petite île où les buffles avaient abordé. Quelques-uns se reposaient à l’ombre des arbres, d’autres se baignaient et se roulaient dans la vase pour se rafraîchir et se débarrasser des piqûres des insectes.

Plusieurs des meilleurs chasseurs entrèrent dans une large barque, et profitèrent d’une bonne brise pour remonter le courant très doucement et sans aucun bruit. Les bisons restèrent tranquillement sur la rive ; ils étaient ignorants du danger qui les menaçait. Les plus gras du troupeau furent entourés par les chasseurs, qui, ayant tous tiré en même temps, en tuèrent une grande quantité.

Parmi ces animaux nous vîmes beaucoup de daims, des troupes d’élans et de charmantes antilopes ; c’est le plus gracieux et le plus admirable animal des prairies.

Dans ces régions, il existe deux espèces d’antilopes. L’une est de la taille du daim, l’autre n’est pas beaucoup plus grosse que la chèvre. Leur couleur est gris clair ou plutôt fauve, rayé de blanc. Elles ont de petites cornes comme le daim, mais qui ne tombent jamais.

Rien ne peut surpasser l’élégance et la délicatesse de leurs membres dans lesquels la légèreté, l’élasticité et la force sont combinées d’une manière remarquable. Tous les mouvements de ce superbe animal sont souples et gracieux. Elles sont fantastiques et timides, vivent dans les plaines et prennent très-vite l’alarme ; alors elles fuient avec une telle rapidité, que toute poursuite devient impossible.

En automne lorsqu’elles effleurent légèrement les prairies, leur couleur grise ou fauve se mêle à celles des herbes brûlées ou fanées, et l’on croirait voir des formes aériennes glisser poussées par le vent.

Lorsqu’elles sont dans les plaines et qu’elles peuvent déployer toute leur vitesse elles sont sauvées ; mais les antilopes ont une curiosité qui souvent les conduit à leur perte.

Lorsqu’elles ont fui à une certaine distance et laissé le chasseur loin derrière elles, elles s’arrêtent subitement et se retournent en jetant un coup d’œil sur l’objet de leur frayeur ; si le chasseur ne