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chap. i — l’adoption.

Cette vaste plaine présentait un spectacle affreux ; les morts et les mourants couvraient le sol, et de tous côtés les flammes consumaient les villages et les fermes qui, la veille encore, offraient l’image du calme et du bonheur.

L’action la plus vive avait eu lieu près d’Holstedt : ce village pris et repris plusieurs fois n’était plus qu’un monceau de ruines fumantes que traversaient en courant les malheureux soldats prussiens poursuivis par la cavalerie de Murat.

Un officier, atteint de blessures graves, après avoir lutté avec courage, abandonné des siens, s’était vu obligé de chercher un refuge près d’une masure à moitié démolie par les boulets et les obus.

Il avait servi longtemps avec distinction et vivait tranquillement dans une petite maison qui lui appartenait, quand il apprit la reprise des hostilités. Il vint aussitôt mettre son épée au service de son pays, et s’il n’avait pas trouvé la mort sur le champ de bataille d’Iéna, ce n’était pas faute d’avoir exposé ses jours.

Berchtold, c’était son nom, venait de s’asseoir sur les décombres qui l’entouraient quand il entendit non loin de lui les faibles vagissements d’un enfant.