Page:Faucon - Le petit trappeur, 1875.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
chap. xv. — arrivée dans la tribu

Le dîner était prêt et nous commençâmes à manger ; nous en avions besoin tous les deux.

L’Indien but et mangea en silence, et je remarquai que ses forces semblaient revenir. Cependant il ne put se lever et fut obligé de rester à la place où il était ; sa faiblesse était encore trop grande.

Je lui dis alors en peu de mots, sans parler de mon aventure avec les Pieds-Noirs, car je ne savais pas à qui j’avais affaire, comment j’étais arrivé assez à temps pour le sauver au moment où il allait être mis en morceaux par le bison.

Je me servais d’un dialecte assez commun dans les prairies et qui consiste en un mélange d’anglais, de français et de mots tirés de la langue des différentes tribus : ce langage sert surtout aux trappeurs dans leurs longues courses aventureuses, et je l’avais facilement appris en vivant près de Lewis.

Il me comprit très-bien, écouta attentivement tout ce que je lui dis, et prenant ma main dans une des siennes en me posant la paume de l’autre sur la tête, il me dit ces quelques mots :

« C’est bien, mon frère pâle est bon, il sera mon ami. »

Et me faisant un geste plein de grâce et de dignité, il s’étendit à terre et s’endormit.